La République de Djibouti et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont paraphé ensemble le jeudi 25 septembre passé les documents relatifs à un accord de partenariat pour la mise en œuvre du projet SURAGGWA, premier jalon de la Grande Muraille Verte mis en œuvre sous nos cieux. Avec un financement de 10 millions de dollars du Fonds Vert Climat, cette initiative de l’Union Africaine vise non seulement à restaurer les terres mais à revitaliser les économies locales et renforcer également la cohésion sociale.

Pour faire face à la désertification et à la dégradation des terres dans le Sahel, l’Union africaine a lancé en 2007 un projet ambitieux visant à mettre en place une vaste bande de végétation longue de mille kilomètres, reliant Dakar (Sénégal) à Djibouti. Intitulée « Grande Muraille Verte », l’initiative vise non seulement à restaurer les écosystèmes dégradés mais créer également de nouvelles opportunités économiques pour les populations locales des pays concernés.

En vue de réaliser cette ambition panafricaine, le ministre de l’environnement et du développement durable, M. Mohamed Abdoulkader Moussa Helem et le représentant à Djibouti du FAO, M. Kwami Dzifanu Nyarko-Badohu, ont procédé jeudi dernier, à la signature des documents relatifs à la mise en œuvre à Djibouti, le projet SURAGGWA de son acronyme en anglais Scaling-Up Resilience in Africa’s Great Green Wall où Renforcement de la résilience dans la Grande Muraille Verte d’Afrique.

La cérémonie de signature de ce document d’importance capitale pour les perspectives environnementales de notre pays, notamment dans le cadre de son programme de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, s’est tenue au ministère de l’environnement et du développement durable, en présence du secrétaire général de ce département, M. Dini Abdallah Omar et des cadres du bureau local du FAO.

Rappelons que le projet SURAGGWA s’inscrit dans un programme régional de grande ampleur qui concerne huit pays de l’Initiative de la Grande Muraille Verte (IGMV) à savoir le Burkina Faso, le Tchad, Djibouti, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et le Sénégal.

Avec une enveloppe de dix millions de dollars allouée par le Fonds Vert Climat, la République de Djibouti est appelée dans le cadre du SURAGGWA à transformer durablement ses paysages arides et à offrir de nouvelles perspectives économiques et sociales aux habitants du milieu rural.

Dans son intervention, le représentant de la FAO à Djibouti, M. Kwami Dzifanu Nyarko-Badohu, a souligné que le projet SURAGGWA, inscrit dans le cadre de la Grande Muraille Verte, illustre la solide collaboration entre son organisation et le ministère djiboutien de l’Environnement et du Développement durable. « Ce programme régional, qui couvre huit pays africains dont Djibouti, vise avant tout à restaurer les terres dégradées et abandonnées sous l’effet de la sécheresse, grâce à la plantation d’espèces locales adaptées et à l’utilisation de techniques agricoles innovantes » a-t-il indiqué avant de préciser que l’enveloppe de 10 millions de dollars allouée au projet permettra de valoriser les chaînes de valeur des produits forestiers – tels que le palmier dattier ou le jujubier– et de renforcer les capacités des institutions nationales ainsi que celles des associations locales. Selon ce haut responsable onusien, le SURAGGWA s’articule autour de trois piliers essentiels : restaurer les terres, nourrir les populations et assurer la durabilité des actions engagées.

Pour répondre, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mohamed Abdoulkader Moussa Helem a dans son allocution, fait part à son hôte que « la République de Djibouti est engagée depuis 2011 dans l’initiative panafricaine de la Grande Muraille Verte ». Il a exprimé sa gratitude envers la FAO et les partenaires internationaux pour la confiance accordée. Le ministre Mohamed Abdoulkader a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la coopération régionale et de la solidarité africaine pour bâtir une Afrique plus verte, durable et résiliente.

« Je souhaite souligner avec fierté que ce projet SURAGGWA, le tout premier de l’initiative de la Grande Muraille Verte, sera mis en œuvre par le ministère de l’Environnement sur les sols djiboutiens » a-t-il déclaré.

« Il s’agit d’une étape historique qui ouvre la voie à une action structurée et concrète en faveur de la restauration de nos terres et de la lutte contre le changement climatique » a précisé le ministre de l’environnement et du Développement Durable Mohamed Abdoulkader Moussa.

Il est à noter que, pour redonner vie aux terres fragilisées par des décennies de sécheresses et de surexploitation, le projet SURAGGWA prévoit la plantation d’espèces locales adaptées aux conditions climatiques djiboutiennes.

Il intègre également des techniques innovantes de gestion de l’eau, telles que les demi-lunes, les zaï ou encore les digues filtrantes. Dans les zones rurales, des pépinières communautaires verront le jour, offrant aux habitants l’opportunité de reverdir leur environnement.

Des formations spécifiques accorderont une attention particulière aux femmes et aux jeunes, souvent les plus touchés par les effets du changement climatique. Au-delà de la restauration écologique, le projet ambitionne de transformer les ressources naturelles – comme le miel, les dattes ou les fruits du jujubier – en véritables opportunités économiques. L’accès à un financement adapté et l’ouverture vers de nouveaux marchés permettront aux producteurs locaux de dépasser une économie de subsistance pour s’orienter vers une économie verte, plus compétitive et inclusive.

Cette dynamique offrira aux jeunes et aux femmes de nouvelles perspectives d’emplois durables dans le secteur des métiers verts.

Pour garantir le suivi et la pérennisation des efforts, le SURAGGWA prévoit, selon ses concepteurs, la mise en place de systèmes de surveillance appuyés par des outils numériques de collecte de données. Ceux-ci permettront aux autorités nationales et locales de disposer d’indicateurs fiables pour mesurer l’évolution des terres restaurées, ajuster les stratégies et mieux coordonner les actions.

Des plans nationaux de coordination seront également élaborés afin d’assurer une cohérence dans la mise en œuvre, renforçant ainsi l’efficacité et la durabilité du projet.

En tout cas, à travers le SURAGGWA, il s’agit pour le ministère de l’environnement et du développement durable et la représentation de la FAO à Djibouti, d’améliorer la sécurité alimentaire des communautés rurales longtemps confrontées aux aléas climatiques, de renforcer leur résilience face aux chocs climatiques, et de créer des emplois verts qui redessineront l’économie locale.

RACHID BAYLEH