Jadis, la grand-mère vivait au sein de la cellule familiale où elle était éminemment respectée. En effet, elle occupait à juste titre la place privilégiée de doyenne et créait l’harmonie et le bonheur de toute la famille. Pour le père, elle était l’ange gardien du foyer et, pour la mère, elle était une conseillère hors-pair et une aide inestimable pour élever et éduquer la progéniture. Quand aux enfants, la grand-mère était le  soleil qui illuminait de ses rayons bienfaisant le monde de l’enfance.

Elle était à la fois un pédiatre qui soignait à l’aide de plantes médicinales presque toutes les maladies infantiles, un abri derrière lequel on se refugiait contre les colères parentales après une bêtise, un amour et une affection débordante et un puits de sagesse et de savoir dans lequel ou s’abreuvait à satiété. Elle était la gardienne des traditions et des valeurs de la lignée parentale. Les soins de la grossesse et l’art de l’accouchement rentrait également  dans ces compétences.

En bonne préceptrice,  grand-mère était aussi une psychopédagogue qui façonnait et enrichissait la mémoire et le cerveau de l’enfant. Ainsi, elle berçait notre enfance de contes et légendes pour nous emporter dans le monde merveilleux des songes dans le but de stimuler et d’éveiller notre imagination. Ainsi, nos nuits étaient  peuplés des personnages de ces contes.

Par ailleurs, elle nous faisait passer plusieurs batteries  de tests phonétiques rythmé sous forme de jeux plaisant pour enrichir  et  consolider la langue maternelle et combattre le bégaiement ou le zozotement « Abtigay dixdii hoos weyne, kol iwad  ko is wad » ou « shimbiri dhan cas hoyaday dhar cas »…

Comment oublier le Googa, ce jeux de devinette que grand-mère nous titillait les méninges afin de nous ouvrir l’esprit pour chercher des réponses et résoudre les énigmes. Malheureusement aujourd’hui, la télévision et l’internet ont supplanté la place et le rôle de grand-mère, cette personne de légende aux multiples ressources de bien-être social et familial. Elle se retrouve aujourd’hui  confiner  au rôle de gardiennage  donc  il n’est pas étonnant de constater de nos jours que nos enfants maitrisent mal leur langue maternelle ou qu’ils soient sujet aux bégaiements. Ce n’est que les revers de la médaille de la technologie ainsi que celui de notre passivité et laxisme en tant que parent, pour n’avoir pas pu sauvegarder la place de ce merveilleux personnage  qui marqué  notre enfance de ses mains d or.

A l occasion passons un dou’a à la mémoire de tous nos grand-mères « Reposez en paix parmi les bienheureux du paradis » Amiin.

ALI NOUR DJAMA