Le 17 Janvier 2022, les Garde-Côtes ont célébré le 11ème Anniversaire de leur création. Onze années durant lesquelles, ils ont bougé des montagnes, franchi haut la main, tous les obstacles et réussi à faire briller cette étoile que nous admirons tous aujourd’hui. Dans ce dossier spécial, nous allons essayer de retracer ce glorieux parcours pour mieux connaître et apprécier cet ange gardien de littoral djiboutien et de son espace maritime.

L’histoire de ce corps spécial, né de la volonté et du patriotisme d’un grand homme d’État, est toute récente et énorme à la fois. Après avoir pris forme par décret présidentiel le 9 Février 2009, sa gestation dans le ventre de la Gendarmerie Nationale dura à peine dix mois puisque le beau bébé, que nous connaissons aujourd’hui, vînt réellement dans ce monde le 2 Décembre 2010. Et si l’appellation « Garde-côtes » fut maintenue, le corps devînt indépendant et son Ministère de Tutelle devînt désormais celui du Transport. Héritant tout de la Gendarmerie Maritime. C’est-à-dire, pas grand-chose. Mais ce nouveau corps va grandir, s’affirmer et imposer tous ses attributs sans complexe. Il va s’affranchir petit à petit et se forger une base logistique digne pour assoir son identité avec panache et améliorer sa force. Car, encore une fois, tout est à faire. En effet, si ses missions étaient limpides comme l’eau claire, les moyens humains et matériels en sa disposition n’étaient pas à la hauteur des ambitions du Chef de l’État. Donc, après la procédure de création du nouveau corps, il a fallu tout d’abord, lui trouver non seulement un meneur d’homme ; mais, également un bâtisseur capable de mettre en pratique et d’exécuter la vision du Président de la République. Cet homme providentiel fut trouvé en la personne du Commandant Wais Omar Bogoreh. Transféré seul de la Marine Nationale. Ni ceux qui l’ont proposé, ni le Président qui l’a nommé ne se sont trompés dans ce choix. L’avenir leur donna très vite raison. L’ancien Commandant de la Gendarmerie Maritime, fut également nommé, par le même décret, Adjoint au nouveau Commandant des Garde-côtes. Ces deux officiers vont se lancer dans cette aventure avec très peu de moyens mais armés de solides convictions. A leur disposition, un effectif de 80 personnes composé d’hommes et de femmes, une dotation navale composée de deux vedettes rapides de 10 et 12 mètres de long, équipées chacune de deux moteurs hors-bord d’une puissance totale de 600 chevaux, et d’une embarcation légère dotée d’un moteurs hors-bord de 40 chevaux. C’est tout.

Compte tenu de sa position stratégique exceptionnelle, qui lui offre un contrôle direct sur la rive sud du détroit de Bab-El-Mendab, la République de Djibouti était dans l’obligation de mettre sur pied un corps capable d’assurer efficacement la surveillance de l’espace maritime du pays.  Poumon du développement économique et social de Djibouti, principal débouché des pays enclavés de la région, la sécurité de cet espace reste à jamais, primordiale.

Il a été donc impératif pour le Gouvernement Djiboutien de se donner les moyens de sa surveillance maritime et de tout mettre en œuvre pour permettre à ce nouveau corps de remplir toutes ses missions de façon efficace et professionnelle. Mais avant, il a fallu l’installer correctement.

La marche en avant

Le premier site propre au Garde-côtes fut construit au Port de Pêche et va abriter dans un laps de temps la Direction Générale, l’embryon des services administratifs et logistiques ainsi que les moyens navals. Au cours des quatre premières années, les Garde-côtes Djiboutiens vont recevoir des pays partenaires, pas moins de neuf patrouilleurs d’intervention rapide et deux patrouilleurs de 20 mètres chacun permettant d’assurer des missions de longue durée en mer. Quant-à l’État, il contribuât également au renforcement des capacités du corps en affectant non seulement un patrouilleur et un remorqueur ; mais aussi, en finançant l’achat d’une dizaine d’embarcations légères.

Désormais, le nouveau corps peut se targuer d’avoir les moyens de remplir ses missions dont les plus importantes sont la lutte contre les activités illégales en mer ; la prévention des menaces de la piraterie maritime ; la protection des infrastructures et des complexes portuaires ; l’assistance et les secours en mer ; et enfin, la surveillance et la protection de l’environnement marin.  Grâce à une volonté politique et un commandement dynamique, le processus de développement du corps va être, dès lors, fulgurant.

Des capacités de bâtisseurs hors du commun

En 2013, pour compenser le camp, qu’ils avaient exploité durant deux années et, qui avait servi de centre de formation pour les 50 premières recrus, le Gouvernement avait attribué au Garde-côtes, un terrain vague en bordure de mer situé à Doralé, non loin du Terminal Pétrolier Horizon. La zone affectée, au relief totalement accidenté et chaotique, était difficilement accessible et compliquait terriblement les travaux d’aménagement. Loin de se décourager, le commandement va se lancer dans une entreprise titanesque pour viabiliser le terrain dans un premier temps et entamer la construction d’un véritable camp qui n’a pas d’équivalent dans le pays. Au-delà des bâtiments destinés à l’administration, à l’instruction et aux locaux techniques, le Camp de Doraleh abrite depuis sa création d’importantes structures d’hébergement et de restauration dont la capacité reste supérieure à deux cents personnes. Mais  également, un service technique chargé de la gestion et de la maintenance d’un parc automobile qui augmente de dimension au fil des années et qui s’avère de plus en plus indispensable pour assurer les activités de transport du personnel, les opérations d’extraction et de mise à l’eau des moyens navals, le ravitaillement du carburant, de l’eau potable etc…

Pour que ce service technique puisse remplir convenablement toutes ses missions, le commandement a mis à sa disposition un garage doté d’équipements et de matériels modernes et performants choisis pour faciliter les travaux mécaniques et la maintenance des véhicules.

Un magasin de pièces détachées et de consommables, une station de services à grande capacité de stockage, pour la distribution de carburant, avec son aire de lavage. Sans oublier la cellule « Logistique » et le département « Casernement » chargé des travaux de construction, d’entretien des bâtiments et des espaces verts. Tout autour des bâtisses et des infrastructures d’accès, la végétation reste luxuriante et la verdure est à couper le souffle. La plage privé, aménagée en bordure de mer pour les familles, est également une idée autant géniale qu’unique. Juste à côté, une pisciculture   attire l’attention. En effet, un petit bassin, assez profond et alimenté par la marée, a été construit sur cette même plage pour expérimenter un élevage de poisson. Et, de l’avis des responsables, son rendement est étonnant.

Comme sa maquette le démontre, le projet de construction du camp de Doraleh est planifié pour évoluer architecturalement, année après année, en fonction des besoins et des moyens. Outre les infrastructures techniques réalisées pour son développement, le camp possèdera également une fois terminé, un joyau touristique qui n’aura rien à envier aux plus beaux sites de vacance, de loisirs et de plaisance. Les Garde-côtes assurent aujourd’hui dans ce camp, parallèlement au centre de Khor Ambado construit en 2017, les formations de base des jeunes recrus ainsi que toutes les spécialités nécessaires à ce merveilleux métier de Garde-côte. Pour servir de simulateur et permettre aux agents de s’entrainer efficacement dans la lutte contre la piraterie maritime, des containers ont été transformés en bateau, taille réelle, et aménagés pour faciliter les exercices d’intervention et de lutte contre la piraterie.

Les Garde-côtes ont également créé un service de santé destiné aux agents et à leurs familles pour la prise en charge médicale de base. Ce service, qui n’était qu’une petite infirmerie ouverte, en 2012, au Port de Pêche, s’est transformé à l’image du corps pour devenir le centre médical que nous connaissons aujourd’hui et qui a été bâti sur le rond-point « Cosmezz ». C’est-à-dire, là où l’on attendait le moins. A ce jour, le centre compte dans ses services pas moins de 5 médecins généralistes, d’un dentiste, d’un pédiatre, d’un pharmacien, de 5 laborantins. Sans oublier les 45 aide-soignant(e)s qui furent, dans leur totalité, formés au camp de Doraleh. Le centre intervient également dans les opérations d’assistance en mer en faveur des personnes en détresse. Par ailleurs, les Garde-côtes assurent des missions d’évacuation sanitaire à partir des Chefs-lieux des deux régions du nord vers la Capitale. Toujours dans sa lancée entrepreneuriale, le Commandant des Garde-côtes, le Colonel Wais, a engagé des travaux de construction qualifiés d’impossibles à l’époque. Le site, choisit sur la rive droite de la jetée de l’escale, n’offrait pas de terrain bâtissable. Il a fallu donc le gagner…sur la mer, avec le volume de remblaie nécessaire que vous pouvez imaginer.

Pour réaliser et réussir un tel projet, le commandement a fait preuve d’un immense courage poussé par une volonté et abnégation hors du commun.  Ainsi virent le jour, comme par magie, les locaux de la Direction Générale et ses annexes, destinées aux services administratifs et financiers. Sans oublier, ceux du département « Recherche et Sauvetage».

Missions

Le département « Recherche et Sauvetage», qui est très actif, possède une unité d’intervention opérationnelle 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Elle est formée, équipée et entrainée pour assurer les opérations d’assistance et de sauvetage en mer en faveur des innombrables pêcheurs et des plaisanciers de toutes origines. Existe également dans ce même département, une unité de plongée sous-marine capable d’intervenir et d’assurer des missions exceptionnelles.                 Le ferry-boat, qui exploite les lignes Djibouti-Tadjourah et Djibouti-Obock, bénéficie lui aussi d’un service de sécurité permanent déployé par ce département « Recherche et Sauvetage ». Durant l’embarquement et le débarquement des personnes et des biens ; mais aussi, en affectant à toutes les navettes du ferry-boat, des agents bien entrainés et très compétents. 

Le Port de Pêche n’est pas déserté pour autant. Il abrite la « Direction des Opérations ». S’il est exact que la « Direction Générale » est le centre névralgique du corps, cette « Direction des Opération » n’est pas moins son poumon. Un poumon qui regroupe la « Brigade de Recherche, d’Investigation et des Affaires Juridiques » chargée de mener toutes les formes d’enquêtes ; le « Service Technique Naval » qui assume les responsabilités de réparation, de maintenance et d’entretien de tous les moyens navals et enfin, le « Centre de Communication et de Transmission » qui assure le bon fonctionnement des liaisons du réseau et une veille permanente plus que nécessaire pour obtenir une excellente performance d’écoute. 

Cerise sur le gâteau : la création, en 2018, par décret présidentiel, d’une unité spéciale dénommée « Groupe d’Intervention Rapide des Garde-Côtes ». La prolifération des prises d’otage à bord des navires, de la piraterie et du terrorisme maritime a motivé le Gouvernement de la République de Djibouti à disposer d’une force opérationnelle capable de faire face aux menaces spécifiques et d’assurer des missions d’escorte en faveur des autorités civiles et militaires lors de leurs éventuelles déplacements en mer.

Basée au Camp de Doraleh, les membres de cette unité ont été triés sur le volet, sévèrement sélectionnés et choisis pour leur aptitude physique, morale et intellectuelle. Afin de faire face, non seulement aux rugueuses conditions d’entrainement physique indispensables pour une force spéciale ; mais également, être en mesure de suivre le programme de formation très poussé et difficile, dispensé au cours de la formation. Car, les agents, une fois formés, doivent être capable de  maîtriser parfaitement les techniques d’interpellation et d’arrestation, l’abordage en mer, la plongée sous-marine ainsi que la défense rapprochée et les combats de corps à corps. Cette unité spéciale est aujourd’hui très active et donne entière satisfaction. Son niveau intellectuel et physique lui permet de suivre des formations continues et de s’entrainer avec les forces des pays amis comme les USA, la Chine, la France et le Japon. 

Son côté social

Au-delà des missions qui leur sont dévolues, les Garde-côtes Djiboutiens restent socialement très actifs. A l’image des pluies diluviennes qui s’étaient abattues l’année dernière sur l’ensemble du territoire nationale. En effet, au cours de ces violentes intempéries, ce jeune corps s’est illustré dans toutes les activités d’assistance et de secours entreprises dans le cadre du plan Orsec. En réussissant par exemple, à sauver une dizaine de personnes emportées par l’Oued d’Ambouli et en remontant quatre corps bloqués dans la boue, appartenant à des personnes portées disparues. Ou en mettant à la disposition des populations de la Commune de Balbala, bloquées par les crues de l’Oued, des moyens de transport mieux adaptés à circuler sur des chaussées inondées. Tout en assurant également des opérations de secours et de soutien sanitaires et médicales à l’ensemble des quartiers du 3ème Arrondissement.

Si les Garde-côtes affichent un peu plus de dix années d’existence, leurs palmarès reste éloquent.

Compte tenu de sa trajectoire et de sa belle réussite ; compte tenu de la qualité et du poids de son histoire ; compte tenu de l’enthousiasme de son commandement et de l’ensemble des hommes et des femmes qui le composent ; compte tenu de sa créativité et le niveau de ses ambitions ; compte tenu de son énergie et de son assurance ; ce jeune corps fait déjà des envieux et fait rêver.