Après Tanger au Maroc en 2019, la seconde édition du  Forum Africain des Ports a débuté hier matin à l’hôtel Kempinski. Présidée par le premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, la cérémonie inaugurale du FAP 2020 a réuni dans la salle NAKHEEL à Kempinski, plusieurs membres du gouvernement djiboutien dont le ministre de l’habitat et des transports, Moussa Mohamed Ahmed et son homologue éthiopien, Awwal Wagris Mohammed, le président du forum, le marocain Hassan M. Alaoui, le président de Tanger Med, Fouad Brini, le président de l’autorité des ports et des zones franches de Djibouti, Aboubaker Omar Hadi, des diplomates des pays amis et des représentants des organisations onusiennes.  

«Les ports Africains à l’ère des alliances» tel est le thème de l’édition 2020 du Forum Africain des ports qui s’est ouvert hier matin à l’hôtel Kempinski. La tenue à Djibouti de cette conférence d’importance capitale quant au renforcement de la coopération entre les ports des pays africains, n’est pas anodine. En effet, outre son positionnement stratégique, sis sur l’une des routes maritimes les plus fréquentés au monde, la république de Djibouti a mis en place des infrastructures portuaires modernes qui lui permettent de profiter pleinement de sa situation.

Organisée en partenariat avec «TangerMed S.A», «Djibouti Ports and Free Zones Authority», «SSATP» et «Proparco», la cérémonie inaugurale du FAP 2020, a réuni dans la salle Nakheel de l’hôtel Kempinski, le premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, plusieurs membres du gouvernement djiboutien dont le ministre de l’équipement et des transports Moussa Mohamed Ahmed et son homologue éthiopien, Awwal Wagris Mohammed, le président du forum, le marocain Hassan M. Alaoui, le président de Tanger Med, Fouad Brini, le président de l’autorité des ports et des zones franches de Djibouti, Aboubaker Omar Hadi, des diplomates des pays amis et des représentants des organisations onusiennes ainsi que des nombreuses délégations issues des ports des pays du Nord, de l’Ouest et de l’Est du continent Africain.

A noter que cette conférence hybride a vu la  participation par visioconférence des membres du gouvernement de pays africains ainsi que plusieurs autres personnalités de ports du continent.

Dans son discours lors de cette cérémonie, le premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed a souligné l’importance des technologies qui selon lui ont permis de rapprocher les gens en cette période de la COVID-19.

Le premier ministre, Abdoulkader Kamil a mis l’accent sur le choix de notre pays quant à l’organisation de cette deuxième édition du FAP qui a-t-il dit «incarne de par son positionnement dans les routes maritimes mondiales un rôle central dans le commerce interafricain et international».

«Ce forum  intervient quelques mois après le lancement officiel du mégaprojet portuaire de DAMERJOG, après la mise en service des ports de DORALEH, de TADJOURAH et de GHOUBET ainsi que la zone franche internationale du PK23» a ajouté le chef de la primature.

M. Abdoulkader Kamil Mohamed a indiqué que d’énormes investissements ont été mobilisés pour renforcer notre rôle de carrefour régional. Il a fait part par la suite aux centaines de conférenciers venus des pays d’Afrique participant à ce Forum que des séries de mesures ont été prises pour améliorer le climat des affaires et le maintenir à un niveau honorable de 7 % de croissance économique par an.

Pour le ministre de l’équipement et des transports, Moussa Mohamed Ahmed, il s’agit de trouver le meilleur moyen de capitaliser sur les opportunités que notre continent offre aux investisseurs, notamment dans le domaine de la chaîne du transport dans son intégralité. Quant au président de l’autorité des ports et des zones Franches de Djibouti, Aboubaker Omar Hadi, «Le Forum des ports africains 2020 vise à tirer parti de ce succès et à fournir une plate-forme à toutes les parties prenantes du secteur portuaire africain pour partager leur expertise et discuter des moyens d’améliorer la gouvernance, la compétitivité, la connectivité et la numérisation. Cet événement hybride rassemble plus de 350 personnes de près de 25 pays, dont 105 en personne et plus de 250 participants virtuellement. Je suis heureux d’accueillir de nombreuses personnalités importantes de l’industrie, dont quatre ministres, une douzaine d’administrations portuaires et plus de trente chefs d’entreprise.»

Les autres intervenants à savoir le ministre éthiopien du transport, Awwal Wagris Mohammed le président du Forum Hassan M. Alaoui et le président de Tanger Med, Fouad Brini, ont tenu des propos similaires. Bref si le FAP 2019 a permis l’adoption de plusieurs résolutions importantes liées aux grandes orientations politiques des stratégies portuaires en Afrique, aux pré-requis du succès de la concession des terminaux à conteneurs ou encore l’émergence de ports nouvelles générations, l’édition 2020 de cette plateforme de débats qui accompagne les ports africains dans leur développement, est organisée dans un contexte particulier marqué par la crise causé par la pandémie COVID-19.

En effet, la chute des échanges commerciaux et la perturbation du trafic maritime suite à la crise COVID-19 ont eu un impact considérable sur l’activité portuaire africaine. La résilience de ces ports est plus que jamais requise pour absorber le choc et rebondir sur de bonnes bases.

Cette première journée les discussions entre les participants ont permis d’analyser l’impact de la Crise COVID-19 sur l’activité maritime et les Ports Africains, de tirer les meilleurs scénarios pour sortir de la crise de définir le rôle des plan de continuité des activités et ceux des PPP dans le modèle évolutif.

Rachid Bayleh

Ils ont dit…

Abdoulkader Kamil  Mohamed

Premier ministre de Djibouti

«C’est l’heure des alliances pour les ports africains dont nous nous réjouissons et encourageons énergiquement»

«Notre pays se sent donc naturellement gratifié par la tenue de cette seconde édition du  FAP qui voit la participation active d’un grand nombre d’experts portuaires de plusieurs nationalités et autres entrepreneurs de haut niveau dont le dénominateur commun est de s’entendre sur comment développer des approches pour améliorer la compétitivité et la performance de nos ports. Cela passe forcement à travers une mise en commun de nos expertises et par une coopération portuaire privilégiée entre les pays africains en vue de développer des stratégies propres à  nos spécificités et nos intérêts. Le précèdent FAP tenu à Tanger en juillet 2019 qui fut un francs succès a certainement marqué un tournant important dans les réflexions menées pour doter notre continent de ports à la hauteur des ambitions de nos états. Ces profondes réflexions ont  permis entre autre de mettre en exergue l’évolution historique des concessions portuaires et les échecs qui ont marqué les années 90 et 2000. Cette période sur laquelle nous avons tirés des enseignements forts intéressants s’était illustrée par un déséquilibre de partenariat mettant en face des pays émergeants dont l’économie n’est pas encore très consolidée d’une part et des partenaires imposants leurs conditions drastiques d’autre part. En conséquence, plusieurs pays africains dont la République de Djibouti ont beaucoup soufferts des concessions désastreuses nées de ce rapport de force. Pour notre pays cet épisode appartient désormais à une époque révolue et nous sommes résolument tournés vers l’avenir.

C’est la vision de notre Président de la république qui est intimement convaincu que le décollage économique de nos pays ne peut se réaliser sans une infrastructure portuaire moderne, compétitive et performante qui lui permet de se connecter aux centres névralgiques du commerce mondial. C’est l’heure des alliances pour les ports africains dont nous nous réjouissons et encourageons énergiquement. Il est reconnu que le transport maritime représente actuellement 80% des échanges mondiaux de marchandises, les ports maritimes constituent donc les principaux nœuds d’échanges mondiaux. Nos ports plus performants doivent incessamment se réorganiser, se remodeler pour se tourner vers une conquête plus agressive et tendant à capter davantage de trafics à leurs profits.

C’est désormais l’état d’esprit qui doit animer nos dirigeants portuaires. Avant de conclure mon intervention, je voudrais adresser mes chaleureuses félicitations aux organisateurs de ce FAP 2020 et je souhaite à tous les participants un bon séjour à Djibouti et des fructueux échanges qui donnerons corps à des résolutions pertinentes à l’issue de ces deux jours de débats»

Moussa Mohamed Ahmed

Ministre de l’équipement et des Transports

«Toutes les décisions prises pour développer le secteur portuaire sont à mettre au crédit du Président de la République, M. Ismail Omar Guelleh»

«Qu’il me soit utile de rappeler qu’en ce troisième millénaire, l’Afrique accuse du retard dans bon nombres de secteurs, porteur en termes de développement. Cependant, le secteur portuaire africain a bénéficié de dizaines de milliards de dollars d’investissements en moins de deux décennies augmentant ainsi ses trafics maritimes de plus de 7% et avec des volumes d’échanges quadruplés durant cette même période. Ceci est traduit par une vision politique des gouvernants qui ont senti que le développement de tous secteurs dépend du soutien apporté par leurs gouvernements. Elle est traduite à Djibouti par la vision d’un homme, qui, dès le départ voyait grand pour son pays. Toutes les décisions prises pour développer le secteur portuaire et de toutes les activités qui gravitent autour de ce dernier, et non sans effort sont à mettre au crédit du Président de la République, M. Ismail Omar Guelleh. Les dures années de labeur ont été suivies par un succès retentissant ayant permis le développement des ports, de son industrie et de toutes les entreprises qui profitent de ce secteur en plein essor. Les projets en cours reflètent la bonne santé et la confiance dans le système portuaire mis en place. Nous avons investi massivement dans les infrastructures et avons fait du développement de nos plateformes logistiques, une priorité. Additionné à cela, notre ambition  de devenir un Hub maritime international, fournissant tous les services liés à la logistique et au transport, du déchargement au soutage, à la réparation des navires et au changement d’équipage. En suivant cette stratégie, nous continuons à développer nos ports ainsi que le transport ferroviaire et routier.  Nous avons également procédé à d’importantes réformes afin d’améliorer le climat des affaires, le rendre plus efficace et plus facile à appréhender pour tous les investisseurs. Le chemin à parcourir est certes encore long pour l’Afrique, parfois parsemées d’embûches afin qu’elle se hisse à la place qu’elle se doit d’occuper sur la scène internationale. Mais les engagements pris par les leaders africains démontrent que le continent est sur la bonne voie, et ces types de  forum, haut lieu de discussions, organisés cette année chez nous, nous confortent dans cette idée. Cet essor est également dû à un choix politique certes, mais aussi et surtout d’une prise de conscience que sans la participation du secteur privé, le développement de l’outil portuaire ne peut guère avoir lieu.C’est pourquoi aujourd’hui la majorité des terminaux à conteneurs africains   sont gérés sous forme de Partenariats Public-Privés «PPP» selon l’orientation de la Banque Mondiale pour une meilleure compétitivité.  La participation du secteur privé africain doit plus se faire sentir et être encouragé pour que le Continent rayonne dans son ensemble.

Djibouti a anticipé cette problématique soulevée par la communauté internationale en émettant dès le début de cette crise, une feuille de route incluant une combinaison de mesures, eut égard à la maitrise de cette pandémie et à la facilitation des échanges commerciaux maritimes. Un autre thème de grande importance retenu dans les échanges et à laquelle je me réjouis d’accorder une attention particulière  est «l’Alliance Portuaire» ou comme le dit le dicton «l’Union fait la force» serait elle la force de nos ports africains et quelles seraient les bases  de ce partenariat pour un destin commun. Je reste convaincu que ces deux jours d’échanges et de débats seront fructueux, qu’ils sauront apporter des solutions novatrices face à la crise que le monde entier traverse et que l’Afrique s’en sortira renforcer sur tous les plans. Car c’est le continent de la croissance et que par conséquent, les rendements l’emportent de loin sur les risques, en particulier lorsqu’il s’agit d’investissements dans les infrastructures portuaires»

Le point avec…Aboubaker Omar Hadi

Président de l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti

«Djibouti a la responsabilité particulière de fournir un accès à la mer à ses voisins, dont beaucoup sont enclavés, et de les connecter ainsi aux marchés mondiaux »

«Face à des défis sans précédent, les ports africains ont été essentiels pour garantir que les opérations et le commerce essentiels puissent se poursuivre pendant la pandémie et seront essentiels pour reprise économique. Nous espérons que ce forum nous aidera à renforcer les partenariats et à travailler ensemble pour limiter l’impact de la pandémie. Selon des chiffres récents publiés par la CNUCED, le commerce maritime mondial représente 90% du commerce mondial en volume et 80% en valeur. L’Afrique dépend fortement des navires et des ports pour son commerce intercontinental. Avec un tiers des pays africains liés à la terre, les pays côtiers ont une responsabilité encore plus critique de servir ces pays. Alors que le commerce de l’Afrique ne représente que 2,7% du commerce mondial, le continent contribue à une part plus élevée du commerce maritime mondial avec 7% pour les exportations et 5% pour les importations en volume. Connecter davantage de pays africains au commerce mondial augmentera encore cette part. Cependant, les réseaux de transport de l’arrière-pays doivent soutenir ces efforts. Les infrastructures terrestres (route et chemin de fer) restent les barrières physiques à une intégration et une connectivité plus améliorées sur le continent. Au cours des deux dernières décennies, Djibouti a mis en œuvre plusieurs projets d’infrastructure ambitieux pour répondre à une demande toujours croissante dans la région. Djibouti se trouve au carrefour de trois continents et est situé le long de deux des routes commerciales maritimes les plus fréquentées du monde. En outre, comme l’industrie du transport maritime international assure environ 90% du commerce mondial, Djibouti a la responsabilité particulière de fournir un accès à la mer à ses voisins, dont beaucoup sont enclavés, et de les connecter ainsi aux marchés mondiaux. Grâce à un plan d’investissement de plusieurs milliards de dollars, Djibouti a développé un réseau de ports spécialisés qui stimulent la croissance économique et positionnent Djibouti comme une plaque tournante du transport maritime pour l’Afrique. Les ports de Djibouti sont parmi les plus modernes et les plus efficaces du continent et nous améliorons continuellement les performances des opérations portuaires. Outre les ports de classe mondiale de Djibouti, d’autres projets d’infrastructure ajoutent de la valeur aux marchandises transitant par nos ports.

La zone de libre-échange internationale de Djibouti fournit une base stratégique aux entreprises mondiales pour accéder au marché africain et nous avons récemment lancé un projet majeur de régénération pour transformer le port historique de Djibouti en un quartier d’affaires international. Ce projet représente la dernière étape de la mise en œuvre du concept Port-Park-City, qui signifie l’intégration complète des ports, des parcs industriels et des services de Djibouti. Parallèlement, Djibouti développe une industrie lourde et une base pétrochimique, Djibouti Damerjog Industrial Park, qui fera avancer l’industrialisation de Djibouti et celle de la région de l’Afrique de l’Est.

Tous ces actifs sont connectés via notre réseau multimodal et contribuent au renforcement de l’intégration régionale. Le chemin de fer Addis-Abeba-Djibouti, qui a considérablement réduit les temps de transport des marchandises, est un exemple clé de notre travail réussi avec des partenaires régionaux et internationaux pour améliorer la connectivité entre Djibouti et l’Éthiopie. Nous sommes ravis que le forum se déroule ici à Djibouti et espérons qu’au cours des prochains jours, nous pourrons partager notre expertise et construire de nouveaux partenariats ou renforcer les partenariats existants, tout en confirmant le rôle de Djibouti en tant que hub commercial et logistique régional et mondial. 

Nous avons de nombreux orateurs et invités de marque qui discuteront d’un large éventail de sujets, y compris l’impact du développement des ports sur l’arrière-pays, les meilleures approches pour améliorer la compétitivité et l’avancement de la numérisation, qui est maintenant plus important que jamais dans le contexte du COVID-19 . Je suis impatient d’en discuter plus en profondeur et de collaborer avec des partenaires régionaux et internationaux en vue de développer des ports et des infrastructures africains de classe mondiale qui stimuleront le commerce intra-africain et international et permettront au continent de réaliser son plein potentiel économique».