
À Djibouti, le secteur agricole, souvent perçu comme fragile et marginal, amorce une transformation décisive grâce à l’émergence d’un réseau de coopératives mieux structurées et plus résilientes. Jeudi 3 juillet 2025, le Ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de l’Élevage, de la Pêche et des Ressources Halieutiques (MAEPE-RH), avec l’appui de la Banque mondiale, a organisé au Centre de Leadership et de l’Entrepreneuriat (CLE) une cérémonie de remise d’attestations de fin de stage à 31 jeunes formateurs nouvellement certifiés en gestion de coopératives agricoles. Une étape clé du Projet d’Appui aux Filières Agricoles Résilientes (FAR), qui mise sur le capital humain pour relever les défis de l’agriculture durable et inclusive.

Réunis au CLE, les lauréats, hommes et femmes issus de diverses régions du pays, ont reçu leurs attestations des mains des officiels, entourés de leurs proches venus saluer leur réussite. Après six mois de formation intense, ces 31 jeunes formateurs détiennent désormais les compétences nécessaires pour accompagner la création, la gestion et la structuration de coopératives agricoles modernes, adaptées aux réalités locales et climatiques.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté des autorités de formaliser un secteur agricole souvent informel, en dotant les communautés rurales d’outils de gouvernance, de planification et d’accès au marché. La coopérative devient ainsi un levier stratégique pour dynamiser l’économie rurale, insérer les jeunes et les femmes et renforcer la sécurité alimentaire.
Expert en gestion de coopératives et maître d’œuvre de cette formation, M. Djankou a ouvert la cérémonie en saluant l’engagement de ses stagiaires :
« Je suis pleinement satisfait. Ces formateurs, venus d’horizons variés, sont aujourd’hui une ressource stratégique pour le développement des coopératives dans leur pays. »
Il a souligné la rigueur de la formation : principes de base du mouvement coopératif, organisation interne, planification, relations extérieures et opérations pratiques. Les participants ont travaillé en binômes pour renforcer leur apprentissage et préparer leurs interventions futures sur le terrain.
Pour l’expert, cette étape n’est qu’un point de départ : « Ce programme doit maintenant être déployé, accompagné et soutenu dans la durée. Nous devons bâtir un écosystème coopératif fort et structuré, capable de relever les défis agricoles du pays. Djibouti, dans cinq ou dix ans, doit pouvoir compter sur des coopératives dynamiques dans chaque région, facilitant l’accès au marché, promouvant des pratiques durables et stimulant l’emploi local. »

Une volonté politique pour bâtir une agriculture durable
Abondant dans le même sens, M. Abdoulkader Isse, Coordinateur adjoint de l’UGP du MAEPE-RH et Responsable technique du FAR, a mis en avant les atouts du pays : « Nos zones rurales restent encore à l’écart du développement économique, mais Djibouti dispose d’atouts indéniables : des terres exploitables, un savoir pastoral transmis de génération en génération, une jeunesse motivée et surtout une volonté politique affirmée. »
Il a félicité les nouveaux formateurs et salué la qualité du transfert de compétences assuré par M. Djankou. Il a insisté sur le rôle clé de ces formateurs dans l’accompagnement des pôles agricoles prioritaires comme la plaine de Goda, la zone de Mouloud, le Grand Bara ou encore le PK25.
« Aucun investissement ne portera ses fruits sans capital humain formé et motivé. Vous êtes désormais les piliers d’un nouveau modèle de coopératives, fondé sur l’autonomie, la solidarité et l’excellence. »
M. Chehem Mohamed, Directeur général du CLE et représentant du Ministère du Numérique et de l’Innovation, a pour sa part exprimé sa fierté de voir le CLE contribuer activement au projet FAR. Il a souligné l’importance de l’accompagnement post-formation : « Nous sommes convaincus de continuer à encadrer ces formateurs dans leurs futures missions et à soutenir les coopératives pour dynamiser notre économie. »
Le projet FAR, financé par la Banque mondiale et l’IFC, vise à renforcer la compétitivité et la résilience des chaînes de valeur agroalimentaires. Il répond à une ambition claire : structurer un secteur agricole encore informel et créer des opportunités économiques durables au service des communautés agropastorales. Les différents intervenants ont salué l’impact positif de cette formation sur les pratiques agricoles et la performance des coopératives. Au-delà des discours, la cérémonie s’est achevée dans une ambiance chaleureuse : remises de cadeaux à l’expert M. Djankou, séance photo et échanges fraternels ont clos ce moment symbolique.
Derrière ces 31 formateurs, c’est tout un espoir qui germe : faire émerger une agriculture djiboutienne moderne, durable et fièrement enracinée dans ses terroirs.
Saleh Ibrahim Rayaleh