L’association du personnel du Programme alimentaire mondial (PSA), la voix officielle du personnel de l’organisation des Nations unies, a critiqué le PAM pour ne pas avoir fait d'”étude sur la prévalence du racisme, ou toute mesure spécifique prise pour y faire face”, et a soulevé la question du racisme systémique au sein de l’agence. L’Insider apprend que la direction du PAM a été surprise par une allocution interne au conseil d’administration prononcée par le responsable de l’APS, Wagdi Othman, qui, en plus de dénoncer l’absence d’action antiraciste de l’agence, a évoqué le taux élevé de rotation des directeurs des ressources humaines et une réponse inadéquate au Covid-19.

Jack Morgan Jones

Déclaration de l’Association des professionnels du PAM (PSA) au Conseil d’administration, Rome, 30 juin 2020

(( S’adresser au Conseil d’administration une fois par an est une occasion importante pour l’Association du personnel professionnel de réfléchir à ce que le PAM a fait pour son personnel et en particulier pour ceux qui sont déployés dans des lieux de travail difficiles et dangereux.

C’est également l’occasion pour nous de partager avec vous ce qui a été accompli et ce qu’il reste à faire pour préserver le bien-être et le moral de nos collègues en ces temps complexes de CoVid. Je voudrais commencer mon discours en mentionnant le mouvement mondial “Black Lives Matters” déclenché par le meurtre de George Floyd à Minneapolis.

Permettez-moi de citer le discours du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, au personnel à New York :”Je voudrais dire que je compte sur nos collègues et sur les représentants du personnel pour nous aider à organiser une discussion interne efficace sur le racisme. Car je pense que nous devons nous pencher sur la question en profondeur. Et nous devons tous nous examiner, examiner nos préjugés et faire tout notre possible pour éradiquer ces aberrations de nous et des sociétés qui nous entourent”.

Il convient également de mentionner les mots de Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, dans un message adressé à son personnel : “Le racisme n’est pas seulement une question de brutalité policière, c’est la déshumanisation des Noirs et des autres personnes à la peau sombre dans les institutions publiques et privées. Je salue le courage de tous ceux qui, dans le monde entier, se sont levés pour insister sur le fait que la vie des Noirs est importante”.

Je tiens à partager ces mots avec vous parce que peu de chefs d’agences des Nations unies ont eu le courage d’aborder cette question et de parler à leur personnel pour leur dire ce qu’ils pensaient du mouvement mondial contre un problème douloureux mais très réel pour une majorité de la population mondiale.

Je travaille avec le Programme alimentaire mondial depuis plus de 23 ans et je n’ai jamais entendu le mot R, racisme, faire l’objet de discussions ou d’analyses formelles, ni de comités, groupes de travail, panels créés pour trouver des solutions, comme si le racisme n’existait pas au PAM ou aux Nations unies.

Le PAM a donné la priorité à d’autres questions tout aussi préoccupantes comme la discrimination fondée sur le sexe ou l’orientation sexuelle, l’abus de pouvoir, le harcèlement, le harcèlement sexuel. Il a également encouragé la diversité, mais sans s’entendre sur la signification réelle de ce mot.

Le racisme n’a pas été spécifiquement mentionné. Peut-être que pour certains membres du PAM, il est difficile de comprendre comment, parmi les personnes qui luttent contre la faim dans le monde, certaines peuvent être racistes.

Je ne me souviens pas avoir vu la moindre mention du racisme dans les rapports sur les douzaines de cas disciplinaires que nous avons chaque année au PAM. Mais nous savons que des accusations de racisme sont portées par le personnel contre d’autres collègues.

Toutefois, nous avons également constaté de nombreux cas où le PAM n’a pas accordé la flexibilité nécessaire à des collègues confrontés à des situations personnelles ou familiales difficiles. Malheureusement, les responsables ont appliqué les nouvelles règles différemment selon leur propre compréhension.

Beaucoup d’entre nous font du télétravail et notre productivité n’a pas été affectée. Les responsables doivent faire confiance à leur personnel et accepter le télétravail dans les situations où l’employé ne peut pas se présenter au bureau ou au poste de travail pendant ces moments difficiles.

Un retour au bureau et une reprise des conditions de travail normales doivent être soigneusement planifiés afin de ne pas mettre le personnel en danger.

Souvenons-nous des quatre collègues que nous avons perdus à cause du virus. Nos pensées vont à leurs familles et nous espérons que le PAM fera tout son possible pour alléger, autant que faire se peut, leurs souffrances.

Le PSA fêtera cette année son quinzième anniversaire.

Pendant cette période, nous sommes passés d’un groupe de quelques centaines de fonctionnaires internationaux à une organisation représentant plus d’un millier de professionnels nationaux et internationaux.

Nous avons continué à soutenir nos collègues en matière juridique, de réaffectation et de promotion. Nous avons collaboré avec le département des ressources humaines et du bien-être pour obtenir un contrat d’assurance médicale indépendant et le transfert des services de sécurité sociale de la FAO au PAM.

Le PSA a également eu plusieurs réunions avec Mme Gina Casar et son équipe sur la préparation du plan d’action global demandé par le Conseil. Si le PSA est reconnaissant d’avoir été consulté et souhaite que cela continue, nous sommes impatients de passer à la discussion de propositions concrètes résultant du travail effectué jusqu’à présent.

Enfin, nous sommes préoccupés par la forte rotation des directeurs des ressources humaines au PAM. Comment le PAM peut-il réaliser les changements significatifs que nous souhaitons tous si nous avons un nouveau directeur des RH presque chaque année ? Nous espérons que le nouveau directeur des RH sera choisi parmi le personnel du PAM.

Nous espérons que ce choix sera uniquement fondé sur la compétence, l’expérience et les compétences positives qui sont indispensables pour ce poste.

Permettez-moi de conclure en remerciant le Conseil d’administration et le directeur exécutif du PAM de donner à l’APS l’occasion de s’exprimer devant votre éminente assemblée et de vous faire part des questions qui comptent le plus pour le personnel du PAM.))

Wagdi Othman