Sous la houlette du Premier ministre, AbdoulkaderKamil Mohamed, le MENFOP a organisé ce matin une conférence intitulée « Focus sur les réalisations depuis les Etats généraux de l’Education de l’an 2000 à nos jours. ». Les membres du gouvernement, les hauts cadres de l’administration et de nombreux invités de marque ont pris part à l’évènement qui s’est déroulé au Kempinski Palace de Djibouti.

La conférence sur les réalisations du MENFOP depuis les Etats généraux de 1999 et la réforme du système éducatif de 2000 s’inscrivent dans le cadre des commémorations du vingtième anniversaire de la refondation de l’école djiboutienne. L’occasion pour le ministère de de cibler, dans le cadre de panels, des thématiques et des problématiques inhérentes au bilan de ses réalisations.

Le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, Moustapha Mohamed Mahamoud a ouvert les débats, en remettant en contexte les tenants et les aboutissants de ce forum qui vise à « marquer une pause pour faire le bilan, se remettre en question et observer le chemin parcouru sur les deux dernières décennies et prendre conscience de nos réussites mais aussi de nos ratés, et de nos limites, des obstacles rencontrés et des solutions adoptées. »

Le ministre a déclaré que ce forum serait une plateforme de discussion et de réflexion collectives sur les moyens d’améliorer ce qui a été déjà accomplie et s’atteler aux chantiers nombreux et complexes en perspectives. D’où son appel à un langage de vérité pour « partager, s’interroger dans la franchise et la sincérité sans tomber dans la virulence ou la pédanterie ».

Le Premier ministre, AbdoulkaderKamil Mohamed, a rappelé la mobilisation du gouvernement qui avait mis à la disposition du système éducatif le maximum des ressources disponibles. Une décision suffisamment édifiante sur la détermination de l’Etat à « rendre l’école djiboutienne inclusive, équitable et de qualité ».

Une école qui « ne favorise plus l’élite mais qui fasse de toutes les Djiboutiennes et les Djiboutiens des citoyennes et des citoyens du monde performants, confiants et tolérants » a-t-il clamé.

Pour lui, ce forum est le moment idoine pour faire « une pause propice à l’analyse, et reprendre le souffle et nous réengager encore plus fortement, encore plus résolument et avec plus d’exigence afin d’atteindre les objectifs fixés, dans un esprit et une ambition renouvelée. »

Les interventions officielles furent suivies d’une courte vidéo retraçant les remarquables réalisations du système éducatif depuis les vingt dernières années. Puis le Premier ministre et le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle ont animé le premier débat d’une série de panels faisant le bilan des réalisations des vingt dernières années dans le domaine de l’éducation et de la formation.

Des spécialistes et des experts nationaux dans les domaines ayant trait à l’Education et à la Formation Professionnelle ont échangé avec le public sur l’ensemble des questions inhérentes à la politique éducative du MENFOP et de ses perspectives d’avenir. Les panelistes ont aussi nourri la réflexion avec un public de trois cents personnes, connaisseur de la question et des problématiques soulevées. Des débats qui ont permis de lancer la mobilisation et ont fédéré les idées et les actions des différents acteurs nationaux ainsi que les partenaires sociaux, mais aussi techniques et financiers autour de notre école et de notre politique éducative, ambitieuse et visionnaire.

Le premier panel composé du Premier Ministre et du Ministre de l’éducation nationale et de la Formation professionnelle a permis de remonter le temps en faisant un retour sur l’esprit et la genèse des Etats Généraux puis la réforme qui s’en est suivie en revisitant tant ses enjeux queses défis.

 Le Premier Ministre, AbdoulkaderKamil Mohamed et le Ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle, M. Moustapha Mohamed Mahamoud, ont donc présenté la vision et la dimension politique de cette refonte de l’école.Et les deux derniers panels ont porté sur la transformation, la qualité des enseignements-apprentissages, l’inclusivité, les TICE et enfinle développement de la formation professionnelle et son adéquation avec les besoins du marché du travail.

La parole à…Moustapha Mohamed Mahamoud

Ministre de l’Education nationale et de la Formation Professionnelle

« Cette pause pour faire le point était nécessaire. Nécessaire d’abord parce qu’elle a été l’occasion d’arpenter avec vous, ici présents, et avec nos concitoyens qui nous regardent, le chemin parcouru depuis que nous avons choisi d’emprunter cette route de la liberté avec les risques, les écueils et la fierté qui lui sont, en général, inhérents.Nécessaire ensuite parce qu’elle nous a permis de prendre conscience de tout ce qui a été accompli tout le long, des nombreuses réalisations et réussites, des immenses chantiers engagés, et des sacrifices consentis.Nécessaire enfin parce que nous voyons tout ce qui reste à faire pour atteindre l’objectif visé et répondre aux exigences et aux espoirs de notre pays.

Ces 20 dernières années, le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle n’a eu de cesse de construire, encore et encore, des écoles partout dans le pays, d’accueillir de plus en plus d’élèves, de recruter de plus en plus d’enseignants, d’engager de plus eu plus de personnels. Et le gouvernement, sous l’égide inébranlable du président de la République, M. Ismail Omar Guelleh, n’a cessé d’accompagner ces actions en octroyant toujours plus de moyens à ce département, respectant ainsi l’engagement pris en 2000.

Nous avons résolument veillé à accueillir TOUS les enfants djiboutiens, sensibilisant les parents à la nécessité de l’école, travaillé d’arrache-pied à démocratiser l’école et à en faciliter l’accès. Nous avons même été plus loin : nous accueillons tous les enfants vivant régulièrement sur le territoire national avec la coutumière générosité du peuple djiboutien. Je dis générosité parce que l’école publique gratuite a un prix, comme vous le savez sans doute, et c’est le contribuable qui paie.Améliorer l’accès et garantir l’inclusivité, fait mais pas achevé.

Nous continuerons dans cette voie pour atteindre l’objectif de scolarisation universelle dans notre pays. Pour rester cette terre d’échanges et de rencontres dont nous ne sommes pas peu fiers, nous avons voulu contextualiser (le mot est-il un néologisme typiquement djiboutien ?) nos curricula, nos programmes et tous nos outils didactiques. Nous avons djiboutianisé nos livres, c’est-à-dire, veiller à garantir à notre apprenant un enracinement dans son environnement culturel tout en l’ouvrant sur le monde. Et nous avons voulu tout concevoir et produire nous-mêmes, devenant ainsi l’un des rares pays d’Afrique à être détenteur du copyright de ses outils et donc à avoir une pleine indépendance éditoriale.

Jusque-là, le bilan exposé aujourd’hui a montré que nous avons gardé le cap, en opérant les choix les plus raisonnables et les plus rationnels, sans sacrifier, dans la mesure du possible, les ambitions.Quant à la question de la qualité, c’est peut-être la plus difficile parce que le concept lui-même est difficile. Le sens et l’orientation que l’on donne au mot est tributaire des évolutions de la société, c’est dire combien il est mouvant. La qualité est un idéal vers lequel nous tendons. Ainsi nous avons, entre autres, organisé un colloque en 2016 pour nous entendre sur le concept, adopté l’approche GAR pour orienter le système, renforcé le corps inspectoral, formé les chefs d’établissements sur le leadership, révisé les curricula pour plus d’efficacité, créé les concepts et organisé des Journées citoyennes et les grands concours scolaires que le Covid a malheureusement interrompus, et bien d’autres encore dont je ne peux dresser une liste exhaustive ici.

Nous nous sommes tournés vers et investissons sur le numérique pour profiter non seulement des facilités qu’il nous offre mais aussi pour préparer nos enfants, dès leur plus jeune âge, à entrer de plein pied dans leur monde qui est celui des TIC.Nous nous dotons des outils de mesure nécessaires pour évaluer notre action, et ce à chaque niveau que ce soit le pilotage, la gestion du système mais aussi que ce soit les enseignements ou encore les apprentissages, escomptant sur ce dernier point participer à des évaluations internationales, type PASEC ou PISA, dans les 5 prochaines années.

Nous réformons et renforçons notre cadre partenarial pour répondre plus efficacement mais aussi pour oeuvrer de concert et avec le soutien du premier partenaire de l’école que sont les parents t les riverains de nos établissements scolaires. Nous motivons le personnel pédagogique pour lui permettre de travailler dans des conditions sereines.Nous avons fait beaucoup mais il reste encore beaucoup, beaucoup à faire avec le temps.Et nous ne manquons, pour une très grande majorité, ni de courage, ni de cran, ni d’intelligence, ni de sincérité que nous soyons enseignant, élève, parent, conseiller pédagogique, chef d’établissement, inspecteur, formateur, concepteur ou cadre de l’administration ».