Djibouti reste une destination de transit pour les milliers de migrants éthiopiens et somaliens, désireux de  se rendre à bord des boutres vers les côtes yéménites dans des conditions périlleuses à longueur de mois chaque année. L’équipée se transforme souvent en une tragédie. Cela ne décourage pas les « desperados ». Les plus chanceux d’entre eux prennent le chemin de l’Arabie Saoudite ou des autres pays du Golfe.  Ils tentent le grand saut avec l’espoir d’une meilleure vie parmi les eldorados de la péninsule arabique.

Certes, les flux migratoires ne sont pas une nouveauté dans la région. Mais, le phénomène a pris des proportions alarmantes ces dernières années. Les gouvernements djiboutien, éthiopien, somalien et yéménite ne l’ignorent point. Parce que l’Ethiopie et la Somalie sont des terres d’émigration. Et Djibouti ou le Yémen en plein conflit fratricide demeurent des destinations de transit pour les dizaines de milliers de personnes qui tentent chaque année de rejoindre l’Arabie Saoudite et les autres émirats de la péninsule arabique via le Golfe d’Aden ou la Mer Rouge.

Les desperados effectuent tout un périple régional dans des conditions difficiles sous bonne escorte de passeurs contre le paiement d’espèces sonnantes et trébuchantes. L’omerta est de mise au delà des frontières terrestres d’Eli Daara dans la région de Tadjourah et de Loyada où les passeurs éthiopiens et somaliens acheminent à bord de véhicules les candidats à l’exil. Lesquels bénéficient de la complicité intéressée de trafiquants locaux, occasionnels ou notoires, qui se relaient pour leur servir de guides jusqu’aux confins de la région obockoise au nord est du pays. De là, les migrants convergent vers la plage de Godoria, un point de chute avant le grand saut. Ils débourseraient au bas mot la somme de quarante (40) dollars américains aux « nacoudas »  djiboutiens et yéménites qui  les emmènent à bord de boutres surchargés vers les rives  de Mockha, de l’autre côté au Yémen, selon des sources concordantes. L’équipée est périlleuse. Car la plupart des migrants ne savent pas nager. N’empêche qu’ils font le voyage dangereux au prix parfois de leurs vies.

Autant de détails soulignent assez bien la complexité des flux migratoires qui comportent de multiples dimensions.

D’abord, régionale parce que cette problématique concerne Djibouti et ses voisins éthiopien, somalien et yéménite. Ensuite, humaine tant les migrants sont des victimes de la traite des personnes. Le malheur de ces groupes vulnérables fait le bonheur des réseaux régionaux très actifs dans le trafic de l’immigration clandestine. Appât du gain oblige.

Enfin, sécuritaire puisque les flux migratoires constituent de sources d’insécurité pour les destinations de transit comme Djibouti.

Le constat soulève la pertinence d’une gestion coordonnée du flot continu des migrants de la part des pouvoirs publics de la région. C’est du moins la position de l’organisation internationale des migrations (OIM) qui n’a de cesse de sensibiliser à travers des ateliers ou séminaires les hiérarchies douanières et policières des pays de la sous région pour identifier et protéger les victimes de la traite humaine. Les gardes-côtes aussi de Djibouti et du reste de la région  dont les interventions bien ciblées peuvent soulager les souffrances d’un bon nombre de desperados sur leurs eaux territoriales. Toujours est-il que le  plaidoyer de l’OIM a servi de catalyseur au processus d’une coopération étroite que les autorités compétentes djiboutiennes, éthiopiennes et somaliennes mettent en œuvre sur le terrain pour mieux maîtriser les flux migratoires croissants d’année en année.

Car au bout du voyage, il y a l’espoir d’une meilleure vie parmi l’eldorado de leur rêve pour les plus chanceux des migrants, l’Arabie Saoudite ou les émirats du Golfe, ou….la mort pour des milliers de victimes disparues en mer de noyade.

MOF