Du 3 au 17 novembre dernier, le hall de l’IFD a offert une exposition vernissage plutôt atypique. Une série de photomontages de Jean Louis Maskali qui montre des œuvres qui « sont le fruit de ses rêveries et d’emprunts divers soit parmi ses photos personnelles soit très souvent dans la manne inépuisable de l’internet ».

Des images qu’il a « créées par assemblages, ajustements, triturations de morceaux arrachés au réel puis plongés dans le chaudron de l’imaginaire et, quoique montrant souvent des scènes désolantes, on peut voir ces compositions figuratives comme de simples divertissements ».

Il explique qu’il s’agit de « curieuses divagations et rien de plus ».  Ce sont des « tableaux d’un monde plus ou moins lointain où l’œuvre humaine montre les ravages de ses excès et des imbécilités où la nature affirme sa souveraine puissance sur les microbes que nous sommes, ces étranges fragments d’avenir, cristallisant nos angoisses les plus profondes sont en effet, et c’est bien, le moins que l’on puisse dire, peu réjouissants».

L’artiste explique qu’il « n’a nul plaisir pourtant, nul masochisme en cela. C’est plutôt un appel à conjurer tout cela, un cri d’alerte que je pousse pour susciter des prises de conscience et dissuader les hommes de s’aventurer plus avant sur le chemin de l’indicible désastre ». Car, plaide-t-il encore, « n’est ce pas au bord du gouffre, quand la vision de l’abîme rend crédible l’hypothèse de la chute que l’instinct de survie se réveille ? Car le danger n’est jamais si loin qu’on croit. Sans doute, suis-je foncièrement pessimiste quant à l’avenir de l’humanité…mais sans doute un maigre espoir existe-t-il ? »

Motif suffisamment puissant pour «montrer ces images chocs, cette vision cauchemardesque de réalités potentielles, qui, je l’espère, ne se réaliseront jamais. Face à la bêtise universelle, aux extrémismes de toutes obédiences, face à la haine de l’autre, si prompt à naître dans le cœur des humains, puissent ces images dire et rappeler sans faiblir que la vigilance devra toujours être de mise. Que cette vigilance ne devra pas se relâcher une seule seconde. Pas une seule seconde. Jusqu’à la fin des temps ».

Certaines photos montées montrent Djibouti où l’artiste a « repris ses photomontages, un temps arrêtés » où il a « entamé une nouvelle série d’images beaucoup plus optimistes et ô combien porteuses d’espoir ! » L’occasion pour lui de « mettre en scène ce pays, cette région d’Afrique. Et parce que je me voyais mal exprimer mes idées négatives dans l’argile de terres déjà tant défavorisées par la nature, où des peuples nomades souffrent depuis toujours pour tenter tout simplement de vivre, où une jeune nation œuvre patiemment, depuis quelques décennies à se forger un avenir viable et prospère ». Il indique que « ces images de rêves, auxquelles on a du mal à croire, ont sans doute autant de chance de se réaliser que les tristes tableaux qui nous font froid dans le dos ».

Né près de Bordeaux en 1960, Jean louis Maskali, intègre en 1983 le ministère de la défense en tant que personnel civil (dessinateur projeteur). Il y passera sa carrière, au sein du service génie qui deviendra plus tard le Service Infrastructures de la Défense. 

Entre 1995 et 2020, il aura l’occasion de faire 3 séjours à Djibouti, totalisant plus de 9 ans dans ce pays où il finira par rencontrer sa future épouse. Après avoir longtemps pratiqué la peinture à l’huile, puis l’écriture, il se met au photomontage en 2015.

« J’ai soudain réalisé que la retouche photo, avec laquelle je m’amusais depuis longtemps, n’était que l’embryon d’un art puissant qui ne demandait qu’à prospérer bien au-delà de ce qu’il avait été jusqu’à présent : le photomontage. Je me suis dit que j’aurais dû y penser plus tôt…pas de quoi être fier !» il décide alors de poursuivre dans cette voie prometteuse

«  La puissance extraordinaire des logiciels de traitement d’image allié à l’inépuisable source de données qu’offre l’internet procure aujourd’hui des moyens incomparables  pour s’exprimer avec autant de souplesse, d’imagination et de liberté que les peintres d’autrefois. Pourquoi s’en priver, il y a tant à dire… »

MAS