À partir de 2011, le cycle électoral qui débute par l’élection présidentielle va être marqué par une compétition politique plus serrée et des débats très animés, voire agités. Les tensions politiques vont être particulièrement accentuées lors des élections municipales de 2012 et surtout tout au long des élections législatives de 2013. Dans ce contexte politique tendu, on peut observer malheureusement que le processus de renforcement de la représentativité publique et politique des femmes ne constitue plus une priorité.

M.Ismail Omar Guelleh remporte les élections présidentielles du 8 avril 2011 face au candidat indépendant M.Mohamed Warsama Ragueh. À la suite du remaniement post-élection du 12 mai 2011, 3 femmes entrent dans le  gouvernement. Il s’agit quantitativement d’une progression du nombre de femmes par rapport au précédent gouvernement.

Cependant on peut trouver cette évolution très timide au regard du rôle que jouent les femmes dans la société. D’autant plus qu’une seule femme est nommée ministre et deux sont promues secrétaires d’État.  Mme Hasna Barkat Daoud est nommée ministre de la Promotion de la Femme et du planning familial, chargée des Relations avec le Parlement. Mme Zarah Youssouf  Kayad, au poste de Secrétaire  État auprès du Premier ministre chargé de la Solidarité nationale. Et Mme Amina Abdi Aden  est promue Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Environnement, chargé du Logement.

L’année suivante, les élections régionales et communales sont organisées en 2 tours le 20 janvier et le 10 février 2012. À l’issue du second tour, le RAAD (Rassemblement pour l’action, la démocratie, et le développement écologique) gagne les élections dans les 2 plus grandes communes de la ville de Djibouti à savoir Boulaos et Balbala. L’UMP arrive en tête à Ras Dika et dans toutes les régions de l’intérieur.  Dans ces élections, aussi bien au sein de l’UMP qu’au sein des partis de l’opposition, les femmes ont joué un rôle politique de premier plan. Malgré la présence importante des femmes sur les listes électorales et la mobilisation qu’elles ont déclenchées parmi leurs consœurs dans les meetings, aucune femme n’est désignée à la tête des 3 communes de la capitale et des 5 conseils régionaux.

La loi électorale de 2012 prévoit désormais  une dose proportionnelle dans les élections législatives. Dans chaque circonscription électorale, la liste en tête reçoit en effet d’emblée 80 % des sièges. Les sièges restants sont répartis aux autres listes ayant recueilli au moins 10 % des voix. Si elles sont plusieurs, les sièges sont répartis proportionnellement entre elles. S’il n’y en a aucune, la première liste reçoit tous les sièges.

Les élections législatives de 2013 sont les premières de l’histoire du pays à se dérouler dans le cadre de cette nouvelle loi instaurant la proportionnalité. A la suite de ces élections, la majorité présidentielle (UMP) emporte 61,5 % des voix et près de 85 % des sièges de l’Assemblée nationale (55 sur 65) face à la coalition de l’opposition, Union pour le salut national (USN). L’opposition obtient donc 10 sièges. Cependant, c’est la première fois depuis l’indépendance du pays que l’opposition obtient des élus à un scrutin national.

Encore une fois, les femmes ont largement participé et animé ces élections aussi bien en tant que candidates qu’en tant qu’électrices. Pourtant, parmi les 10 élus de l’opposition à l’Assemblée nationale ne figure aucune femme. Néanmoins, lors de cette 7e législature, 7 femmes (liste UMP) sont élues à l’Assemblée nationale. Il s’agit de Mmes, Aicha Dabar Guelleh, Deka Ahmed Elmi, Fatouma Mohamed Kamil, Hasna Houmed Bilil, Nima Boulhan Houssein, Oumma Mohamed Hamid et de Safia Elmi Djibril.

Le nombre de femmes dans la représentation nationale est donc en baisse par rapport à la législature précédente. Même si le quota de 10% prévu par la loi est respecté, le plafond de verre qui entrave la promotion des femmes notamment dans le domaine public et politique constitue une réalité indéniable qui trouve son explication, en partie, dans la persistance de fortes pesanteurs socioculturelles.

Abdallah Hersi