Au terme de la 75ème session du Comité Exécutif de l’Union parlementaire africaine et de la 42ème conférence des présidents des Assemblées nationales africaines qui se sont déroulées à Djibouti la semaine dernière, le président Mohamed Ali Houmed a été porté à la tête de cette prestigieuse institution parlementaire africaine. Il nous a accordé un entretien exclusif pour faire le bilan de ces rencontres et nous donner les grandes lignes et les priorités de son mandat à la tête de la conférence des présidents de l’UPA.
« Je travaillerais à ce que les ambitions de notre pays, qui est certes petit de taille mais qui est grand dans ses ambitions, puissent se réaliser »
La Nation: Permettez-nous tout d’abord de vous présenter nos hommages et nos félicitations les plus chaleureuses pour votre élection à la tête de la conférence des présidents de l’UPA ! Quel bilan faites-vous des travaux de la 75ème session du Comité Exécutif de l’Union parlementaire africaine et de la 42ème conférence des présidents de l’UPA ?
Mohamed Ali Houmed : Merci pour vos félicitations, mon élection à la tête de la conférence des présidents de l’UPA est une fierté que je partage avec l’ensemble de mes compatriotes. Pour revenir à votre question, je peux vous affirmer que les travaux de la 75ème session du Comité Exécutif de l’UPA ont été un succès sur tous les plans. Sur la forme d’abord, car, nous avons eu une participation record avec plus de 300 délégués, parlementaires et experts ou techniciens, qui ont tous été accueillis dans de très bonnes conditions, alors même que notre pays faisait face à un épisode pluvieux qui a entrainé des dégâts humains et matériels importants. Par ailleurs, nous avons reçu des invités spéciaux dont notamment le président de la grande Assemblée nationale de Turquie Mustepha Sentop, mais aussi le président du Mijliss Al-Shura, Ahmed ben Abdullah ben Zeid. Ces personnalités étaient accompagnées d’une très forte délégation. Sur le fond aussi, ce fut un succès remarquable car l’UPA a pris des résolutions et des engagements importants sur l’ensemble des thématiques inscrites au cœur de la 75ème session du comité exécutif de l’UPA et la 42ème conférence des présidents.
A ce titre, nous avons décidé ensemble de tout faire pour remettre la jeunesse et la gente féminine au cœur des priorités des politiques publiques visant le développement économique et le progrès social. L’UPA a toujours soutenu la promotion de la femme et son entrée en force dans les sphères d’influence et les instances de décision au parlement mais aussi dans l’exécutif. J’aimerais rappeler que notre pays est un modèle dans la promotion du genre puisque nous avons plus de 26% de femmes parlementaires depuis la dernière législature. Permettez-moi de vous dire que nous avons aussi longuement échangé sur les voies et moyens de renforcer le débat démocratique au sein de nos instances parlementaires nationales et au sein de l’UPA plus généralement. Les Djiboutiens doivent être fiers de leurs représentants. La retransmission en direct sur les chaînes nationales des débats mais aussi et surtout le haut niveau d’exigence de nos parlementaires devant l’exécutif peuvent se ressentir lors des séances de questions au gouvernement. C’est une marque de transparence et de visibilité qui va dans le sens de la culture de reddition de compte dans l’action du gouvernement.
Quelles seront vos priorités durant votre mandat à la tête de l’UPA ?
J’aimerais souligner que c’est la toute première fois que notre région de l’Afrique de l’Est a l’immense honneur d’assurer la présidence de l’UPA, depuis sa création en 1976. Et c’est avec humilité et fierté que j’assume cette immense responsabilité qui m’honore et m’engage à la fois. Au cours de ce mandat, je compte reprendre le travail remarquable de mon illustre prédécesseur, le président Alassane Bala Sakandé, qui a engagé un chantier de réforme important. Je vais poursuivre les efforts visant la redynamisation de l’UPA tout en tâchant à réaliser les objectifs et les missions primordiaux de notre noble instance. Je continuerai d’ailleurs à œuvrer à l’adhésion de nouveaux membres et de tenir régulièrement les sessions de l’union. Je suis déterminé à veiller à la promotion de la communication de l’UPA à travers les médias, dans mon pays, comme au siège de l’Union à Abidjan et à l’occasion des réunions de l’Union ou des réunions internationales. Sous mon mandat, j’engagerais un effort collectif avec les présidents des Parlements pour le règlement des cotisations et à faire rayonner notre institution sur le plan africain et international. Nous devons mobiliser nos ressources propres avant de prétendre à des soutiens financiers ou matériels auprès de nos partenaires. Ce nouveau mandat devra s’inscrire dans le renforcement du rayonnement de l’UPA. Aussi, je ferais de mon mieux pour préserver et développer le cadre privilégié que représente l’UPA pour le dialogue parlementaire, la promotion de la paix, de la démocratie, de la bonne gouvernance, du développement durable et du progrès social en Afrique. Au-delà de nos conférences annuelles, nous allons faire de notre institution un haut lieu pour étudier toutes les questions qui ont trait à ses missions et objectifs. Aussi, nous renforcerons les rencontres parlementaires organisées en coopération avec des Organisations ou Institutions régionales et Internationales. Nous allons, en priorité, poursuivre l’élargissement de la visibilité de notre institution à travers le renforcement des canaux de communication. Nous allons en ce sens renforcer les capacités du secrétariat en ressource humaine et en dotation des moyens et ce à tous les niveaux, car c’est une condition sine qua none pour la redynamisation de l’UPA.
Aussi, je pense proposer à chaque Etat membre de l’UPA d’exposer le drapeau de l’UPA aux côtés du drapeau national. Les Africains doivent comprendre qu’un parlementaire n’est pas une personne ordinaire, mais un élu qui a un mandat qui l’oblige à porter les voix et les aspirations de ses électeurs et qui doit travailler à la réalisation de leurs attentes. Pour couronner le tout, avec le soutien et les efforts de mes pairs, je mènerais un lobbying auprès de certains parlements des Etats d’Afrique australe et centrale pour qu’ils puissent revenir au sein de l’UPA.
La présence d’invités spéciaux à la 42ème conférence des présidents a été très remarquée…
En effet, nous avons reçu la visite du président de la grande Assemblée nationale de Turquie, Moustapha Sentop, qui est un partenaire de choix, car la Turquie a noué un partenariat très important avec notre pays. J’ai moi-même effectué une visite de travail en Turquie à l’invitation de mon homologue Turc au mois de juillet, avec qui j’ai noué une amitié personnelle et une relation de travail depuis lors, avec la mise en place d’un groupe de travail parlementaire Djibouti-Turquie. Moustapha Sentop nous a assuré du soutien du parlement turc pour l’UPA.
J’aimerais souligner plus généralement, les nombreux projets de développement mis en œuvre dans le cadre de la coopération avec la Turquie. L’exemple le plus important est le barrage de l’amitié qui a protégé en parti la capitale des crues de l’Oued d’Ambouli durant les dernières intempéries. La Turquie est très présente dans cette partie du monde où elle soutient le développement économique de nombreux pays de l’Afrique de l’Est.
Nous avons reçu également la visite du président du Majlis Al-Shura (Conseil de la Choura) du Qatar, Ahmed bine Abdullah bine Zeid Al Mahmoud, avec qui j’ai lié amitié durant le dernier sommet de l’Union interparlementaire à Doha et mis en place un groupe d’amitié parlementaire entre nos deux assemblées. Nous l’avons donc invité en tant qu’invité spécial et il nous a fait l’honneur de participer aux travaux de l’UPA. La République de Djibouti a parfaitement remplit on rôle de pont entre les continents et les cultures africaines et orientales. Et je salue l’action du président Al Mahmoud qui est un soutien de poids dans le chantier de réforme de l’UPA depuis que le conseil de la Choura du Qatar est devenu officiellement membre observateur de l’UPA.
Quels seront les bénéfices de votre présidence de l’UPA pour Djibouti ?
Pour mon pays, la présidence de l’UPA est d’abord un honneur mais c’est aussi un moyen considérable pour rayonner sur le continent et dans le monde. Aussi, je travaillerais à ce que les ambitions de notre pays, qui est certes petit de taille mais qui est grand dans ses ambitions, puissent se réaliser. Je compte apporter ma pierre à l’édifice de la politique du président de la République, qui m’a honoré de sa confiance et qui travaille d’arrache-pied pour faire avancer notre pays sur la voie du développement. Je vais aussi continuer le plaidoyer en faveur de la candidature de notre pays à un siège non permanent au conseil de sécurité des nations unies.
Votre mot de la fin…
J’aimerais d’abord me recueillir et partager la douleur de nos concitoyens endeuillés par les intempéries qui ont frappé notre pays. Dans le cadre de notre mandat de parlementaires, nous avons décidé de mettre en place une commission parlementaire qui va suivre et évaluer l’action gouvernementale concernant la réponse apportée à cette catastrophe naturelle. Je tiens ici à rendre hommage et remercier l’ensemble des parlementaires qui se sont mobilisés chacun dans sa circonscription pour apporter un soulagement aux populations durement affectées par les flots. Depuis lors, nous avons décidé de coordonner notre action pour accompagner l’élan de solidarité et y apporter notre contribution. Pour terminer, j’aimerais exprimer mes sincères et chaleureux remerciements au président de la République, M. Ismaïl Omar Guelleh, pour nous avoir facilité la tenue de cette grande rencontre interparlementaire africaine et pour la confiance qu’il m’accorde. J’aimerais étendre mes remerciements aux ministres du budget et de la communication pour avoir pris part activement à la bonne tenue de ces assises parlementaire panafricaine. Je voudrais féliciter les députés membres permanents de l’UPA en l’occurrence Abdoulkader Mohamed Moussa,
Nouria Waberi Houffaneh, Ibrahim Chehem Daoud, Omar Waberi Malow et aussi l’ensemble du staff et du personnel de l’Assemblée nationale qui a effectué un travail remarquable sous la conduite de mon directeur de cabinet, Idriss Mohamed Ahmed.
Propos recueillis par MAS