Pour nous éclairer sur l’objet de la visite d’Etat que le Président de la République de Djibouti, Son Excellence Monsieur Ismaïl Omar Guelleh vient d’effectuer en République Fédérale et Démocratique d’Ethiopie d’une part ; et pour mieux comprendre les changements que l’Union Africaine vient d’opéré sur ses missions en Somalie de l’autre ; l’Ambassadeur de la République de Djibouti en Ethiopie, Représentant Permanent auprès de l’Union Africaine et de la CEA,

Son Excellence Monsieur Abdi Mahamoud Eybe, a bien voulu répondre à nos questions. Nous reproduisons ici, l’intégralité de cet entretien que voici.

Entretien recueilli par A.A.-MAHE

Tout d’abord Monsieur l’Ambassadeur, le Président de la République vient d’effectuer une visite d’Etat de deux jours en Ethiopie. Quel a été  réellement, l’objet de cette visite ?

Tout d’abord, cette visite s’inscrit dans le cadre des contacts réguliers qui existent entre les dirigeants de nos deux pays. L’objet de cette visite est donc de rehausser la qualité de nos relations pour les pousser vers un point toujours plus élevé. Comme vous le savez,  nos pays entretiennent des relations ancestrales, solides et fraternelles depuis la nuit des temps. C’est ainsi qu’ils ont toujours évolué en fonctions du volume des activités commerciales, de nos échanges et des besoins de développement socio-économiques respectifs. Une belle croissance soutenue, née il y a deux décennies, a nécessité la modernisation de nos infrastructures portuaires, maritimes et des voies de communication qui relient Djibouti et l’Ethiopie. Ensemble, nous avons lancé un programme exemplaire d’intégration régionale qui a permis de faciliter les échanges, de booster les économies et de combattre la pauvreté. Cette relation, qui est un modèle du genre, reste à ce jour, un exemple à suivre  pour l’ensemble du Continent.

Quelle furent la qualité de l’accueil et l’emploi du temps de cette visite officielle ?                                                               

Dès son arrivée, le Président de la République a bénéficié de la part du leader Ethiopien, d’un accueil très chaleureux et de haut niveau. Pour cet événement, le Premier Ministre S.E Dr Abiy était entouré de plusieurs membres de son gouvernement dont, le Ministre de l’Economie et des Finances, S.E. M. Ahmed Chideh. Un accueil qui reflète parfaitement la solidité et la qualité des relations entre les deux pays.

Durant son séjour à Addis-Abeba, le Président a eu un entretien en tête-tête avec le Premier Ministre Ethiopien, S.E. Dr. Abiy  Ahmed. Cette rencontre a laissé place ensuite, à une réunion bilatérale qui s’est tenue entre les délégations des deux pays pour améliorer, encore davantage, nos échanges commerciaux et l’interconnexion unique en Afrique qui existe entre Djibouti et l’Ethiopie.

L’instabilité régionale et la guerre civile n’entravent-t-elles pas ce rêve de développement et d’intégration économique ?                                                                                                            

Grâce au nationalisme, à la sagesse, à l’honnêteté et à la volonté de paix de son Premier Ministre, l’Ethiopie est sur le point de régler ce conflit qu’aucun pays ne peut désirer, ni souhaiter.

Je vous rappelle que, depuis le début de cette guerre fratricide, la République de Djibouti, à travers son Président, n’a jamais hésité à soutenir le gouvernement Ethiopien et l’aider à surmonter cette épreuve tragique qui fut la sienne. La fermeté du Premier Ministre a déclenché un grand espoir car aujourd’hui,  le pays est sur le chemin final de la paix. Une paix véritable et durable.

Monsieur l’Ambassadeur, vous êtes en même temps, Représentant auprès de l’Union Africaine. Quel est réellement, le véritable poids de la République de Djibouti au sein de cette organisation?

Permettez-moi de vous rappeler monsieur Mahé, que la République de Djibouti avait commencé de jouer un rôle prépondérant pour que la région puisse jouir d’une paix durable et instaurer une stabilité favorable à son développement socio-économique. Nous avions à peine dix ans d’existence lorsque notre pays avait réussi une médiation fructueuse entre l’Ethiopie et la Somalie. Grâce à notre neutralité, la diplomatie Djiboutienne avait réalisé des prouesses remarquables et très remarquées.

Et depuis, notre réputation n’a cessé de dépasser les frontières de la région. Nous avons pris part à toutes les missions de paix en Afrique et ailleurs. Nous avons présidé le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine plus qu’aucun  autre membre. Par ailleurs, nous sommes le seul pays à avoir été réélu pour une troisième fois consécutive au sein de ce conseil. Nous avons donc une position privilégiée et en matière de poids diplomatique, notre pays se porte très bien.

L’Union africaine est entrain de mettre fin au mandat de l’AMISOM. Pourquoi ce soudain désistement ?

Il n’y a pas le moindre désistement de la part de l’Union Africaine. Si la mission de l’AMISOM  prend fin, elle laisse place à une nouvelle mission limité dans le temps et dont l’objectif est de renforcer les capacités de toutes les structures de l’Etat Somalien, qu’elles soient civiles ou militaires. Ceci, pour permettre au pays de se prendre en main, d’avoir un fonctionnement institutionnel digne de ce nom et d’assurer sa propre sécurité. Contrairement à l’AMISOM, cette nouvelle mission, qui s’appelle ATMIS, est une mission de transition destinée à préparer le pays à s’assumer.

En plus des forces de l’Union Africaines déjà en place, l’ATMIS déploiera des équipes de technocrates pour former et mettre en place une solide structure d’Etat fonctionnelle et viable. Cette période de transition est prévue pour durer deux ans.

Est-ce que ce mandat de deux ans est renouvelable ?

Le mandat de l’ATMIS prendra fin, officiellement, fin 2024. Mais personne ne sait ce que l’avenir nous réservera. Tout dépendra de la situation sur le terrain et de la réussite de cette nouvelle mission.

Est-ce que le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a validé cette mission ?

Absolument ! L’Union Africaine a toujours travaillé en étroite collaboration avec le Conseil de Sécurité des Nations-Unies et l’objectif des deux organisations est de faire évoluer les choses en Somalie dans l’intérêt du peuple somalien.

L’ATMIS va non seulement améliorer les capacités des forces de sécurité somaliennes pour faire face au terroristes Al-Shebab et de les combattre avec efficacité ; mais, elle va développer également les structures administratives de l’Etat et les rendre très efficace.

L’objectif étant de permettre à la Somalie de se prendre en charge et d’assurer la stabilité et la sécurité du pays.