« S’instruire, c’est combattre l’ignorance et servir sa patrie »

La Nation : Veuillez-vous présenter à nos lecteurs ?

Hawa Ali Mohamed : « J’ai aujourd’hui 26 ans mais j’ai intégré les rangs de la gendarmerie en 2014 après l’obtention de mon BAC. Devenir gendarme a été pour moi un grand honneur et un rêve de petite fille qui est devenu réalité. Mon grand-père était gendarme et c’est de lui que m’est venue cette volonté d’appartenir un jour à ce corps prestigieux et de porter l’uniforme bleu. Nous étions environ 30 femmes recrutées en 2014 sur une promotion de 400 élèves.

En tant qu’élève-gendarme, j’ai suivi les deux formations réglementaires à savoir la formation militaire élémentaire toutes armes FETA et la formation spécifique de 6 mois. Ses formations ont pour objectif d’instruire l’élève gendarme, de l’éduquer et enfin de lui donner un certain bagage pour réussir dans le métier. En tant que débutante, cela m’a permis d’avoir les bases nécessaires comme chez les militaires, de savoir comment nous comporter et nous préparer aux différents métiers de la gendarmerie. Il nous fallait oublier l’esprit civil pour intégrer pleinement la gendarmerie.

J’ai en tête d’avancer le plus loin possible dans ma carrière. Comme on dit, vouloir c’est pouvoir et je veux faire tout mon possible pour continuer à aller de l’avant dans ce métier qui me tient à cœur. Ses formations ont été une réussite pour moi ».

La Nation : Quelle sont au jour d’aujourd’hui vos acquis professionnels?

«Aujourd’hui, je suis gendarme de 2ème classe. Après avoir acquis une certaine expérience professionnelle, j’ai eu la chance de pouvoir transmettre à mon tour mon savoir-faire à la promotion de 2016. J’ai pu les former et leur montrer le chemin pour réussir dans leur nouveau métier. Avant tout s’instruire c’est combattre l’ignorance et servir sa patrie. Cette expérience de coaching m’a durci et m’a aussi ouvert à d’autres horizons comme prendre part à la formation de parachutisme en 2017 avec les Forces Françaises stationnées à Djibouti (FFDJ).

La Nation : Qu’est- ce qui vous a incité à intégrer cette formation de parachutisme ?  

Participer à cette formation de parachutisme a été une belle opportunité. Ce genre de formation n’était malheureusement pas ouvert aux femmes. C’est donc grâce à ma persévérance et à mon courage que j’ai réussi à intégrer cette formation. Nous n’étions que deux filles parmi 40 candidats à être sélectionnées grâce à nos aptitudes physiques. Mais, aussi grâce aux efforts inlassables pour promouvoir les droits des femmes de notre Président de la République et de notre Première Dame, ainsi que du chef d’état-major de la gendarmerie nationale.

La Nation : Quelles autres formations aviez-vous suivi ?

En mai 2018, j’ai également suivi une autre formation pour obtenir mon certificat militaire de premier degré et pouvoir commander un groupe au combat. Nous étions 30 stagiaires dont 5 femmes seulement. Je suis fière de préciser que je m’étais classée la première parmi les femmes candidates et la 13ème de la promotion. Des élèves officiers passaient également le concours qui était exactement identique pour les hommes et les femmes.

Dans mes missions, je participe régulièrement aux patrouilles que les gendarmes effectuent dans la ville les jeudi soirs afin de prévenir tout acte de délinquance et diminuer les crimes.

Par ailleurs, je suis souvent amenée à participer aux formations dans le Centre d’instruction Cheick Moussa (CICM) où nous nous entraînons régulièrement. Nous sommes également amenés à assurer le maintien de l’ordre lors d’éventuelles manifestations dans le pays ».

La Nation : Un dernier mot pour conclure

J’aimerais conclure en disant à chaque jeune fille et femme qu’il est important de poursuivre ses rêves et de les concrétiser. Aujourd’hui, je continuerai à servir mon pays tout en espérant gravir les échelons le plus loin possible et pourquoi pas être la première femme Générale ou Ministre de la Défense en République de Djibouti ! ».

Propos recueillis par Zouhour