Dans l’interview qui suit, l’ambassadeur de la République Populaire de  Chine à Djibouti,  M. Zhuo Ruisheng nous livre les derniers développements de l’épidémie du Coronavirus en Chine. Des informations rassurantes,  car l’ambassadeur nous informe que  le nombre des nouveaux cas confirmés en dehors du Hubei, province la plus touchée, maintient une baisse remarquable dans son ensemble depuis le 3 février et aucun nouveau cas n’est signalé dans une vingtaine de provinces chinoises ces derniers jours.

La Nation : Cela fait déjà un mois depuis la mise en place des mesures de confinement à Wuhan, épicentre de l’épidémie du nouveau coronavirus. Pourriez-vous nous présenter les dernières évolutions de l’épidémie en Chine ?

Zhuo Ruisheng : Le 11 février, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a officiellement baptisé le nouveau coronavirus le « COVID-19 ». Selon les derniers recensements, jusqu’au 25 février, on compte environ 45 000 cas du COVID-19 confirmés existants et 2 715 cas de décès en Chine. Quelque 30 000 personnes infectées ont déjà été guéries et sont sorties de l’hôpital. Le chiffre des guéris, déjà 10 fois plus important que celui des décès, continue d’augmenter de plus de 2 500 chaque jour.

C’est une tendance très encourageante.

Une autre tendance aussi réconfortante, c’est que le nombre des nouveaux cas confirmés en dehors du Hubei, province la plus touchée, maintient une baisse remarquable dans son ensemble depuis le 3 février et aucun nouveau cas n’est signalé dans une vingtaine de provinces chinoises ces derniers jours.

Au fur et à mesure de l’amélioration de la situation, les points de contrôle temporaires sur les routes ont été progressivement supprimés et la circulation routière intra-provinciale et interprovinciale retourne progressivement à la normale. Voilà tous des signes de stabilisation et d’amélioration.

 Le 25 février, lors d’une réunion à Genève avec les responsables de l’OMS, M. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a affirmé la bonne indication selon laquelle le nombre des cas en Chine est en train de baisser depuis début février et il a exprimé sa gratitude à tous ceux qui sont maintenant en Chine pour leurs sacrifices. Selon le secrétaire général, le peuple chinois est en train de rendre service à l’humanité, en mettant en place des mesures de quarantaine rigoureuses à travers le pays pour minimiser l’impact de l’épidémie du COVID-19.

Le 14 février, l’Egypte a confirmé un cas du COVID-19, le premier en Afrique. Est-ce que cela signifie que les pays africains font désormais face à des risques croissants face à cette épidémie ?

Si le premier cas d’Afrique est détecté en Egypte, il est à noter que les autorités égyptiennes, le CDC africain et l’OMS ont immédiatement pris les mesures nécessaires pour éviter la propagation du virus sur le continent. Nous nous réjouissons de voir que jusqu’à présent, aucun nouveau cas n’a été signalé en Afrique et que le scénario d’une flambée en Afrique est pour le moment écarté.

La réponse rapide du gouvernement égyptien a été aussi saluée à la réunion d’urgence de l’UA des ministres africains de la santé qui s’est tenue le 22 février à Addis Abeba et qui a offert une occasion importante pour les pays africains de discuter d’une stratégie continentale coordonnée en vue de mieux préparer et répondre à la propagation éventuelle du COVID-19 en Afrique.

Quant à Djibouti, elle a aussi pris toutes les dispositions préventives nécessaires dans le cadre de la prévention et de la prise en charge des cas de COVID-19. Avec la création d’un centre d’opération d’urgence interministériel, la mise en place d’un centre de quarantaine et d’isolement, la prise de contrôle de température des passagers aux ports d’entrée, etc., Djibouti se prépare à y répondre avec efficacité en cas d’urgence. De l’autre côté, l’Ambassade de Chine elle aussi a dès le début appelé les ressortissants chinois à la vigilance et demandé à tous les Chinois nouvellement arrivés à Djibouti de rester à la maison et de ne contacter personne pendant deux semaines, afin d’assurer le zéro cas à Djibouti.

J’aimerais souligner que durant la lutte de la Chine contre cette épidémie, de nombreux pays africains, y compris Djibouti, nous ont apporté un soutien et une aide précieuse  malgré leurs propres conditions nationales limitées. C’est une parfaite démonstration de la solidarité Chine-Afrique et de la Communauté de destin pour l’humanité. Comme un proverbe chinois le dit, si l’on reçoit une goutte d’eau dans le besoin, on devra récompenser en retour le bienfaiteur avec une source. Nous garderons toujours à l’esprit le soutien et la solidarité que nos amis djiboutiens et africains nous ont témoignés, et soutiendrons dans la mesure du possible les pays africains dans leur lutte contre l’épidémie, afin de sauvegarder la sécurité de santé publique dans la région et dans le monde.

 Dû à l’épidémie du COVID-19, certains pays ont pris des mesures telles que la fermeture de frontière, l’arrêt des échanges commerciaux et la suspension de vols desservant la Chine. Sont-elles nécessaires selon vous et contribuent-elles à la lutte contre l’épidémie ?

Face à l’épidémie, il est utile de prendre les mesures nécessaires de prévention et de contrôle, mais il n’y a pas lieu d’y surréagir. Certains pays sont allés jusqu’à prendre des mesures restrictives exagérées en faisant fi des conseils spécialisés de l’OMS de ne pas imposer des restrictions non nécessaires aux voyages internationaux et échanges commerciaux. Ces actions irresponsables vont à l’encontre du Règlement sanitaire internationale, convention internationale qui a le plus d’autorité dans le domaine de la santé publique.

Les mesures telles que la suspension de vol, la fermeture de frontière et l’interdiction de commerce ne contribuent point à la lutte contre l’épidémie, mais ne font que susciter la panique et perturber l’exportation et l’importation des matériels médicaux que nécessite le combat contre le COVID-19.

Récemment, la revue The Lancet, l’une des revues médicales les plus importantes au monde, a publié une lettre commune de 16 juristes en santé de renommée mondiale, dans laquelle ils se sont opposés à des mesures de restriction non nécessaires qui violent le Règlement sanitaire international et ont appelé à l’attachement au droit international en ce moment crucial et au retrait des restrictions illégales.

Dans le même temps, nous sommes heureux de constater que la plupart des membres de la communauté internationale peuvent adopter un regard objectif et rationnel sur la lutte contre l’épidémie du COVID-19 et suivre les suggestions de l’OMS. Nombreux sont des pays, dont Djibouti, qui ont témoigné leur soutien et solidarité en apportant des aides précieuses à la Chine dans son combat contre cette épidémie.

Et les étudiants djiboutiens en Chine, comment vont-ils ? La partie chinoise a-t-elle pris des mesures pour les aider à faire face à la situation actuelle ?

A ma connaissance, il y a quelque 700 étudiants djiboutiens dans toute la Chine et 13 à Wuhan, et ils se portent tous bien et sont en bonne santé. La partie chinoise accorde une importance particulière aux étudiants étrangers en Chine et leur offre autant que possible des aides et assistance.

 Pour les étudiants étrangers à Wuhan, le gouvernement local et les universités ont pris toutes les mesures possibles pour leur assurer une vie en sûreté et en santé : des bureaux ad hoc créés aux universités pour offrir des services dédiés aux étudiants étrangers, les 3 repas, des masques et des produits désinfectants distribués à domicile et à titre gratuit, des lignes vertes spéciales ouvertes pour répondre en langues étrangères aux questions des étudiants, des plateformes multilingues mise en place pour diffuser les dernières informations liées à l’épidémie, et le tests réguliers de température assurés par les universités. Telles sont autant de mesures pour montrer que la Chine traitent sur un pied d’égalité et fait preuve d’une équité impartiale envers tout le monde, y compris les étrangers en Chine. 

Propos recueillis par Kennedid Ibrahim