Le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, Moustapha Mohamed Mahamoud, avait chaussé ses crampons de marathonien, jeudi dernier.

Le ministre avait commencé sa journée au milieu de la nuit, en s’envolant vers  Mogadiscio, la capitale fédérale de la République Somalienne, ensanglantée par une série d’attentats meurtriers.  Une mission humanitaire éclaire pour porter une aide médicale d’urgence et des médecins djiboutiens dépêché par le ministère de la santé, qu’il coiffe en l’absence du titulaire du poste. 

Pour le remplacer, il avait mobilisé sa collègue Mme Ouloufa Ismail Abdou, ministre des affaires sociales et des solidarités, pour assurer son intérim (si éphémère). Le ministre y avait mis un point d’honneur qui a mis tout son département sur le pont !

Une mobilisation qui a enthousiasmé députés et élus locaux, figures et anonymes de la région qui n’ont pas rechigné à faire le périple long et pénible sur ces pistes caillouteuses au milieu de décors lunaires et encastrées dans des massifs montagneux décrépits et peu amène.

Pour ne rien arranger, les véhicules tout terrain se grillaient la politesse dans cet interminable convoi soulevant poussière et gravier. Entre Ali Sabieh et Ali Addeh, en passant par Gadid et Obley, il fallait avoir le cœur bien accroché et serrer les dents pour tenir la cadence au pas de charge de la journée ! Un safari infernal somme toute ! Mais le jeu en valait la chandelle…

…Codage

Première étape, la toute nouvelle école bilingue et technologique d’Ali Sabieh, presqu’impatiente d’accueillir ses jeunes pensionnaires. La ministre des affaires sociales et des solidarités, coiffée de la casquette du MENFOP, ne s’est pas faite prier, elle a même mis les petits plats dans les grands ! « Ecole bilingue et technologique avez-vous dit ? » « Cette école porte bien son nom ! Elle offre une palette très large d’enseignement qui va des langues, aux sciences en passant par les technologies de l’information au service de l’enseignement. Les élèves y sont même initiés au Codage. C’est dire ! »

Alternant le somali, l’arabe et le français dans une telle aisance, elle a émoustillé l’un des doyens de la politique de la région  M. Abdi Khaireh, député de son état ! L’homme s’est fendu d’une saillie : « Vous pourriez offrir un cours du soir aux seniors? J’aimerais tellement être initié aux langues et à l’informatique Excellence ? » Provoquant l’hilarité générale. Dans un éclat de rire, elle lui a soyeusement répondu avec le même humour : « Avec plaisir, si vous pouvez m’assurer de l’assiduité de nos ainés ! ».

Plus sérieusement, Mme Ouloufa Ismail Abdou a mis l’accent sur la détermination du chef de l’Etat qui a placé l’école au cœur de sa politique, « il n y a de richesse que d’homme ! » a-t-elle repris cette formule si chère au président de la République ! « Prenez bien soin de cette belle infrastructure scolaire pour le bien des enfants ! » a-t-elle sourit avant de s’engouffrer dans son véhicule et prendre la piste vers Ali Addeh, pour l’acte 2 de la journée.   

…Villagisation  

Le convoi officiel à peine arrivé, le ministre du MENFOP était annoncé sur la route et en vitesse supersonique pour parrainer lui-même l’inauguration du lycée combiné à un collège à Ali Addeh. Ni d’une ni de deux, Moustapha Mohamed Mahamoud, déboulait dans l’enceinte. La population d’Ali Addeh l’acclama comme l’un des leurs. Il faut dire que le ministre est un véritable messie en ces terres de réfugiés.

Sous l’impulsion du président de la République, M. Ismail Omar Guelleh, qui l’a initié, le ministre est aussi le président de la Déclaration de Djibouti, acte fondateur de l’inclusion des enfants des réfugiés dans les systèmes scolaires nationaux dans la région de l’IGAD. Mieux encore, il a instauré le diplôme de l’enseignement secondaire, équivalent du baccalauréat pour les enfants réfugiés, qui peuvent désormais accéder aux bancs des universités.

Le doyen de la population réfugié s’est chargé de faire la litanie des réalisations nombreuses du ministre en faveur des enfants des réfugiés.

Un long standing ovation est monté de partout, depuis la tribune officielle jusqu’à la cour centrale. Le ministre était exalté pour cette nouvelle réalisation ! Le Lycée combiné à un collège dans le village d’Ali Addeh, un établissement scolaire capable d’accueillir six cent élèves et proposant toutes les filières d’enseignement secondaire.

Financé par la Banque mondiale et construit par l’ADDS, cet établissement scolaire est une véritable lumière autant pour les élèves que pour leurs parents désormais affranchis des déplacements vers le chef-lieu pour suivre une scolarité dans l’enseignement moyen et secondaire. D’où l’allégresse populaire qui s’est répandu comme une trainée de poudre. ,

Invité à prendre la parole, le représentant de la Banque mondiale s’est dit « ravi de voir la satisfaction et la joie non contenue des parents si heureux de voir l’école venir à leurs portes ». Il n’en fallait pas plus pour décider le haut responsable à prendre l’engagement de faire mieux et plus pour la population djiboutienne en collaboration avec le gouvernement.  

Un hommage savamment repris par la ministre des affaires sociales  et des solidarités, Mme Ouloufa Ismail Abdou, qui a loué son collègue : «  vous avez réussi à mettre en œuvre avec brio la politique du chef de l’Etat en matière d’éducation. Une politique qui vise à « offrir le maximum de structures d’éducation, c’est à dire d’écoles, collèges et lycées aux enfants djiboutiens mais aussi aux enfants des réfugiés accueillis sur notre sol » a-t-elle déclaré !

Le prophète du jour, Moustapha Mohamed Mahamoud, a laissé parler son cœur pour dire toute sa fierté d’ouvrir les portes de «cet immense lycée combiné à un collège avec une capacité de 600 élèves ».

De mieux en mieux, il a fait des annonces si réjouissantes pour la population d’Ali Sabieh. Les   infrastructures scolaires vont pousser comme des champignons  un peu partout dans la région Assajog avec certaines qui sont déjà en chantier et d’autres dans les pipelines. Hourras et hommages ont fusé de toute part, le peuple était heureux ! 

…Scolarisation universelle à l’horizon 2024

La réjouissance fut de courte durée, puisqu’il fallut reprendre la route vers d’autres réjouissances ? Direction Gadid, à une petite vingtaine de minutes, une grosse demi-heure à tout casser avant d’arriver à ce lieu sacré et de pèlerinage pour les Assajogs ! Raison de plus pour y construire une école ! Pas vrai ?

Le ministre, flanqué des députés, des élus locaux, du préfet et des figures Assajogs, eut droit encore une fois à des olé olé et des pétales de roses. Femmes et hommes était alignés en rang d’oignons, certains remuant énergiquement des rameaux d’oliviers tandis que les autres tapaient des mains et même des pieds. Le messie était là, avec les mains pleines de bonnes nouvelles ! A commencer par une belle école primaire !

Les officiels se bousculèrent pour aider le ministre à en poser la première pierre ! Nous sommes heureux et honorés de cette délicate attention pour nos enfants lança le sage du coin ! Un bon mot avant un flot d’hommages et de remerciements venant de tous les gens de Gadid ! Très touché encore une fois, le ministre se dit ému ! Il prit dans ses bras les sages et embrassa quelques enfants avant de reprendre la route ! Non, ce n’était pas fini !

Encore un peu de route ! Goudronnée cette fois avant de bifurquer vers la plaine d’OBLEY, un bel oasis encaissé dans un massif montagneux. Il y a quelques années, le ministre avait eu la lumineuse idée d’implanter une école ici même dans sa stratégie de « villagisation », un néologisme pour dire création de village où seraient rassemblés les campements nomades éparpillés sur les plaines et les montagnes. L’école et le forage d’eau potable comme noyau dur qui allait attirer le reste des services sociaux de base et partant les familles de pasteurs. Une fois fixées, des activités génératrices de revenus seraient lancées pour leur assurer un peu d’autonomie.  

Objectif atteint pour le ministre car les nomades du coin envoient désormais leurs enfants par  dizaines vers l’école d’Obley. Un premier succès suffisamment encourageant pour lancer la construction imminente d’un réfectoire pour les enfants. Les enseignants aussi auront droit à des logements. La totale pour assurer une scolarisation durable pour ces enfants bergers !

Scolarisation avez-vous dit ? Le ministre est déterminé à atteindre l’objectif de la Scolarisation universelle de tous les enfants en âge d’aller à l’école sur tout le territoire national à l’horizon 2024. C’est le fin mot de cette journée marathon. Tous les enfants, qu’ils soient nomades ou qu’ils aient des besoins spéciaux doivent aller à l’école ! C’est le combat du ministre qui a fortement exhorté les parents à être ses relais auprès du reste de la population locale. Puis, tout ce beau monde a partagé un moment de convivialité sous une tente aménagée pour l’occasion.

Une autre inauguration qui annonce la couleur ! Tous les enfants à l’école ! Et une mention spéciale au ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, un homme d’action et de conviction!

MAS