Le vibrant discours du président de l’Assemblée Nationale, Dileita Mohamed Dileita, prononcé lors de la séance solennelle d’ouverture de la 2ème Session ordinaire du parlement de l’an 2023 de la 9ème Législature.

(( Il y a deux jours, Djibouti a été frappé  par  un séisme modéré de magnitude 4,9 sur l’échelle de Richter. C’est avec effroi que nous avons été réveillés de notre sommeil avant l’aube. Depuis lors, plusieurs répliques sismiques, certaines plus ressenties que d’autres, nous ont maintenu entre inquiétude et alarme.

Cela ravive à notre mémoire, les affres et les désastres que nos frères et sœurs du Maroc  et  de  la  Libye  ont  vécus  dernièrement. Nous leur réitérons nos sentiments de compassion et nos plus sincères  condoléances.

Après la peur et la panique instinctives qui accompagnent pareils phénomènes naturels, ces épreuves de la vie nécessitent de plus en plus une attention singulière, surtout à l’heure des crises écologiques  et  de  risques  climatiques  que  le  développement  humain anarchique fait peser sur la planète.

Il semble que nous devions mettre l’accent autant que possible sur les efforts nationaux visant à prévenir et surmonter les conséquences des catastrophes écologiques. Dans le même esprit, nous appelons l’exécutif à s’engager activement dans  la sensibilisation  de nos  compatriotes aux  enjeux du changement climatique, à  l’instar du dernier sommet africain sur le climat à Nairobi  placé sous le signe de la prise de conscience d’une plus grande  responsabilisation des pays « grands pollueurs » dans le monde.

Mettre l’accent sur les efforts nationaux visant à prévenir et surmonter les conséquences des catastrophes écologiques

Pour revenir sur les enjeux et les prémisses de la plénière de ce dimanche 1eroctobre, l’ouverture de la seconde session ordinaire pour la première fois dans cette 9ème Législature survient près de 7 mois après les élections législatives de février dernier.

Durant la campagne électorale, nous n’avons ménagé aucun effort. Les joutes lors du scrutin furent de longs moments de retrouvailles et de partage avec le peuple qui a souscrit à nos idées et adhéré à notre programme inspiré de la vision et des ambitions du chef de l’Etat.

Au cœur de nos fiefs territoriaux respectifs, nous avons su gagner les cœurs de nos électeurs qui nous ont accordé leurs suffrages pour mieux défendre leurs intérêts et porter leurs préoccupations devant l’exécutif. C’est donc, à présent, détenteurs des aspirations de nos concitoyens que nous devons aborder les chantiers à venir, avec motivation et enthousiasme pour les servir au mieux à la hauteur de leur confiance et de nos responsabilités.

Accorder par le vote les moyens nécessaires au gouvernement pour mettre en œuvre les politiques nationales

Le chef de l’Etat nourrit des ambitions grandes et nobles qui visent à tirer le meilleur parti des avantages comparatifs de notre économie de service. Une économie basée sur notre position géostratégique préférentielle et nos infrastructures de transports multimodales portuaires et aéroportuaires qui desservent toute la sous-région. Il y a quelques semaines, le président de la République a parrainé l’inauguration officielle du parc éolien de 60 MW du Ghoubet. Je voudrais profiter de cette occasion pour lui adresser en mon nom  personnel et au nom des élus du peuple toutes nos félicitations. Ces félicitations sont d’appoint  et  appropriées  car  les  réussites  se succèdent  et ne se ressemblent pas.

Après l’interconnexion électrique  avec l’Ethiopie qui a été un franc succès,  voici que l’énergie éolienne se place comme une source alternative et  durable  pour  subvenir  aux  besoins  électriques  grandissants. Bientôt, c’est le projet d’énergie photovoltaïque  au grand Bara qui sera inauguré sous la houlette du chef de l’Etat, venant apporter son lot de progrès, notamment pour baisser le coût de l’énergie.

Il est du devoir de l’Exécutif de rendre compte de son action devant les représentants du peuple

Cet état d’esprit est  d’autant opportun,  nécessaire, que l’exercice budgétaire qui se profile pour la première fois, en cette nouvelle législature, constitue un challenge formidable pour tout député. Il s’agit d’exercer, au nom de la Nation, la plus prestigieuse de ses missions d’accorder par le vote, les moyens nécessaires (humains, matériels, financiers et autres), au gouvernement pour mettre  en œuvre  les politiques nationales durant une année civile.

Le vote annuel des ressources et des charges publiques est un privilège inhérent au mandat parlementaire, mais c’est aussi une attribution qui nécessite de la part du député, un examen approfondi.

Il doit ainsi exercer son droit de contrôle et sa capacité de proposition, en faisant un certain nombre de suggestions le cas échéant, tout en veillant à ce que le budget réponde bien aux attentes sociales.

Il est donc de notre rôle d’examiner la politique budgétaire proposée par le gouvernement, puis de se prononcer sur elle. Vos choix budgétaires et vos votes conditionneront l’action gouvernementale pour l’année prochaine. La mission est vitale mais surtout indispensable pour le développement de notre pays.

Le budget de l’Etat est l’outil majeur mis à la disposition du gouvernement pour mettre en œuvre sa politique économique et sociale. L’examen du budget est une prérogative essentielle du parlement et l’un des moments les plus propices au dialogue entre le gouvernement et les parlementaires. Cette démarche  vise  essentiellement  à  restaurer  la  performance  de l’action publique, à améliorer la qualité des prestations du service publique  et à accroitre l’impact des politiques publiques sur les populations bénéficiaires.

Certes  les  ministères  préparent  des  documents  de stratégies  sectorielles  conformes  à la vision  Djibouti 2035, qui prescrit des orientations en termes d’objectifs à atteindre. A côté de cette planification, des  difficultés  de mise  en œuvre peuvent surgir  à cause  du  manque de paramètres opérationnels chiffrés, actualisés et alignés  sur  les contraintes budgétaires, ce qui ne manque d’entraver la mise en œuvre des  documents de stratégies ministériels.

L’Assemblée Nationale poursuivra son rôle de gardien et de sentinelle sur l’action gouvernementale

L’institution parlementaire est la maison de veille et de contrôle de l’action gouvernementale. Il est du devoir de l’Exécutif de rendre compte de son action devant les représentants du peuple.

A ce titre, nous aurons à évaluer le travail quotidien du gouvernement. Aussi,  les membres de l’exécutif seront invités très régulièrement à éclairer, justifier et plaider pour le bien-fondé de leur action au profit de la nation. Au-delà des questions au gouvernement lors des sessions parlementaires, les représentant du peuple feront également des visites  de  terrain  pour  s’enquérir  de  visu  de  l’état d’avancement des chantiers de développement lancé  par  le chef de d’Etat.

Au niveau  national,  il  est  essentiel  que les députés échangent et interagissent régulièrement avec leurs concitoyens pour écouter et récolter leurs doléances, puis les transmettre au pouvoir exécutif et en suivre l’exécution au plus haut niveau. Il est également nécessaire  de  poursuivre  la  caravane parlementaire et généraliser ses activités dans la capitale et dans les régions de l’intérieur.

Servir au mieux nos concitoyens à la hauteur de leur confiance et de nos responsabilités

Ensemble nous travaillerons à faire de notre parlement un temple vivant de la démocratie représentative à travers la vitalité de ses débats et la diversité des opinions exprimées.

Un parlement qui veille à la qualité de la législation qui lui est soumise par ses amendements appropriés et orientés vers la prise en charge des besoins des couches les plus vulnérables.

Un parlement  contrôleur qui promeut la transparence, la bonne  gouvernance  et la redevabilité  des élus  et  des gouvernants.

Un parlement qui travaille en bonne intelligence avec le gouvernement, en cherchant  ensemble les dysfonctionnements en vue d’y remédier sans entraver l’atteinte des objectifs et la prestation efficiente des services publics à l’adresse des citoyens et des opérateurs économiques.

Un parlement qui concourt activement à des relations interinstitutionnelles apaisées et qui participe à la prévention et à  la résolution  des  conflits  tant  au  niveau  national  qu’international.

Poursuivre la caravane parlementaire et généraliser ses activités

En conclusion, l’Assemblée nationale poursuivra son rôle de gardien et  de sentinelle sur l’action gouvernementale. Nous insistons sur l’importance d’une culture de reddition de comptes et de contrôle  des  dépenses publiques, conformément aux principes  fondamentaux inscrits  dans nos textes législatifs. A ce titre, les efforts de chacune et chacun d’entre nous, seront nécessaires. Nos contributions durant cette Session, comme lors du reste du mandat d’ailleurs, appellent à répondre de la satisfaction et des préoccupations de nos concitoyens.

C’est à   cette  fin  que  nous  saluons  le  peuple  djiboutien, qui a su toujours tirer le meilleur parti des  périodes de croissance et de développement durable.

Avec  la grâce  du Tout Puissant, nous sommes  convaincus  que nous saurons faire face à tous les défis et les aléas  de la vie qui se présentent à nous.))