Des études sur les gaz émis le long du rift africain, ont révélé la présence à Djibouti, d’une nouvelle source énergétique propre. Des chercheurs français issus de l’université de Pau et des pays de l’Adour (UPPA) ont, lors d’un atelier organisé le mercredi 20 novembre dernier dans la salle de conférence de l’Office Djiboutien pour le Développement de l’Energie Géothermique (ODDEG), présenté les résultats préliminaires de leurs recherches effectuées dans ce domaine. Lesquels ont mis en évidence l’existence d’hydrogène natif, à Djibouti: Un gaz qui se présente actuellement dans le monde, selon la cheffe de cette mission de scientifiques française, Dr. Isabelle Moretti, comme une alternative énergétique en termes de production électrique.

Des scientifiques français, de l’université de Pau et des pays de l’Adour (UPPA), qui mènent des travaux de recherches sur les gaz émis le long du rift africain, séjournent depuis de ces derniers temps sous nos cieux. Les résultats préliminaires de leurs études effectuées sur le côté djiboutien de ce rift, ont fait l’objet d’un atelier le mercredi 20 novembre dernier. Placé sous l’égide du directeur général de l’Office djiboutien pour le développement de l’énergie géothermique (ODDEG), Dr. Kayad Moussa Ahmed, ledit atelier a réuni dans les locaux de l’ODDEG, sis le long de la route nationale n°1, à PK 20, les hauts cadres et les jeunes géologues de cette agence  nationale en charge, du développement de la géothermie.

A cette occasion, la cheffe de cette mission, Dr. Isabelle Moretti et son collègue Dr. Jacques Varet, ont tour à tour évoqué le but et l’apport de leurs études dans le développement de l’énergie géothermique. Le 3ième membre de cette équipe de géologues, en l’occurrence Gabriel Pasquet, dont cette étude a trait à sa thèse, s’est quant à lui, penché sur les analyses d’interactions eau/roche et les émissions de gaz liés à cette activité naturelle de la terre.

Dans son intervention, Dr. Isabelle Moretti a d’abord présenté à l’assistance l’activité mondiale de l’hydrogène natif et de son potentiel à remplacer l’hydrogène manufacturé.

«La nécessité d’une énergie plus verte s’impose de plus en plus mais il n’y pas vraiment encore de carburant sans C02 aussi efficace que les hydrocarbures. Dans ce contexte l’hydrogène est progressivement apparu comme une alternative intéressante» a-t-elle indiqué.

A l’entendre la consommation actuelle d’H2 est de l’ordre de 60 000 Mt/an, en progression. «Car l’H2 commence à devenir un fuel alternatif de la mobilité plus verte : train, bus et voiture fonctionnant sur des piles à combustible se généralisent», a dit la cheffe de la mission des scientifiques de l’UPPA, aux djiboutiens en face d’elle.

Selon cette scientifique française, on peut détecter ce précieux gaz dans les zones de suture, les bassins intracratoniques et dans le cas des rifts actifs, au niveau des rides médio-océaniques.

Cette nouvelle source énergétique verte s’ajoutera au bouquet géothermie, solaire et éolien que Djibouti a en abondance. Mais pour l’instant les recherches sont encore au stade préliminaire et la convention signe le mercredi 20 novembre dernier entre les chercheurs de cette université française et l’ADDEG, permettra aux scientifiques de ces deux institutions à approfondir les recherches dans ce domaine, de mener conjointement des missions de reconnaissance sur les différents sites présumés, d’analyser les gaz dissouts dans les fluides géothermiques  et de déterminer donc ainsi le lien entre les gaz émis en surface et ceux des futurs réservoirs géothermiques.

Rachid Bayleh

Le point avec…Dr. Isabelle Moretti

Université de Pau et des Pays de l’Adour, membre de l’Académie des technologies, spécialiste de l’énergie

«Les mesures restent à faire et le lien avec les sources géothermales à préciser, c’est ce que nous sommes en train de faire avec l’ODDEG»

Actuellement cet hydrogène provient du méthane, seul 5%, une part limitée mais grandissante, est issue de l‘électrolyse et peut donc être considérée comme verte. En parallèle le potentiel de l’hydrogène natif commence à être exploré. Des rides médio océaniques s’échappent environ 10 000 t/an/km mais l’économie d’une production offshore parait difficile. Les données des quelques sites producteurs ou monitorés (Mali et Brésil) en contexte continental, montrent eux aussi des flux élevés. Ils permettent d’envisager de remplacer l’H2 fabriqué par de l’H2 natif, comme l’industrie a remplacé il y a 50 ans le gaz de ville, manufacturé à partir du charbon, par du gaz naturel. Le cas du Mali où de l’hydrogène natif est produit depuis 5 ans pour alimenter en électricité un village est particulièrement instructif. Les données dans les deux contextes (océanique et continental) plaident pour une génération continue d’H2 du fait de l’oxydation de certaines roches riches en fer ou en magnésium. La cinétique de ces réactions et leur réversibilité restent à préciser mais permet d’être optimiste et le rift africain pourrait aussi être un lieu de génération d’hydrogène par oxydation de certaines roches. Les mesures restent à faire et le lien avec les sources géothermales à préciser, c’est ce que nous sommes en train de faire avec l’ODDEG».