Dr Nabil Mohamed Ahmed, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche

 Dans le cadre du concours organisé par l’opérateur français spécialisé dans les systèmes de lancement des satellites, Arianespace, dont Djibouti et son futur nano-satellite ‘‘DJIBOUTI-1B’’ figure parmi les six start-up finalistes, pour la mise en orbite de son nanosatellite, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, le Dr. Nabil Mohamed Ahmed a bien voulu nous accorder cette interview à travers laquelle il nous fait part de sa grande fierté de voir l’expérience de la jeunesse djiboutienne déjà classée parmi les meilleures au monde pour la qualité de son projet.

La nation : Monsieur le ministre, pouvez-vous d’abord nous donner des détails sur ce projet, qui a permis à notre pays de se hisser parmi les six start-up retenues par Arianespace, dont notamment son objectif et son utilité pour notre pays?

Dr Nabil Mohamed Ahmed : Je voudrai en premier lieu remercier le Président de la République, SE M. Ismail Omar Guelleh pour avoir initié et cru en ce projet de fabrication et mise en orbite d’un satellite djiboutien construit par des jeunes djiboutiens en formation actuellement au Centre Spatial Universitaire de Montpellier. Le CSUM est encadré par le Pr. Laurent Dusseau qui a lui-même rencontré le Président de la République il y a un an à Djibouti pour asseoir un partenariat entre le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et le Centre Spatial Universitaire de Montpellier.

La vision du président est de doter Djibouti de capacités pouvant lui permettre d’acquérir les nouvelles technologies à haute valeur ajoutée économiquement et socialement comme le domaine du numérique et des nanotechnologies. Le domaine de l’espace n’est pas en reste. Nous rentrons dans une période où les satellites permettent de disposer d’images claires sur notre environnement et nos ressources pour une meilleure gestion de l’eau, des sols, de la mer et des océans mais également développer les communications et le transfert d’informations. Deux options s’offraient à nous, celle toute simple d’acheter un satellite tout fait ou celle de former nos jeunes ingénieurs et techniciens pour construire nos satellites. Nous avons opté pour cette deuxième option qui permet le transfert de technologies et sa maîtrise, seules conditions pour innover par la suite et faire évoluer les satellites que nous construirons une fois le savoir-faire acquis.

L’objectif premier visé par Djibouti est le développement durable par le suivi des impacts des changements climatiques dans la région Est africaine (région IGAD) pour une meilleure adaptation et résilience à la variation du climat et de la pluviométrie.

Nous souhaitons également développer des satellites pour les communications et un appui à notre secteur de la logistique et du transport.

Nos étudiants (5 ingénieurs et 5 techniciens) ont fini leur formation théorique avec succès et ont présenté leur projet finalisé du nano satellite Djibouti 1A. Un autre projet, le Djibouti 1B a été présenté, avec le soutien de CSUM, au concours lancé par Arianespace et a eu le mérite d’être retenu parmi les 6 finalistes.

Bravo à nos jeunes qui font déjà notre fierté.

 Qu’est ce que ça vous fait de voir aujourd’hui une start-up djiboutienne placée dans le cercle fermé des finalistes de ce concours organisé par Arianespace.

Une grande fierté bien sûr et le sentiment que tout est possible si on croit que Djibouti peut arriver à se hisser parmi les pays qui innovent et développent des nouvelles technologies. Nous donnons l’exemple à toute l’Afrique qu’une politique décomplexée et des actions constructives préparant l’avenir peuvent nous permettre d’atteindre nos objectifs. Le plus important, ce sont certes les idées et les compétences avec pour clés les hommes et les femmes qui les détiennent mais nous aurons encore une fois démontré qu’une politique visionnaire peut nous permettre d’atteindre l’espace tout en ayant les pieds sur Terre. Djibouti entre aujourd’hui, avant même d’avoir mis en orbite son satellite, dans le cercle fermé des pays qui ont la capacité de produire des satellites.

 Êtes-vous ambitieux de remporter le premier prix de ce concours ?

C’est mon rêve absolu et cela doit être celui de tout djiboutien qui aime son pays, qui croit à son avenir et comme le souhaite le Président de la République à son rayonnement dans le monde.

Selon vous, quels sont les arguments qui vous permettront de convaincre le jury ?

La volonté affichée d’un jeune pays, pas vraiment riche mais préoccupé de veiller à développer ses capacités humaines pour acquérir les nouvelles technologies pour une gestion durable de ses ressources et capables de mettre à disposition des pays de la corne de l’Afrique des données pour suivre les changements climatiques et orienter les politiques d’adaptation et de résilience. La jeunesse de notre équipe djiboutienne dont c’est la première expérience et déjà classée parmi les meilleures au monde pour la qualité de leur projet. C’était inimaginable il y a un an lorsque le Président de la République m’a chargé de conduire ce projet auquel il tient beaucoup.

Notre sérieux dans la concrétisation de ce projet qui reste encore hors d’atteinte de beaucoup de pays dans le monde et pas uniquement africains.

Un mot pour clôturer ?

Nos prières pour être les vainqueurs de ce concours et dire bravo à nos jeunes qui serviront d’exemple quelle que soit l’issue du concours.

Premier ou pas, notre projet de lancement se poursuit pour lancer non seulement un satellite comme initialement prévu mais pour en lancer deux, INCHA-ALLAH.

Interview réalisée par Rachid Bayleh