« Une politique nationale a été élaborée, ayant pour but de créer pour tous les enfants un environnement protecteur favorisant la réalisation de leurs droits fondamentauxet l’accès équitable aux services sociaux de base »

Dans le cadre du 30ième anniversaire de la convention des droits de l’enfant, la ministre de la femme et de la famille, Moumina Houmed Hassan, met en lumière, à l’occasion de cet entretien, les progrès réalisés par notre pays dans ce domaine et les différents projets en cours.

La Nation : Les pays du monde, y compris le nôtre, ont célébré cette année le 30ième anniversaire de la convention relative aux droits des enfants. Quelles sont les actions entreprises par votre département pour promouvoir l’enfant djiboutien ?

Moumina Houmed Hassan : Comme vous le savez, la république de Djibouti à ratifié toutes les conventions internationales protégeant les droits des hommes et par conséquent des femmes et des enfants. Une politique nationale pour le développement et la protection de l’enfant a été élaborée également par notre pays en avril 2018. Cette politique, comme le  PASNED qui l’a précédé, se base sur une vision centrée sur l’épanouissement et le développement de l’enfant, à travers la promotion et la protection des droits des enfants tels que définis dans la Convention des Droits de l’Enfant (CDE). Cette politique a pour but de créer pour tous les enfants un environnement protecteur favorisant la réalisation de leurs droits fondamentaux et l’accès équitable aux services sociaux de base. Elle devra assurer à l’enfant l’application effective des dispositions des instruments internationaux, régionaux et nationaux relatifs aux droits de l’enfant, en matière de survie, de développement, de protection et de participation.

Cette année, le ministère de la Femme et de la Famille a mis en place des normes et standards pour des services de qualité et inclusive en faveur du développement de la petite enfance.  Une loi a été élaborée et promulguée. Cette loi sur l’institutionnalisation des crèches et garderies a pour objectif de définir et de développer des normes et des services de développement intégré de la petite enfance par la mise en place de crèches, de garderies  et de centres d’éveil sur l’ensemble du territoire. Les services intégrés avant 18 mois sont pris en charge par les parents. 13 crèches communautaires, dont 5 sont implantées dans les régions de l’intérieur, sont actuellement opérationnelles sur l’ensemble du territoire national. Ces crèches communautaires accueillent  un nombre total de 195 enfants âgés de 18 mois à 3 ans. En ce sens nous avons également formé une quinzaine de jeunes filles auxiliaires puéricultrices et elles ont été affectées pour tenir ces crèches. Les services de crèches et de garderies dispensent un paquet de services aux enfants (santé, nutrition, protection de l’enfant, éducation, eau et assainissement et stimulation) en l’absence temporaire de leurs parents ou de leurs responsables légales adultes. Ces services sont holistiques et démontrent l’appréciation de l’importance de prendre en compte les besoins de santé, de nutrition, d’éducation, psychosociale et autre de l’enfant dans le contexte de la famille et de la communauté. Les services de DPE de qualité doivent reconnaître le rôle important joué par les parents, les éducateurs, les auxiliaires puéricultrices et les assistantes maternelles.

En 2018, le ministère de la Femme et de la Famille, en étroite collaboration avec l’Assemblé Nationale et le ministère de l’Education Nationale, a mis en place “Le Parlement des enfants”. Cette instance permet aux écoliers et étudiants de notre pays, par la pratique du dialogue et du débat démocratique, de découvrir le rôle du législateur lors d’un travail en classe réalisé durant une partie de l’année scolaire sur un thème annuel portant sur des sujets sociétaux d’actualité. Le 1er parlement des enfants a siégé le 13 mai 2018 sous la présidence du Président de l’Assemblé National. 2 résolutions ont été prises par les enfants parlementaires, il s’agit de l’acte n°6/AN/2018, portant sur la sécurité des enfants aux abords des routes menant vers l’école et sur l’aménagement des établissements pour une meilleure inclusion des enfants à besoins spéciaux.

Dans ce même cadre, quels sont les projets futurs ou en cours de réalisation dans l’agenda de votre ministère ?

Nous avons présenté récemment une loi portant sur la prévention, protection et prise en charge des violences faites aux femmes et aux enfants au conseil des ministres et passera bientôt devant les parlementaires. Cette loi vise à mettre en place les mesures susceptibles de prévenir, de protéger, de prendre en charge les victimes de violence basée sur le genre, et de poursuivre les auteurs de ces violences. Elle démontre la détermination de l’Etat à prendre en charge les femmes victimes de violence et les enfants qui résident avec elle.

Et dans le domaine des MGF, une étude qui a pour mission d’évaluer le taux de prévalence en république de Djibouti est en cours. L’étude sur les Mutilations Génitales Féminines se justifie donc par le besoin de collecter et disposer d’informations et données fiables, actuelles, représentatives qui tiennent compte de la situation des femmes/filles sur l’ensemble du territoire national. Nous allons communiquer les résultants de cette étude en janvier prochain. En ce qui concerne, le développement de l’enfance, 2 centres d’éveil seront construits très prochainement dans 2 régions de l’intérieur Obock (Chef-lieu) et Arta (Damerjog).

Malgré ces actions et les lois en vigueur à Djibouti, beaucoup d’enfants errent toujours dans les différentes artères de la capitale et sont souvent exposés à des dangers. Quelles sont les actions prévues par le MFF pour ces enfants ?

Dans le respect des prérogatives du ministère de la Femme et de la Famille de mener à bien sa mission de protection et du bien-être des couches les plus vulnérables de la société (notamment les mendiants), il est prévue de faire une réunion entre le ministère de la Femme, celui de l’Intérieur et celui des affaires musulmanes et des Biens Waqf, dans le but de mener des réflexions et d’apporter une réponse collective.

Propos recueillis par Rachid Bayleh