Suite à l’élection de la République de Djibouti à la présidence de la 73ème session du comité exécutif du Haut-Commissariat des Nations unies aux Réfugiés, qui s’est tenue en octobre dernier à Genève, nous avons sollicité et obtenu un large entretien avec le secrétaire exécutifde l’ONARS, Houssein Hassan Darar. L’homme a passé les trente dernières années à gravir les échelons de l’institution avant d’en prendre les rênes. Les réfugiés le considèrent aujourd’hui comme l’alpha et l’oméga de l’action humanitaire dans notre pays !

La Nation : L’élection de notre pays à la tête de l’instance dirigeante du HCR est une belle consécration pour la politique d’ouverture et d’intégration des réfugiés à Djibouti…

Houssein Hassan Darar : Absolument. Il faut rendre à César ce qui appartient à César ! Cette distinction pour notre pays n’est rien d’autre que l’aboutissement d’une politique éclairée et volontariste rondement menée par le président de la République, Son Excellence M. Ismail Omar Guelleh,en faveur des réfugiés et demandeurs d’asile. Le chef de l’Etat a donné une dimension internationale à notre culture d’hospitalité et de générosité traditionnelle. Il a pris des engagements devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York en Septembre 2016 au siège des Nations Unies à New York. Des engagements parfaitement honorés par son gouvernement. Permettez-moi de rappeler à ce titre la Loi sur les réfugiés, adoptée par le législateur et ses deux décrets d’applications qui ont été pris en Conseil des ministres.

Ce corpus législatif a renforcé les droits des réfugiés et raffermi leurs protections. Mieux encore, les réfugiés ont accès à nos écoles et nos hôpitaux ainsi que notre système de sécurité sociale grâce à cette Loi. Nous sommes aujourd’hui à la troisième promotion d’enfants de réfugiés qui vont à l’université après avoir validé leurs diplômes de l’enseignement secondaire. Je ne compte même pas ceux qui ont bénéficié de nombreuses formations professionnelles, ni même ce qui ont accès à notre système bancaire à travers l’ouverture de comptes, l’accès à des prêts bancaires et des caisses populaires d’épargne et de crédit. Tout cela relève de la politique d’intégration des réfugiés dans le tissu socioéconomique national. Les réfugiés ont même voie au chapitre dans le plan de développement national ! C’est dire !

Parlez-nous-en justement de cette politique d’intégration des réfugiés à Djibouti…

Cette politique prend racine dans le Cadre global d’action pour les réfugiés (CRRF, de son acronyme anglais), qui est mis en œuvre de manière collégiale par les ministères de l’intérieur, de l’éducation nationale, de la santé et les affaires sociales. L’ONARS est un maillon essentiel dans cette chaine de la solidarité avec nos frères et sœurs réfugiés.

Notre politique humanitaire a d’ores et déjà porté ses fruits et convaincu nos amis et partenaires dont notamment le HCR, le PAM et l’Union européenne, pour ne pas être exhaustif, à nous apporter un appui conséquent conformément au partage de responsabilité entre les pays hôtes et la communauté internationale. Notre ambassadrice et chef de mission permanente de Djibouti à Genève, Mme Kadra Ahmed Hassan, mène un travail acharné et sans failles pour promouvoir les efforts fournis par Djibouti pour améliorer les conditions de  vie des réfugiés.

Par ailleurs, et conformément à la vision et la volonté politique du président de la République, Son Excellence M. Ismail Omar Guelleh, une bonne inclusion des réfugiés nécessite la parfaite structuration des villages de réfugiés.

Aussi, nous travaillons avec l’Agence des Routes, de l’Urbanisme et des Logements Sociaux (ARULOS) sur un projet d’aménagement des villages de  réfugiés à Ali Addeh, HollHoll et Markazi grâce à un financement de la Banque mondiale. Depuis l’élection de notre pays à la présidence du comité exécutif du HCR, elle va à siéger défendre encore plus nos valeurs et nos réalisations avec plus de force en sa qualité de représentante de la République de Djibouti. Notre pays qui a laissé ouvert ses frontières aux demandeurs d’asile et aux migrants même au plus fort de la pandémie de la Covid 19. A Ali Addeh, HollHoll et Markazi, l’inclusion des réfugiés au sein des communautés hôtes est à marquer d’une pierre blanche. Les organisations internationales et les pays de la région nous félicitent pour ce succès. 

A ce propos, la confiance et la coopération sont des éléments clés pour le succès d’une politique aussi ambitieuse…

Je ne vous le fait même pas dire. Permettez-moi tout d’abord de vous rappeler que sous l’impulsion du chef de l’Etat, la République de Djibouti avait initié la déclaration de Djibouti sur l’éducation des enfants  des réfugiés, en 2017. Le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, Moustapha Mohamed Mahamoud, a présidé cette conférence de l’IGAD qui nous a permis par ailleurs de développer une plateforme d’échange d’expérience avec les pays de l’IGAD.

En signe de reconnaissance, le Haut-commissaire des nations unies aux réfugiés, Phillipo Grandi, s’était personnellement déplacé à Djibouti pour participer à cette conférence pour appuyer tous les efforts menés dans le renforcement de la protection et de l’inclusion des réfugiés.

Il aime à désigner notre pays comme modèle pour le monde entier lors des assemblées générales des nations unies et des rencontres au sein des instances du HCR. Il est de fait notre premier ambassadeur !  Le haut-commissaire prévoit de revenir à Djibouti pour participer au forum national sur l’inclusion des réfugiés à Djibouti qui se tiendra dans le courant de l’année 2023.

Plus récemment, nous avons effectué une mission technique interministérielle en collaboration avec le HCR à Kigali, au  Rwanda pour échanger nos expériences sur les meilleures pratiques en matière d’inclusion des réfugiés. Ce fut une expérience très utile qui nous permettra de renforcer notre collaboration en faveur de l’inclusion des réfugiés dans le tissu socioéconomiques de nos pays de la région. Toutes ces activités ont hissé l’image de marque de notre pays au niveau international.

Aujourd’hui, le leadership de notre pays dans la gestion des réfugiés est reconnu et salué par l’ensemble des partenaires bilatéraux et multilatéraux engagés dans la cause des réfugiés. Il s’agit des Agences des Nations Unies, la Banque Mondiale, l’Union Européenne et les  divers partenaires financiers et tous les autres acteurs humanitaires et de développement. Ce grand succès n’est-il pas l’illustration même d’une confiance et d’une coopération accrue entre la république de Djibouti et la communauté internationale.

Propos recueillis par MAS