Suite à la récente visite effectuée par le ministre de l’intérieur à la tête d’une forte délégation de diplomates et de représentants des organisations internationale, nous sommes allés à la rencontre du secrétaire exécutif de l’ONARS, M. Houssein Hassan Darar, qui a bien voulu nous éclairer sur un certain galvaudage dans les rôles et les responsabilités dans la gestion du centre de quarantaine pour les migrants d’Ar Aoussa, dans la région d’Ali Sabieh. Entretien…

La Nation : Dans quel cadre s’inscrivait la récente visite du ministre de l’intérieur, Moumin Ahmed Cheikh, à la tête d’une forte délégation au centre de quarantaine des migrants à Ar-Aoussa?

Houssein Hassan Darar : Suite à l’alerte que nous avons lancé à travers les colonnes du Journal La Nation, pour avertir sur les conditions de vie des migrants du centre de quarantaine de Ar-Aoussa, nous avons pu mobiliser le corps diplomatique ainsi que les organismes des nations unies. C’est ainsi qu’une forte délégation de haut niveau composée notamment du Secrétaire exécutif de l’IGAD, des ambassadeurs de France et de l’Union européenne, la coordinatrice du système des nations unies, les représentants du PAM, de l’UNICEF, de l’OIM et d’autres organisations internationales a accompagné le ministre de l’intérieur pour prendre le pouls des migrants accueillis dans ce centre. Nous sommes ravis donc que  notre appel ne soit pas resté lettre morte et surtout de la réponse rapide de la communauté internationale.

Que ressort-il de cette visite ?

Le Centre de quarantaine est unique dans sa gestion, car le gouvernement a offert le droit de résidence sur notre sol à ces migrants et leur a offert la nourriture, l’eau, et les installations de santé, mais le fonctionnement nécessite un fort soutien car nos dépenses dépassent la cinquantaine de millions de Fdj à ce jour, et nous avons utilisés nos propres fonds sans aucune aide extérieure.

Pourtant, l’IGAD, l’UE ou l’OIM, sans compter le reste des organismes et des Etats amis, ont l’obligation morale d’apporter leur soutien précieux et indispensable à cet élan humanitaire en ces temps troublés de crise sanitaire. Cette visite a permis de faire constat unanime ; il y a urgence de partager le fardeau des migrants, car l’Etat de Djibouti a déjà énormément fait aussi bien pour les migrants que pour les réfugiés. Mais si la communauté internationale n’apporte pas un accompagnement conséquent, nous serions à courts d’options, et les difficultés iraient s’accroitre dans le domaine financier, notamment.

Quelle est la part de l’ONARS dans cet élan humanitaire ?

Conformément à nos obligations légales et morales, notre gouvernement a assuré l’accueil et les prestations de base comme le gite et le couvert mais aussi les soins de santé, etc. L’ONARS s’est chargé de l’essentiel en convoyant ces pauvres migrants depuis la ville d’Obock où ils ont posé pied à terre après une traversée périlleuse du Golfe d’Aden, dans la mer rouge. Et nous avons offert la nourriture et les soins de base. Naturellement, c’est le rôle premier de l’OIM qui est en charge des migrants, mais l’OIM toute seule ne pourrait couvrir cet important centre qui accueille plusieurs centaines de migrants dont les besoins ne sont pas toujours les mêmes car ils ont été diversement rudoyés par leurs expériences de l’exil. A l’image du HCR, qui travaille main dans la main avec l’ONARS en ce qui concerne les réfugiés, il est tout à fait indispensable que l’OIM s’associe avec notre organisme pour relever le défi colossal que constituent l’accueil et la prise en charge des populations migrantes en ces temps de crise sanitaire.

N’y a-t-il aucun soutien de la communauté internationale ?

L’Union européenne a débloqué un fonds de 3 Millions d’Euros spécialement pour le chapitre des migrants à l’unité des migrations de l’ONARS. Et j’aimerais à ce titre souligner le soutien précieux de l’Union européenne et lui exprimer mes sincères remerciements. C’est l’OIM qui a hérité de la gestion de ce fonds. Seulement, un certain flou s’est installé dans les rôles et les missions ainsi que le partage des responsabilités entre l’ONARS et l’OIM. Aussi, il nous parait indispensable de nous faire connaitre les détails des dépenses de ce fonds dont une bonne partie devrait idéalement aller vers la gestion de ce centre de quarantaine d’Ar-Aoussa.

Sans vouloir jeter la pierre à qui que ce soit, nous aimerions pouvoir lever toute formes d’ambigüités et trouver un terrain d’entente pour la gestion collégiale et coordonnée du centre de quarantaine d’Ar-Aoussa. Dans le même ordre d’idée, et compte tenu des besoins énormes du centre de quarantaine d’Ar-Aoussa, nous pensons que l’OIM a l’obligation de s’associer avec l’ONARS pour pouvoir aplanir les incompréhensions et trouver un parfait terrain d’entente dans la gestion des fonds alloués par la communauté internationale à la gestion des migrations et spécialement le centre de quarantaine d’Ar-Aoussa. En résumé, sans l’accompagnement de la communauté internationale, nous serions incapables d’offrir des conditions d’accueil dignes et décentes à ces populations de migrants qui sont dans la plus grande précarité.

Propos recueillis par MAS