Le récent voyage du président français Emmanuel Macron à Djibouti, qui a eu lieu ce weekend, marque une étape importante dans le renforcement des relations entre la France et la République de Djibouti. Si cette visite s’inscrit dans un cadre diplomatique traditionnel, elle prend une résonance particulière dans un contexte international de plus en plus complexe. Alors que l’Afrique subsaharienne est en proie à des turbulences politiques et à une multiplication des tensions sécuritaires, le rôle de Djibouti en tant que pilier de stabilité dans la région ne saurait être sous-estimé.
Alors que la France cherche à maintenir son influence sur un continent en pleine recomposition géopolitique, elle se heurte à une série de crises, notamment en Afrique de l’Ouest, où les coups d’État militaires et les conflits internes ont redéfini les rapports entre anciennes puissances coloniales et nations africaines. Le sentiment anti-français, nourri par des années de néocolonialisme, s’est intensifié, incitant la France à réévaluer ses priorités et ses stratégies vis-à-vis de l’Afrique.
A l’autre bout du continent, en Afrique de l’Est, c’est un tout autre tableau qui se présente. Djibouti, épargnée par ces turbulences, apparaît comme une exception. Ne connaissant ni guerre civile, ni coups d’État, le pays jouit d’une stabilité que beaucoup d’autres nations lui envient. Cependant, cette stabilité, bien que précieuse, n’est pas sans ses défis. Djibouti n’est pas directement en guerre, les armes tonnent à ses frontières, du fait de l’insécurité croissante dans ses pays voisins, notamment en Somalie et au Yémen. La montée des groupes terroristes et l’intensification des conflits régionaux représentent des menaces permanentes, obligeant Djibouti à naviguer prudemment pour préserver sa sécurité tout en s’impliquant dans des initiatives régionales de paix.
Par ailleurs, la situation géographique de Djibouti, au carrefour de l’Afrique et du Moyen-Orient, lui confère un rôle déterminant dans la lutte contre l’insécurité maritime. Le pays est le gardien d’un passage stratégique : le détroit de Bab el-Mandeb, qui relie la mer Rouge à l’océan Indien. Ce détroit est l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, servant de couloir pour le commerce international, notamment l’approvisionnement énergétique mondial. Djibouti, avec ses infrastructures portuaires modernes, joue un rôle essentiel dans la sécurisation de ce passage vital.
En collaboration avec la France et d’autres partenaires internationaux, elle contribue activement à la lutte contre la piraterie, le terrorisme et le trafic illicite en mer.
Dans ce contexte, la visite du président Macron revêt un caractère symbolique et stratégique. Elle marque un rapprochement entre deux nations partageant des intérêts communs en matière de sécurité régionale, de stabilité et de coopération économique. Pour Djibouti, ce partenariat avec la France est un gage de soutien dans la préservation de sa souveraineté et de sa sécurité nationale face aux défis régionaux. Pour la France, il lui permet de s’acquitter de ses responsabilités comme puissance membre du Conseil de sécurité tout en renforçant sa présence dans une région clé de l’Afrique.
Ainsi, la visite de Macron à Djibouti va bien au-delà d’une simple formalité diplomatique. Elle témoigne de l’engagement renouvelé de la France envers son partenaire stratégique dans la corne de l’Afrique. Dans un continent secoué par des crises multiples, Djibouti demeure un bastion de stabilité et de coopération internationale. Un modèle de résilience et de pragmatisme dans un monde où les lignes géopolitiques ne cessent de bouger.