Il aura fallu du temps, de la patience et, sans doute, une bonne dose de diplomatie silencieuse pour finalement aboutir à une entente sur la redéfinition de la coopération militaire entre le RDD et la France. Une entente que le président IOG et son homologue français Emmanuel Macron devait parachever par la signature, le 24 juillet 2024 à Paris, d’un «Traité de Coopération en Matière de Défense » (TCMD).
En adoptant, mardi dernier, le projet de loi portant ratification de cet accord stratégique, le gouvernement djiboutien confirme une volonté claire : celle de redéfinir les termes d’un partenariat historique dans un monde qui n’est plus tout à fait le même.
Depuis l’indépendance de notre pays, la coopération militaire avec la France s’est imposée comme un pilier de notre architecture sécuritaire. Mais les dynamiques géopolitiques ont évolué. Depuis quelque temps, Djibouti a quitté son rôle de simple point d’appui d’intérêts étrangers, pour se muer en un acteur régional stratégique très courtisé. Dans ce contexte, quoi de plus sain que de vouloir réactualiser les fondements de notre alliance avec Paris ?
Loin de constituer un simple ajustement technique, le nouveau TCMD, fruit de longues négociations, marque une inflexion politique : l’affirmation d’un partenariat d’égal à égal et débarrassé des réflexes postcoloniaux. Il consacre un double engagement : celui de Djibouti à assumer pleinement sa place dans le nouveau jeu international d’une part, celui de la France à respecter les exigences de souveraineté et de transparence, d’autre part.
La ratification prochaine du TCMD par l’Assemblée nationale lui donnera une portée juridique et symbolique forte. Elle ouvrira la voie à une coopération mieux encadrée, fondée sur des intérêts partagés : une formation accrue pour nos forces armées, une participation équilibrée aux exercices conjoints et une plus grande maîtrise nationale des dispositifs sécuritaires présents sur notre sol.
Mais au-delà des clauses et des protocoles, le TCMD est aussi le reflet d’une métamorphose : celle d’un État souverain qui n’accepte plus de souscrire aux logiques de dépendance, mais qui entend peser pleinement dans le choix de ses partenariats. La France, de son côté, semble avoir entendu ce message. En acceptant de renégocier les termes de sa présence militaire, elle reconnaît la nécessité de s’adapter à une nouvelle réalité : le continent africain refuse désormais d’être cantonné à une arrière-cour stratégique. Il revendique le droit de parler d’égal à égal.
Il appartient désormais aux deux parties de faire vivre ce traité, dans le respect mutuel et avec la rigueur qu’exige toute coopération durable. Pour Djibouti, ce texte n’est pas une fin, mais un levier. Un levier pour consolider sa sécurité et renforcer ses capacités nationales, tout en faisant entendre sa voix dans un monde en recomposition. Car la souveraineté n’est pas une posture, c’est une responsabilité. Elle nous engage et nous oblige à l’excellence, à la vigilance et à la constance. Et c’est ainsi qu’elle doit être comprise.