Face à la tourmente diplomatique qui agite la Corne de l’Afrique, Djibouti se trouve aujourd’hui à un carrefour délicat. En tant que président en exercice de l’IGAD, notre pays est appelé à jouer un rôle stabilisateur dans une région déjà fragilisée par les conflits. L’offre faite à l’Éthiopie de prendre en cogestion le Port de Tadjourah ne répond pas uniquement à des impératifs économiques, mais aussi à une logique de maintien de la paix dans la région. Si cette initiative suscite des critiques, il est essentiel d’en rappeler le contexte et les objectifs.

La situation actuelle découle de la décision controversée de l’Éthiopie de signer un mémorandum d’entente avec le Somaliland, provoquant ainsi une crise ouverte avec le gouvernement fédéral somalien. En avançant une alternative à Addis-Abeba, Djibouti agit en tant que médiateur régional, soucieux de préserver la paix. La proposition constitue une réponse pragmatique à une situation complexe. Elle vise avant tout à apaiser les tensions tout en protégeant les intérêts djiboutiens.

Les accusations portées par certains, qui voient dans cette proposition une manœuvre économique au détriment de leurs propres intérêts, ne peuvent être ignorées. Maiselles sont indéniablement puériles et sans fondement. Djibouti, en tant que nation souveraine et leader régional, a la responsabilité d’œuvrer pour la paix dans la région. Dans cet esprit, ses initiatives, même si elles doivent parfois être contestées, sont avant tout destinées à éviter une escalade des conflits.

D’autres, coutumiers des excès de langage, parlent de « bradage »… Au contraire, loin de dilapider les ressources nationales, l’initiative gouvernementalepermettra d’attirer des investissements, créant ainsi des emplois dans une région qui en a grandement besoin. Oui, le partenariat proposé avec l’Éthiopie, s’il est bien géré, renforcera les infrastructures portuaires et accroîtra les échanges commerciaux, ce qui offrira un nouveau souffle à la ville blanche et sa région.

Il est fondamental de rappeler que Djibouti, par sa position géographique stratégique, tient un rôle crucial dans la gestion des équilibres régionaux. Sa responsabilité va au-delà de ses frontières et implique de prendre des décisions qui, parfois, peuvent sembler risquées, mais qui sont essentielles pour la stabilité régionale. L’alternative mise sur la table par Djibouti répond à la fois à une nécessité économique et à une urgence diplomatique.

La démarche est en tout cas réfléchie, ancrée dans la volonté de préserver la paix régionale tout en protégeant les intérêts économiques nationaux. Cette initiative, loin de sacrifier les intérêts de la population djiboutienne, offre une opportunité de développement pour la région de Tadjourah, tout en renforçant la position de Djibouti en tant que leader régional responsable.

Dans un contexte aussi compliqué, Djibouti doit assumer pleinement son rôle de médiateur tout en restant vigilant quant aux retombées positives pour sa population.

IBRAHIM MIYIR ALI