Le voici donc de retour, contre toute attente. Déjouant les pronostics, Donald Trump est à nouveau appelé à diriger les Etats-Unis.Sa victoire sur son adversaire démocrate ouvre une page nouvelle et énigmatique des relations internationales. Elle invite en tout cas à une lecture attentive et lucide des orientations futures de la superpuissance mondiale.

Ce retour fracassant du 45e président, devenu 47e, pose des interrogations profondes, tant pour les États-Unis eux-mêmes que pour les autres nations. Pour le reste du monde, ce retour au pouvoir d’un homme d’affaires controversé est à la fois source d’inquiétudes et d’opportunités potentielles. Dans notre région, où les relations géopolitiques et économiques avec les États-Unis jouent un rôle déterminant, c’est un tournant majeur. Que peut-on attendre de l’Amérique de Trump, dans le monde et en Afrique en  particulier ?

Le discours populiste de Trump et son style sans retenue ont séduit un électorat américain visiblement fatigué d’une élite quelque peu arrogante. Mais sa rhétorique isolationniste, axée sur l’America First, suscite des préoccupations profondes quant à l’avenir de la diplomatie américaine. Si Trump s’avère fidèle à ses promesses de campagne, le repli des États-Unis sur eux-mêmes pourrait affecter le partenariat économique et la coopération militaire sur le continent africain. Une perspective à laquelle ne saurait rester insensible Djibouti, terre d’accueil de l’unique base militaire permanente américaine en Afrique.

Donald Trump n’étant pas un président ordinaire, sa politique étrangère reste un mystère pour tous ses pays alliés, ou partenaires dont Djibouti. Certes, l’histoire de notre relation avec les États-Unis repose sur des fondements solides. Avec la présence stratégique de la base militaire de Camp Lemonnier, Djibouti occupe une position géopolitique clé. Toutefois, Trump n’a jamais fait mystère de sa volonté de redéfinir les engagements financiers des États-Unis à l’étranger. L’arrivée d’une deuxième administration Trump pourrait-elle rebattre les cartes quant à l’ampleur du partenariat militaire entre Djibouti et Washington ?

L’autre élément qu’il faudra surveiller demeure l’attitude qu’adoptera Trump vis-à-vis de la Chine, un pays ami avec lequel nous entretenons d’excellentes relations et qui est très présent économiquement à Djibouti. Trump, par son hostilité affichée envers Pékin,pourraient laisser craindre quelques tensions. Mais la rivalité sino-américaine sur notre sol est un équilibre délicat que Djibouti, grâce à la clairvoyance du président Ismail Omar Guelleh, a su jusqu’à présent maintenir. Et il y a peu de chances que cela soit perturbé.

Malgré ces incertitudes, l’élection de Trump pourrait aussi offrir des opportunités. N’oublions pas que l’homme est avant tout ancré dans une culture d’affaires. Son pragmatisme de businessman pourrait conduire son pays à privilégier les relations économiques avec les autres nations.En choisissant d’engager une politique de dialogue et d’investissements, la future administration Trump pourrait faire bénéficier Djibouti et l’Afrique d’un apport de capitaux et de nouvelles initiatives dans le développement des infrastructures.

Dans cette nouvelle ère, la diplomatie djiboutienne devra s’adapter à un partenaire dont les engagements pourraient fluctuer en fonction de considérations nationales imprévisibles. Il est essentiel pour notre pays de renforcer ses alliances régionales et de diversifier ses partenariats internationaux, tout en consolidant ses liens avec ses alliés traditionnels.