Dans les zones rurales de notre pays, du sud au nord, les crevasses asséchées des oueds, les réservoirs vides et les regards des éleveurs désemparés racontent l’histoire d’une catastrophe silencieuse : celle de la sécheresse. Une sécheresse tenace, implacable, qui s’installe comme une fatalité dans le quotidien de nos concitoyens de l’arrière-pays.
C’est ainsi qu’hier, face à l’ampleur de la crise, le président de la République Ismaïl Omar Guelleh a posé un acte fort pour répondre avec la gravité qu’elle impose. En lançant un plan d’action national articulé autour d’une réponse d’urgence et d’une vision à long terme, le chef de l’État rappelle que gouverner, c’est prévoir, mais aussi secourir sans délai ceux que la nature met à genoux.
Les mesures annoncées — envoi de convois d’eau potable, distribution de vivres, mobilisation de tous les ministères concernés — sont à la hauteur de l’urgence. Elles traduisent une volonté claire : celle d’une gouvernance resserrée, où chaque acteur public est désormais comptable de ses résultats. Ce changement de ton et de méthode est salutaire.
Mais cette crise est aussi un signal d’alarme. Car la sécheresse n’est pas un accident isolé. C’est la manifestation la plus brutale d’un dérèglement climatique que nous ne pouvons plus ignorer. Ce qui se joue aujourd’hui dans nos régions rurales n’est rien d’autre que la vulnérabilité d’un pays soumis à des chocs climatiques de plus en plus fréquents et intenses.
Il faut donc aller au-delà de la réponse conjoncturelle en faisant de la résilience climatique un axe central de notre développement : réhabiliter les forages, investir dans la captation des eaux de pluie, sécuriser les circuits d’approvisionnement, former les populations aux techniques d’adaptation.. Bref, faire de la lutte contre la désertification une cause nationale.
Évidemment, nous ne sommes pas seuls dans cette bataille. Djibouti peut compter sur ses partenaires, sur les financements climatiques et sur l’expertise internationale. Mais il lui revient, d’abord, de construire une stratégie cohérente et durable. C’est à cette condition que les engagements du jour ne resteront pas lettre morte.
Au-delà des institutions, cet enjeu nous concerne tous. Il est temps de repenser notre rapport à la terre, à l’eau, à la nature.. Il est temps, surtout, d’écouter la souffrance de ceux dont la voix ne parvient que rarement aux centres de décision.
Parce que la sécheresse, ce n’est pas seulement l’absence de pluie. C’est le cri d’un territoire qu’on n’a pas su entendre à temps. Ce cri, le président de la République l’a entendu. À chacun maintenant de répondre.