L’annonce est venue de Hangzhou (Chine), où se tenait le 37e Conseil international du Programme «l’Homme et la biosphère », et elle résonne comme un tournant : la République de Djibouti a obtenu l’inscription de sa première Réserve de biosphère à l’UNESCO. L’archipel des Sept Frères, Ras Siyan, Khor Angar et Godoria portent désormais un label plus que symbolique. Un label qui sonne comme un acte de souveraineté écologique.

Car au-delà de la reconnaissance internationale, cette désignation signifie que Djibouti n’est plus seulement ce carrefour géostratégique tant convoité. C’est aussi un acteur responsable de la préservation d’un patrimoine naturel d’exception. Les récifs coralliens, les mangroves et les zones humides qui abritent une biodiversité fragile deviennent les témoins d’un pays décidé à conjuguer développement et durabilité.

Cette inscription signifie aussi que le monde, aujourd’hui, regarde vers Djibouti non plus uniquement pour ses ports et ses bases militaires, mais pour sa capacité à s’ériger en laboratoire de pratiques écologiques dans une région où la course aux ressources met en péril les équilibres naturels. L’inscription à l’UNESCO est une victoire certes, mais elle est surtout un serment : protéger ce sanctuaire marin face aux appétits économiques, face aux dérèglements climatiques, face à l’indifférence qui détruit plus sûrement que la convoitise.

Il y a dans cette décision un double enjeu. D’un côté, la promesse d’un avenir où la recherche, l’éducation environnementale et l’écotourisme offrent de nouvelles opportunités à la jeunesse djiboutienne. De l’autre, la lourde responsabilité d’être exemplaire en la matière. Car un label n’est pas une fin en soi, il oblige. Il contraint à inventer des modes de développement respectueux de la nature, à impliquer les communautés locales et à ériger la préservation en une véritable politique d’État et non un slogan.

Dans un monde fracturé entre urgence climatique et intérêts économiques, Djibouti choisit ici d’écrire une page différente : celle d’un pays qui assume sa place comme gardien de la mer Rouge et bâtisseur d’avenir durable. À condition, bien sûr, que la promesse de Hangzhou se traduise en actes sur le terrain, là où la mer, la terre et les hommes ne font qu’un.