Le monde, en proie à la bêtise humaine et à la volonté de domination de certains, est devenu un véritable enfer pour certains peuples. Bien sûr il y a la Palestine, la RDC ou encore le Yémen. Mais il y a aussi le Soudan, que tout le monde semble avoir oublié. Jadis cœur battant de l’Afrique et carrefour de civilisations, le Soudan vit aujourd’hui un cauchemar qu’aucune nation ne devrait endurer. Un cauchemar sur lequel l’ambassadeur soudanais à Djibouti a jeté une lumière crue, dans sa conférence de presse de mercredi dernier au Sheraton Hôtel. Devant les représentants diplomatiques, témoins d’une communauté internationale silencieuse, le diplomate a livré un constat glaçant des atrocités qui ravagent son pays.
Voilà plus de dix-huit mois – depuis avril 2023 exactement – que le conflit civil fait rage dans ce pays ami. Cette guerre civile sème la terreur parmi les populations civiles et ébranle les fondements mêmes de la société soudanaise. Les hôpitaux, écoles, universités et centres de santé – véritables poumons d’un pays meurtri – ont été ciblés, pillés et transformés en bastions militaires, annihilant tout espoir d’un retour à la normalité. Les citoyens, chassés de leurs maisons sous la menace, assistent impuissants à la destruction de leurs moyens de subsistance et à la transformation de leurs biens en outils de guerre. Les zones industrielles de Khartoum, symboles de l’effort économique du pays, sont devenues des trophées de guerre, pillées sans scrupules.
Ce sont des crimes d’une violence qui nous ramène aux pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Les meurtres, viols, pillages et massacres ethniques sont exécutés avec une brutalité qui dépasse l’entendement. On ne se contente pas de tuer, on fragmente le tissu social. On exploite les haines tribales et raciales pour semer la discorde et effacer toute identité nationale du peuple soudanais.
Le monde reste silencieux, il est pourtant au courant. Comment peut-il en être autrement car, si même les médias dominants regardent ailleurs, les vidéos des pillages et des tueries inondent les réseaux sociaux. Ces images témoignent du chaos régnant, dont profitent des mercenaires venus d’un peu partout pour se joindre à cette entreprise criminelle. Le bombardement aveugle des civils, qui coûtent chaque fois la vie à des dizaines de personnes et blessent des déplacés vulnérables, représente un seuil d’inhumanité que l’on ne peut plus tolérer.
Le Soudan ne demande pas la charité, il demande justice. Ceux qui martyrisent ainsi leur propre peuple doivent être reconnus pour ce qu’ils sont : des terroristes. Ce qualificatif n’est pas une simple étiquette, c’est la reconnaissance officielle de la nature abjecte de leurs actions. Les pays et institutions régionales et internationales sont interpellés : resteront-ils les bras croisés, spectateurs d’un génocide moderne, ou vont-ils enfin reconnaître ces crimes pour ce qu’ils sont ?
Il faut espérer que les pays africains, dont les peuples ont eux-mêmes souffert – ou souffrent encore – de guerres intestines et de dévastations, seront à l’avant-garde de cette dénonciation. C’est un appel à l’unité africaine, à une mobilisation solidaire pour dire « non » à l’impunité. Le Soudan est un miroir où chaque pays doit regarder l’ombre de son passé pour comprendre l’urgence d’agir. Ne pas répondre à son appel de détresse reviendrait à trahir les idéaux de paix et de justice sur lesquels nos sociétés se fondent.