Avec la promulgation du Code du numérique, la République de Djibouti inscrit une nouvelle page dans son histoire contemporaine : celle d’un État résolument tourné vers l’avenir, conscient que sa souveraineté et sa croissance économique passent désormais par la maîtrise des technologies modernes.
Longtemps évoqué et très attendu, ce texte marque un tournant décisif. Il ne s’agit pas d’un banal empilement de dispositions techniques ou d’un catalogue de bonnes intentions. En vérité, le Code du numérique pose les fondations d’un écosystème digital structuré, sécurisé et inclusif. Il dote enfin notre pays d’un cadre juridique clair et ambitieux. À la hauteur des défis du XXIe siècle.
Derrière les articles énumérés tout au long du texte, c’est une vision qui s’impose. Celle d’une république qui refuse d’être reléguée aux marges de la révolution digitale. Celle d’un État qui entend protéger les données de ses citoyens et garantir la neutralité des grands réseaux. Encadrant l’économie numérique tout en stimulant l’innovation locale, ce texte vient consacrer des droits, encadrer des usages et responsabiliser les acteurs. Il permet surtout de préparer l’avenir.
Dans un monde où l’information est devenue une ressource précieuse au même titre que l’eau ou l’énergie, l’enjeu est aussi politique que stratégique. Il était vital de se doter de ses propres règles permettant de gouverner le numérique, plutôt que de le subir. Pour toute nation soucieuse de sa souveraineté, le seul chemin à emprunter est celui du refus de laisser le cyberespace aux seules puissances technologiques – ou pire, aux plateformes globalisées – qui trop souvent dictent leurs lois sans égard pour les spécificités nationales.
Cependant, il serait erroné de croire que cette réforme est l’aboutissement. Elle n’est qu’un début. Il appartient désormais aux institutions, aux entreprises et aux citoyens de s’approprier ce nouveau cadre.
Le numérique n’est pas une fin en soi. Il n’est qu’un outil au service d’un projet de société. Un outil certes puissant, évolutif, mais parfois déroutant aussi. Le Code du numérique doit donc être accompagné d’une volonté politique constante et d’un investissement massif dans les compétences. La culture numérique doit être partagée dès les bancs de l’école.
La promesse est immense. Si nous savons la saisir et faire de ce texte une opportunité d’action, et non un simple ornement législatif, alors Djibouti aura acquis les bases d’une transformation profonde et durable.
Le temps du numérique subi est révolu. Place désormais au numérique gouverné, encadré, maîtrisé. Et surtout, djiboutien.