Chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre est menée à travers le monde. Cette campagne nous rappelle crument une réalité insupportable : la violence faite aux femmes. Une violence qui s’insinue dans les foyers, les lieux de travail, les espaces publics et réduit au silence celles qui en sont les victimes. À Djibouti, comme ailleurs, il est temps de transformer cette indignation en action.
Au fait, combien sont-elles chez nous à subir ces maltraitances ? Difficile d’avancer des chiffres, tant les statistiques sont souvent imparfaites, quand elles n’existent tout simplement pas. Nul besoin en vérité de statistiques pour se rendre compte de l’ampleur réelle du phénomène. Les témoignages courageux de certaines femmes qui osent briser le silence le révèlent : les violences physiques, psychologiques, économiques ou sexuelles constituent un fléau systémique. Elles sont souvent nourries par des normes patriarcales tenaces.
Ces violences ne sont pas de simples faits divers. Elles sont le reflet d’une société où l’égalité entre les sexes demeure encore un vœu pieux. Elles entravent le développement économique, détruisent des familles et mettent à mal la santé mentale et physique des victimes. Au-delà des traumatismes individuels qu’elles causent, c’est tout le tissu social qui en pâtit.
Alors, que faire dans ces conditions ? Tout d’abord, écouter et croire les femmes. Le doute, le blâme et la honte sont des alliés de l’impunité. A cet égard, notre pays peut se targuer de structures d’accueil, tel que le Service d’écoute de l’UNFD. Ouverte pour toutes les victimes de violences basées sur le genre, une ligne téléphonique y est disponible en permanence. La communication se fait en langues locales et en français. Il s’agit maintenant de renforcer les lois existantes et leur mise en œuvre, afin que les textes juridiques ne restent pas que de simples promesses sur papier.
Mais surtout, un changement culturel profond est plus que jamais nécessaire. Les campagnes de sensibilisation, à l’instar de celle-ci, doivent s’accompagner d’initiatives éducatives pour déconstruire les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge. Le combat contre la violence faite aux femmes n’est pas l’affaire des seules victimes. C’est une cause nationale, une responsabilité collective dont chacun d’entre nous doit assumer.
Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre car chaque jour des femmes souffrent en silence. Chaque jour est une opportunité manquée de sauver une vie, d’alléger une peine, de réparer une injustice. Briser ce cycle infernal est primordial. Cela exige courage, volonté politique et mobilisation de toutes les forces vives de la société.
Ces16 jours d’activisme constituent un engagement nationale à ne plus tolérer l’intolérable. Offrons aux djiboutiennes – nos sœurs, mères ou épouses – la dignité, la sécurité et le respect auxquels elles ont droit. Le silence tue, l’action sauve.