Pour plus d’information sur la situation actuelle du secteur financier de notre pays, nous reproduisons dans ces colonnes le vibrant discours du gouverneur de la Banque Centrale de Djibouti (BCD), Ahmed Osman Ali, prononcé à l’occasion de la cérémonie d’inauguration, jeudi dernier, de « International Business Bank », plus connue sous l’appellation IB Bank.

« La république de Djibouti est un jeune petit pays de bientôt 44 ans, peu peuplé avec des ressources naturelles très limitées, mais placé sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées, au confluent de trois continents.

Fort de cette bénédiction et, malgré les contraintes caractéristiques du pays, Djibouti a réussi son tournant économique et a prospéré grâce à la vision et la détermination du Président de la République et de son Gouvernement.

Sous son leadership, en effet, nous avons fait le pari de faire de Djibouti un hub logistique, commercial et financier afin  que cette position stratégique devienne une source optimale et pérenne de croissance, d’emplois et de richesses. Dans cette voie, nous avons su :

– Identifier les avantages et atouts stratégique, ainsi que les secteurs porteurs du pays ;

– Mettre en œuvre les réformes institutionnelles et structurelles, longues et douloureuses, nécessaires à tous les niveaux et, en particulier, dans l’assainissement de l’environnement des affaires ;

– Investir massivement dans les secteurs porteurs identifiés ports, routes , télécommunications, chemin de fer , énergie, et j’en passe, avec une forte participation publique et des investissements directs étrangers.

Ces projets d’envergure à caractère structurant alimentent la croissance économique de notre pays, tout en consolidant les bases de son développement. Avec une moyenne de 7 par an durant cette dernière décennie cette croissance s’accompagne d’une nette amélioration de tous les indicateurs sociaux.

Le secteur financier, qui est le second axe clé dans notre stratégie de développement, n’est pas demeuré en reste en a su s’illustrer tant par sa contribution à la croissance qu’à la réduction des inégalités, notamment en matière d’inclusion financière.

Notre secteur financier a connu, en effet, un développement rapide au cours de cette dernière  décennie à la suite des importantes réformes initiées au début des années 2000.

S’il s’agissait au départ pour l’essentiel, d’ouvrir le marché d’alors, dominé par un duopole, et libérer son potentiel, le toilettage des textes ainsi opéré a permis d’une part, d’éliminer les dispositions constituant des barrières à l’entrée du secteur et, d’autre part , d’introduire de nouvelles activités telles que la finance islamique, la micro finance , les banques d’investissement et d’affaires, etc.

Les réformes entreprises se sont avérés concluantes et le secteur financier s’est vu densifié en nombre d’opérateurs et diversifié en termes d’activités et de produits financiers, comme l’atteste d’ailleurs la création, en une décennie d’une dizaine de banque et 33institutions financières.

Les agrégats monétaires  et les divers indicateurs financiers font , pour leur part, état  d’évolutions considérables, et cela , concernant tous les aspects de l’activité bancaire, à savoir notamment , les niveaux de dépôts collectés et de crédits octroyés, la multiplication des agences, de guichets de distributeurs automatiques de billets, de comptes bancaires , etc.

Dans la poursuite des efforts visant à promouvoir le secteur, les réformes engagées par la suite avaient pour objectifs de consolider les acquis, asseoir la crédibilité et la réputation de la place financière, renforcer l’inclusion et la stabilité financières . Dans cette voie, ont été entreprises diverses actions comprenant , entre autres :i le renforcement des capacités de la supervision et des dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme ; ii la refonte et la modernisation de la Centrale des risques ; iii l’adoption d’un cadre juridique et réglementaire pour les activités de Mobile Banking

Dans le même temps et, aux fins de soutenir le financement des PME PMI, a été mis sur pied un fonds de Garantie Partielle des crédits et des procédures pour l’acceptation des valeurs mobilières comme garanties.

Aujourd’hui, il s’agit d’inscrire l’expansion de notre secteur financier dans le sillage des évolutions technologique et numériques .C’est dans ce cadre que la Banque Centrale de Djibouti a lancé un important chantier de motionales pour introduire les technologies de pointe dans le domaine bancaires et financier.

Malgré la période actuelle difficile liée à la pandémie du Covid_19 , le secteur bancaire a fait preuve d’une résilience et d’une robustesse singulières grâce aux mesures prudentielles et réglementaires adoptées par les autorités nationales avec la mise à jour des plans continuité d’activité , le gel de la distribution des dividendes, le moratoire sur l’application des règles de classification des créances en souffrance et les règles de leur provisionnement.

Les banques de la place ont accompagné les mesures de soutien mises en œuvre par les pouvoirs publics pour soulager les entreprises et ménages touchés par les impacts du Coronavirus avec le report de 3 à 6 mois des remboursements additionnels aux secteurs les plus affectés et les produits spécifiques déployés par le mécanisme de garantie publique à travers le Fond de Garanti.

L’essor de notre secteur financier est certes remarquable à plus d’un titre, mais force est de constater qu’il demeure encore beaucoup de choses à parfaire, quand nous observons notamment , que :

Près de 75 de notre population n’est pas bancarisée, le taux de pénétration des services bancaires et financiers demeure encore relativement faible de façon générale et, plus particulièrement, dans nos régions de l’intérieur,   Le taux de transformation des dépôts en crédits ne dépasse guère, en moyenne les 35.

Les taux débiteurs chargés sur la clientèle demeurent encore relativement élevés, bien qu’ils aient tendanciellement baissé au cours des dernières années avec la multiplication des opérateurs et la concurrence.

Les importants besoins de financement de l’économie, notamment en direction des PME PMI, des grands projets d’infrastructures, ou encore de l’immobilier, demeurent encore très insuffisamment couverts.

Aussi, tant que persisteront les faiblesses au niveau de l’offre, il y aura toujours de la place à de nouveaux acteurs financiers capables de répondre efficacement aux attentes et aux besoins de notre marché.

Dans cette perspective, je suis tout à fait persuadé que l’International Business Bank dont nous célébrons officiellement l’inauguration aujourd’hui, est grâce à son expertise et son expérience du marché africain, à même de très vite s’adapter et d’apporter sa pierre à l’édifice dans le rayonnement de notre place financière

En effet, l’IB Bank qui est adossé à un grand Groupe continental aux activités diverses et variées BTP, transport, pêche, mines, finance, etc.,

Avec à sa tête un éminent homme d’affaires avisé et doté d’une langue expérience, saura, j’en suis convaincu, apporter des solutions opportunes et innovantes à nos défis, en termes d’investissement et de financement de l’économie.

L’attraction de notre place financière ne s’exprime pas seulement en termes de demande locale, mais s’apprécie également en termes de perspectives d’affaires régionales, à la faveur des importants atouts et avantages comparatifs régionales, à la faveur des importants atouts et avantages comparatifs dont le pays dispose.  Ainsi, à travers Djibouti, les institutions financières établies ont l’opportunité d’accéder au vaste marché du COMESA et, bientôt, de la ZLECAF, dont nous sommes, à part entière, membre fondateur pour la première et signataire pour la seconde. Ce qui augure de riches perspectives en termes d’activités et de rendement.

A ce titre, les solides atouts et avantages dont dispose la République de Djibouti sont bien déterminants, comparativement au contexte régional. Il s’agit, entre autres, de la stabilité politique et sociale, son système monétaire stable en vigueur depuis 1949, un cadre macroéconomique performant, un environnement général des affaires incitatif, des infrastructures portuaires et de communication des plus performantes en Afrique,  une liberté totale de mouvement des capitaux et l’absence de contrôle de change, et un cadre fiscal incitatif consacrant l’exonération des produits financiers et des investissements productifs, etc.

Ces atouts essentiels confèrent depuis longtemps une solide réputation à la place financière Djiboutienne, ou les opérateurs de la sous-région viennent domicilier leurs opérations et loger leurs avoirs, ce qui préfigure déjà d’un statut de plateforme financière régionale que nous entendons élargir à l’échelle continentale, voire internationale.

Aussi, en conclusion, laissez-moi vous dire toute notre satisfaction et notre fierté que de voir aboutir encore une fois un projet d’établissement bancaire sur notre sol, ce qui nous conforte dans nos choix et ambitions stratégiques en matière de croissance et de développement.

Cela nous témoigne aussi une juste reconnaissance des efforts et des actions déterminantes entreprises, dans ce sens, tout au long de cette décennie. »