Dans le cadre de la commémoration du 20e anniversaire de sa création, l’université de Djibouti a organisé et abrité les travaux d’une conférence sur l’intelligence artificielle et ses apports au développement social, économique et culturel en Afrique.  Houssein Ahmed Assoweh, maître de conférences à la faculté de sciences et chercheur en intelligence artificielle, nous donne un éclairage.

La Nation : Pourquoi avoir organisé cette conférence ? Quelles étaient les finalités ?

Houssein Ahmed Assoweh : Cette conférence intitulée « le Big Data et l’Intelligence artificielle, quelles contributions pour la transformation digitale de l’Afrique? » a été organisée dans le cadre des activités à caractère scientifique à l’occasion de la célébration des 20 ans de l’université de Djibouti.

Les objectifs poursuivis à travers cet événement  étaient entre autres de poser la question de la transformation digitale des pays africains en général, et de Djibouti en particulier dans le cadre des avancées et des innovations technologiques acquises ces dernières années par l’utilisation du Big data ou méga données (données massives) et l’intelligence artificielle. La participation des universitaires et des hauts responsables djiboutiens  ainsi que des experts et chercheurs internationaux témoignent de l’importance de cette conférence pour le développement économique.

En effet, outre les débats et réflexions sur ces deux questions durant la conférence, l’université de Djibouti a voulu sensibiliser et susciter des vocations chez les étudiants en Master Data Sciences et en licence d’informatique ainsi que les enseignants-chercheurs de l’UD sur l’importance de l’intelligence artificielle.

Cette initiative avait ceci d’original que vous avez fait venir des chercheurs issus de différents pays. Cela me permet de vous poser la question : quelle place à la recherche à l’université.

Oui, l’université de Djibouti a invité de participer à cette conférence par visioconférence des chercheurs et experts internationaux car les différentes thématiques retenues sont des sujets et questions qui intéressent toute la communauté scientifique.  Quant à la place de la recherche à l’université de Djibouti, je peux vous affirmer que cette conférence de haut niveau sur un sujet aussi pointu que le Big Data et de l’IA témoigne de l’importance que le président de l’université accorde à la recherche et son souci constant de l’orienter vers les thématiques porteuses pour notre pays.

En quoi le développement du numérique peut aider à mieux préserver le patrimoine culturel et traditionnel africain ?

L’Afrique est le deuxième continent par ses nombres de langues parlées, et qui dit langues dit culture. Cependant, le patrimoine culturel et traditionnel africain est menacé de disparition à cause de la fracture numérique et des faibles ressources linguistiques qui existent pour les langues africaines.

Le premier thème de cette conférence traitait de cette question et  nous avons mis en évidence l’intérêt et le rôle très important que peuvent jouer le Big Data et l’IA pour préserver les traditions et cultures orales africaines. Pour cela, l’accent a été mis sur la formation des jeunes africains dans le domaine du numérique et la mise sur pied d’équipes de chercheurs en intelligence artificielle afin qu’ils puissent utiliser les algorithmes de l’apprentissage automatique et profond(deep learning) pour développer des plateformes et des applications qui soient à même de numériser les langues, cultures et traditions africains comme la traduction automatique, la reconnaissance automatique de la parole, le traitement numérique des images ou la reconnaissance optique des caractères.

Aujourd’hui, grâce à la grande capacité de calcul des ordinateurs, du Cloud computing et des Big data open source, on peut rapidement rattraper le retard technologique en Afrique et éviter la disparition inéluctable de nos cultures, langues et traditions.

Je voudrais terminer en remerciant l’ensemble des collègues et universitaires qui ont contribué pleinement à la réalisation et au succès de cette première conférence sur l’IA et le Big Data, et en premier mes responsables, en l’occurrence Dr Djama Mohamed Hassan, le président de l’université de Djibouti, Dr Saida Chideh, la doyenne de la faculté de sciences, Dr  Abdoulkader Ibrahim, doyen de la faculté d’ingénieurs qui avait hébergé cette conférence et facilité son succès ainsi que l’ensemble du personnel de l’université de Djibouti.

Enfin je voudrais sincèrement remercier tous les experts et chercheurs nationaux ou internationaux qui nous ont honoré de leur présence et animés activement cette conférence.

Propos recueillis par Isman O.