Nous avons été surpris de l’attaque dont a fait l’objet notre Etablissement, l’ONEAD, dans la rubrique «  Allô Docteur ! » de l’édition n°123 du jeudi 25 juin ; de surcroit venant d’un représentant du peuple, d’un député qui, sans raisonnement construit, signe l’échec de l’ONEAD. Après chaque crise sanitaire, il est parfaitement légitime que chacun s’interroge sur la manière dont elle a été gérée et sur les dispositions à prendre pour mieux anticiper les problèmes à venir.Mais lorsque l’on s’exprime par voie de presse, surtout en qualité de membre de la représentation nationale, il faut se garder des jugements hâtifs, d’être approximatif et méprisant. Il y’a un adage qui dit : « Dieu nous a donné deux oreilles et une bouche ; il faut écouter deux fois et parler une fois ».

Docteur, remettons les choses en place :le Cahier des Charges de l’ONEAD fixant les conditions d’exploitation et de réalisation des travaux des infrastructures d’eau potable et d’assainissement stipule dans son 1er Article que : « La gestion du service confiée à l’ONEAD, conformément à sa mission, s’exerce d’une part sur l’eau brute et potable par la production, le transport et la distribution et d’autre part sur l’assainissement par la collecte, l’évacuation des eaux pluviales, des eaux usées (domestiques et industrielles) [ pour les zones raccordées au réseau d’assainissement collectif ] et le traitement des rejets dans les exutoires » .

A lumière du cahier des charges, outil fondamental concédant la mission de l’ONEAD, auquel nous vous renvoyons pour lecture, et  délimitant son champ d’intervention, il n’est fait nulle part mention de la responsabilité de l’Etablissement dans son rapport (par le biais de la fonctionnalité ou même de la responsabilité) avec l’hygiène au sens où vous la comprenez; même si, cela ne nous sert de prétexte de nous en dérober car il y va, comme pour tout un chacun,  de la responsabilité, au sens large, sociale (ou sociétale) de notre Etablissement : responsabilité à l’égard de la collectivité, du peuple, en contribuant au développement durable, en prenant en compte, justement, toutes les considérations environnementales. Nous vous détaillerons ce que signifie et ce qu’implique cette responsabilité de l’ONEAD à l’égard de la collectivité.

En premier dans le domaine de l’eau : notre ressource issue des forages ou importée depuis l’Ethiopie grâce à l’aqueduc transfrontalier, est soumise à des traitements multiples par chloration etest quotidiennement analysée en laboratoire avant toute distribution à la population. Est-il nécessaire de vous rappeler que notre eau répond parfaitement aux normes instituées par l’OMS ? Il serait avisé par contre de vous indiquer, qu’au regard des exigences d’évolution et de transformation, des solutions technologiques de télémétrie, de télégestion et de télésurveillance ont été tour à tour intégrées dans la gestion de l’eau afin de la rendre plus efficiente, parmi lesquelles, si tant soit peu cela vous rassurerait, une technologie du nom de KAPTA 3000, unique en Afrique lors de son intégration à notre réseau en 2017, répondant justement à un enjeu majeur qui est la sécurisation de l’eau potable dans le réseau de distribution.

Cette technologie permet entre autres à l’ONEAD de mesurer et suivre en continu des paramètres clefs de la qualité de l’eau dans le réseau de distribution, de détecter tout changement de la qualité de l’eau (fuites, corrosion, encrassement biologique, etc.) et de sécuriser les réseaux d’eau vis-à-vis de contaminations accidentelles ou intentionnelles. Etonnant n’est-ce pas pour une ONEAD en échec ? Sinon vous conviendrez que nous faisons tout pour que l’hygiène indispensable au bien-être de nos concitoyens soit assurée.

Deuxièmement, abordons le thème de l’assainissement qui semble cristalliser votre réflexion mal engagée : peut-on là aussi vous renvoyer à notre cahier de charges qui en son Article 1er délimite clairement la mission de l’ONEAD en ce sens ? C’est-à-dire, en ce qui nous concerne, cette mission comprend uniquement la collecte, le traitement et l’évacuation des rejets liquides, et nonles déchets solides, comme il vous plaît indécemment de le sous-entendre.

Bien au contraire, l’Article 35 du même cahier de charges vous donne tort puisqu’il interdit « de déverser, quelle que soit la nature des eaux rejetées et quelle que soit la nature du réseau d’assainissement :

– Le contenu des fosses fixes ;

– L’effluent des fosses septiques ;

– Les ordures ménagères ;

-Les huiles usagées ;

-Des liquides ou vapeurs corrosifs, des acides, des matières inflammables ou susceptibles de provoquer des explosions ;

– Des composés cycliques hydroxylés et leurs dérivés, notamment tous les carburants et lubrifiants ;

– Des déchets d’origine animale (poils, crins, sang, etc.…) et, d’une façon générale, des corps et matières solides, liquides ou gazeux, susceptibles de nuire soit au bon état, soit au bon fonctionnement du réseau d’assainissement, et le cas échéant, des ouvrages d’épuration, soit au personnel d’exploitation des ouvrages d’évacuation et de traitement.»

Pour rappel, c’est ce dont vous affublez l’ONEAD alors que nous ne cessons de dénoncer ces actes incivils mettant à mal l’hygiène de nos concitoyens, la sécurité de nos agents et l’intégrité de nos infrastructuresirrémédiablement dégradées.  Nous vous invitons par constater et apprécier par vous-même la gravité des choses sur les photographies ci-contre.

Nous ne cessons également de sensibiliser la population sur ces risques via les canaux de communication officiels de presses écrite, parlée et télévisée ainsi que via les réseaux sociaux.  Au principe de sa responsabilité à l’égard de la collectivité, nous collectons des déchets solides sciemment rejetés par certains concitoyens irresponsables et obstruant çà et là des regards, des grilles avaloires, des cunettes.

Mais, à ce que l’on sache ce n’est pas l’ONEAD ni les hommes et femmes qui la servent qui rejettent ces déchets solides. Ce ne sont pas également l’ONEAD ou les femmes et hommes qui en assurent les missions qui déversent sur toute l’étendue de la capitale, ou par extension, dans les centres urbains, des eaux ménagères dans les ruelles ?Eaux grises stagnantes, plus tard sources de maladies hydriques ? Surtout que ces rejets ont lieu très souvent, sinon toujours dans des zones d’habitation où n’existe nullement de réseau d’assainissement collectif.

A ce propos, pour éviter une énième confusion, il y a lieu de préciser que la quasi majorité de nos quartiers bénéficie d’un assainissement individuel rendu obligatoire jadis lors de l’établissement de permis de construire, expliquant, de fait, le taux très faible de raccordement des ménages. Et c’est en connaissance de cause que l’ONEAD prévoit d’augmenter sensiblement ce taux de raccordement qui est passé de 18% en 2012 à 40 % actuellement, l’objectif fixé étant de 80% d’ici à 2030 grâce aux projets prévus et étudiés dans le cadre du schéma directeur d’assainissement. Par ailleurs, afin d’assurer une complémentarité, une passerelle entre ces deux systèmes, l’Etablissement s’est doté de ses propres camions de vidanges et hydrocureurs, d’autres acquisitions suivront afin justement de développer l’entretien de l’assainissement individuel et formaliser l’activité de ce secteur.

Enfin, l’efficiente, la présence continue de l’ONEAD et l’abnégation de son personnel technique en son entier s’est soldé par un travail remarquable lors des différentes intempéries. L’ONEAD s’est doté de pompes puissantes pour l’évacuation rapide des eaux pluviales et n’a point ménagé ses efforts pour venir en aide aux concitoyens. Par principe de précaution et d’anticipation présidant à ses actions, L’Office mène toujours, par l’entremise de ses équipes assainissement, des travaux de curage réguliers des dalots vandalisés par le fait des raccordements clandestins.

Aussi, à la lumière des faits énoncés plus haut, expliquez-nous en quoi un changement d’appellation d’un ministère de tutelle pourrait résorber ces phénomènes d’incivilité ? Ce serait trop facile avouez-le si l’on pouvait procéder ainsi avec toutes les difficultés : un problème ? une gomme, un crayon et hop le voilà résolu ; si simple et simplet.  Eclairez-nous également sur le lien factice et le raccourci chimérique que vous avez institué entre l’ONEAD et la survenue du COVID 19 et autres grippes et maladies infectieuses tropicales ?

Mais Docteur dites-nous encore où voyez-vous l’échec de l’ONEAD ?

L’Office National de l’Eau et de l’Assainissement est délégataire d’un service public hautement stratégique pour la nation et pour les pouvoir publics ; le Gouvernement conçoit la vision en matière de politique d’accès à l’eau et à l’assainissement et en garanti le financement, à l’ONEAD en revient la tâche et l’honorable effort de réalisation.

En toute humilité cher Docteur, l’ONEAD c’est, et ce, seulement sur la présente décade, la matérialisation de cette vision du gouvernement par :

– L’aboutissement de l’aqueduc transfrontalier Ethiopie-Djibouti long de 358 km et devant acheminer jusqu’à 100.000 m3 d’eau par jour avec réalisation de 28 forages profonds, 2 stations de pompages et des réservoirs d’une capacité cumulée de 80.000 m3 afin d’assurer un stockage suffisant et une sécurité dans l’approvisionnement en eau de la population, en plus des infrastructures existantes ;

– La mise sur pied d’une usine de dessalement d’une capacité de production de 45.000 m3 et qui sera opérationnelle dès 1er semestre 2021 ;

– La réhabilitation des réseauxd’eau potablegrâce aux projets FADES 1&2 ;

– La réalisation d’un Schéma directeur de l’assainissement 2016-2035en phase avec les projections de développement de la capitale mettant l’accent sur le renforcement des infrastructures du secteur de l’assainissement, dont découlent :

– Le Projet assainissement liquide de Balbala,prenant en compte le dynamisme économique et démographique de Djibouti ayant pour but de doter cette commune et certains quartiers de la ville basse d’un système d’assainissement collectif. Le projet a permis la pose d’un collecteur long de 11 km reliant Balbala (depuis cheikh Osman) à la commune de Boulaos (Quartier 7, Voirie, Cité Progrès, Cité du Stade) et la construction de 5 stations de relevage afin de limiter les rejets polluants dans le milieu naturel, et ainsi d’améliorer les conditions de vies des populations et l’état écologique de l’environnement de Djibouti ;

– La réalisation d’une Station d’Epuration des Eaux usées de Balbala d’une capacité de 30.000 eqh dont l’appel d’offres a été lancé la semaine dernière ;

– Le doublement de la capacité de la STEP de Doudad’une capacité actuelle de traitement de 40.000 eqh et mise en service depuis 2014;

– Le projet PERRAD ayant pour objectifs de raccorder les quartiers 5, 6, 7, 7bis et Cité du Stade au réseau d’assainissement primaire ;

– L’ONEAD c’est également le Projet Assainissement sous-vide de Haramous qui repose sur un système de collecte des effluents par dépression, une technique alternative à l’assainissement gravitaire dans le cas où celui-ci s’avère difficile, comme c’est le cas pour Haramous. Oui, l’ONEAD c’est aussi la recherche de l’innovation contre la défaite face à la fatalité.

– L’ONEAD – et cela devrait naturellement vous ravir en tant que professionnel de la santé–a de même raccordé les principaux centres hospitaliers de la capitaleque sont l’Hôpital général Peltier, Bouffard, Maternité Dar el Hanan, Centre Chakib Saad Omarau réseau assainissement, hormis l’hôpital Cheikho qui pareillement le sera très bientôt sur la mêmenouvelle conduite qui ramène les eaux usées des cités Hodan, Cheikh Osman et Luxembourg récemment finalisée. Mais encore, l’ONEAD prévoit également d’équiper les mêmes hôpitaux d’un système de chloration pour neutraliser les germes contenus dans les eaux des hôpitaux comme elle l’a fait pour l’hôpital général Peltier dans le cadre du projet PIN.

L’histoire de l’ONEAD n’est donc point l’histoire d’un échec, dans sa forme actuelle ou pas, mais bien celle d’une brillante réussite et d’un succès entretenu malgré la réalité de ses moyens modestes. C’est celle aussi d’une anticipation aussi bien dans ses projets que dans ses réalisations eu égard aux besoins inhérents aux transformations modernes de notre pays, de nos villes et de notre société.

De ce fait, vous vous êtes assurément mépris sur cette institution du pays, sur les hommes qui la font et nous vous n’en tiendrons point rigueur, à condition bien-sûr, comme le dit l’adage : « C’est bien le moins qu’on demande aux calomniateurs ce qu’on exige des gens d’esprit : de ne pas se répéter » ; ne répéter point ces inepties !