Le droit de réponse de l’ambassadeur de Djibouti en France, Ayeid Mousseid Yahya

(Paru dans L’Opinion, 15 Avril 2020)

« Nous tenons ici à saluer la résilience de la population djiboutienne ainsi que le formidable élan

de solidarité et d’entraide » A la suite de la parution d’un article de Roukiya Mohamed Osman, le 7 avril 2020, l’ambassadeur de Djibouti en France nous a adressé la réponse suivante :

« Si, dans ce tissu de mensonges de Melle Roukiya Mohamed Osman il y a un fait indéniable, c’est bien le commentaire de l’ambassadeur américain à Djibouti, Larry André, sur la page Facebook de l’ambassade américaine à Djibouti : « Sachez, qu’en ce qui concerne la lutte contre la menace posée par ce virus, votre gouvernement est un des plus performants au monde. ».

Il est dommage que l’auteur de l’article en fasse une interprétation erronée et qui n’a pas sa place dans une analyse d’une crise sanitaire mondiale.

L’ambassadeur américain n’est pas seul à faire cette appréciation positive. La coordinatrice résidente des Nations Unies ainsi que représentant de l’OMS à Djibouti s’en sont fait l’écho dans les interactions régulières qu’ils ont avec le gouvernement.

Pour les besoins de notre article, je voudrais souligner la dimension extraordinaire de cette pandémie qui touche le monde entier et qui aura des répercussions profondes sur la santé, l’économie et le bien-être des populations. Si des mesures d’urgence adéquates ne sont pas prises, cela pourrait entraîner une crise sanitaire d’ampleur catastrophique ainsi qu’une récession économique globale pire que celle de 2008.

Les mesures prises par le gouvernement de Djibouti sont dictées par l’urgence d’une crise sanitaire sans précédent et par l’impératif vital de protection de la population djiboutienne.

Elles sont également conformes aux directives de l’OMS et s’inspirent utilement des leçons apprises des pays frappés par le coronavirus et qui ont su prendre les mesures préventives adéquates afin de contrôler sa propagation.

Face à la pandémie de coronavirus les autorités djiboutiennes ont pris des mesures drastiques dès la fin mars 2020 : interdiction de rassemblement, fermeture des frontières, des établissements scolaires, des marchés. Les autorités appellent également la population à respecter les mesures barrières : se laver les mains et respecter une distance de sécurité.

On va à la guerre avec les moyens de bord mais il faut souligner que Djibouti s’est dotée en phase préventive des matériaux et équipements suivants: (6 424 gants d’examen, 200 masques FFP2,

50 masques N°95, 6 000 masques chirurgicaux,

32 160 masques, deux pulvérisateurs à main

d’1 litre, 210 lunettes de sécurité et 1 220 blouses et tabliers pour usage intensif, 50 respirateurs artificiels) et faut-il le rappeler dans un contexte où la chaîne d’approvisionnement mondiale est perturbée par une demande forte pour les mêmes produits sanitaires ainsi que la contrainte d’une production limitée.

Face à cette crise pandémique, le ministère des Affaires sociales et de la solidarité à travers ses travailleurs sociaux continue leurs missions au service des ménages touchés par le confinement et se mobilise chaque jour pour venir en aide aux plus démunis. Cette crise ayant touché sévèrement plusieurs couches de la population, les autorités mettent toute en œuvre pour pallier les besoins alimentaires immédiats des ménages vulnérables et plus particulièrement ceux issus des localités des régions de l’intérieur.

De nombreux ménages à Djibouti dépendent essentiellement de l’économie informelle et vont devoir trouver des moyens de subsistance pour continuer de vivre normalement. A l’initiative du chef de l’État un « Fonds d’Urgence et de Solidarité Covid-19 » a été mis en place. Ce fonds sera affecté à la prise en charge des besoins multiformes, notamment de soins pour patients et d’achat de matériels de santé que, requiert une lutte efficiente du Coronavirus dans notre pays.

Les autorités djiboutiennes dans leur lutte contre le Covid-19 ont développé une approche inclusive qui prend en compte la situation particulière des réfugiés présents sur son territoire.

Afin d’observer la distanciation sociale au sein de la population de réfugié, l’agence des réfugiés djiboutienne ONARS, en collaboration avec le HCR, a aidé plus de 4 500 réfugiés et demandeurs d’asile et leur    a fourni de nouveaux abris pour réduire la surpopulation et faciliter la distanciation physique à Ali Addeh et à Holl-Holl.

Mlle Roukiya Mohamed Osman, l’auteure de l’article de l’Opinion parle de psychose volontairement entretenue par le gouvernement lorsque le souci de celui-ci est de sauver des vies tout en maintenant une communication transparente et réaliste.

Insinuer que c’est le gouvernement qui dépeint délibérément un scénario catastrophique est au mieux cynique sinon le produit d’une personnalité qui se réfugie dans un univers imaginaire dangereusement puéril. Le nombre de morts dans le monde a aujourd’hui dépassé les 100 000 morts, celui des personnes contaminées est de 1 684 833 et les familles se retrouvent dans une situation étrange et singulière où elles ne peuvent pas organiser des funérailles décentes pour dire au revoir à leurs morts. De toute évidence, en persévérant dans de pareilles lancées, Mlle Roukiya Mohamed Osman s’est laissée charmer, si ce n’est envoûter, par la lecture assidue des notes émanant de certains cercles pétris de cultures néocolonialistes.

Je ne m’attarderai pas dans l’analyse de cette note, je voudrais tout simplement vous référer à la superbe analyse faite par Mr Issa OulèyeSow. A défaut de vaccins, le confinement est le seul recours pour limiter la propagation du virus. Le respect de ces mesures de confinement se fait toujours de manière graduelle. D’où l’importance d’un effort soutenu et d’un rappel constant en ayant recours à tous les supports disponibles. A Djibouti, les efforts pour contenir et prévenir le virus ont également inclus, mais sans s’y limiter, des annonces quotidiennes à la télévision et à la radio, des SMS envoyés sur chaque téléphone portable, une ligne d’urgence dédiée au Covid-19.

Nous tenons ici à saluer la résilience de la population djiboutienne ainsi que le formidable élan de solidarité et d’entraide.

S’il y a une catégorie professionnelle à laquelle nous rendons un vibrant hommage c’est le personnel médical qui est en première ligne dans le combat face au Covid-19. Aussi, en reconnaissance des services rendus, le gouvernement a annoncé des mesures exceptionnelles de revalorisation des valeurs indiciaires et des catégories de l’ensemble du personnel infirmier, aides-soignants et sages-femmes. Le personnel fonctionnaire bénéficiera d’une augmentation indiciaire de 100 points et celui relevant de la convention collective fera l’objet d’un reclassement de deux catégories.

Dans l’effort constant de transparence, le ministère de la Santé tient un point presse quotidien afin d’informer la population sur l’évolution de la pandémie en République de Djibouti.

Djibouti n’a pas ménagé ses efforts pour tester, retracer, prévenir, isoler et traiter les patients atteints de coronavirus. Comparativement, Djibouti a effectué le plus de tests de coronavirus pour 1 000 personnes en Afrique de l’Est. Djibouti, avec moins d’un million d’habitants, avait au 10 avril 2020, effectué 3 740 tests Covid-19. Les preuves à l’appui de cette position sont les mises à jour quotidiennes de l’IGAD et de l’OMS sur la situation du Covid-19 dans les États membres de l’IGAD.

Enfin, il ressort de l’analyse sommaire que nous faisons de l’article de Mlle Roukiya Mohamed Osman qu’elle est déterminée à non seulement «vivre dans des idées fausses » mais également «vivre d’idées fausses ».

Elle est de toute évidence sous l’influence de certains acteurs qui voient toute crise comme une opportunité de manipulation et de déstructuration des sociétés africaines qu’ils estiment manipulables à souhait. Qu’ils se détrompent! Jamais la vigilance critique n’a été aussi aiguisée!

Quant à Mlle Roukiya Mohamed Osman, elle semble entretenir des rapports apparemment difficiles, compliqués avec sa mère patrie. Nous lui rappelons tout simplement que c’est cette même patrie qui l’a nourrie, accompagnée tout au long de sa scolarité y compris dans ses études doctorales et lui a offert un poste au Centre d’études et de recherches de Djibouti (CERD).

Qu’elle cherche obstinément sous l’impulsion de «ses figures tutélaires » à trouver dans la crise Covid-19 une opportunité de se faire un « nom » nous paraît dérisoire.

La crise sanitaire passée, elle ne sera qu’un « témoin suspect » de trop dans une longue liste de figures qui se sont pliées au même exercice.

De nouveau condamnée à l’anonymat, elle ruminera, inquiète et angoissée, combien ils ont été ingrats envers elle ! »