Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, le ministère de la femme et de la famille a initié durant la période 2016-2018, avec l’appui du FNUAP, un programme de création de mutuelles communautaires pour venir en aide aux femmes et aux familles vivant en situation de précarité.

Ainsi, en l’espace de trois ans, 42 localités, réparties dans les zones périurbaines de Djibouti-ville et les 5 régions de l’intérieur du pays, ont pu créer des mutuelles communautaires. Une initiative couronnée de succès. L’objectif est d’impliquer les communautés rurales dans les projets de développement, en les organisant et en les dotant des outils qui leur permettront de faire face solidairement aux risques sociaux et aux défis de développement de leurs localités.

En d’autres termes, les mutuelles de développement communautaire ambitionnent de devenir un acteur de développement local. Il s’agit d’intégrer les communautés rurales dans la dynamique de la croissance accélérée de notre stratégie de développement. Cette valorisation passe par l’autonomisation économique des femmes et des hommes en milieu rural. C’est la voie la plus sûre vers l’éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive. Le rôle de la planification familiale dans le renforcement de la résilience est défini et fait l’objet d’une mobilisation et appropriation communautaire. Des programmes intégrés, incluant la planification familiale, sont mis en œuvre.

Ce programme a consisté en fait à sensibiliser les communautés à la santé de la mère et de l’enfant, à l’espacement de naissance, au planning familial, aux droits à la santé reproductive, aux violences fondées sur le genre dont les MGF, à la résilience face à la sécheresse et aux changements climatiques, et surtout à amener hommes et femmes à cotiser pour mettre en place des caisses communautaires gérées par des comités de gestion destinées surtout à l’autonomisation économique des femmes. Ces caisses communautaires ont permis en effet aux femmes d’entreprendre des activités génératrices de revenu, de promouvoir l’hygiène et la santé, d’avoir accès aux soins, et de couvrir même les frais de transport des femmes enceintes vers des centres de santé pour accoucher. Les mutuelles communautaires de la phase 1 et 2 été réparties dans les 5 régions à raison de 8 localités par région (soit 4 dans une première phase en 2016 et 4 autres dans une deuxième phase en 2018).

A travers ce programme, le ministère de la femme et de la famille, avec le soutien financier du FNUAP, a injecté près de 7 000 000 FD dans les caisses communautaires. Les 2/3 de cette somme ont servi à près de 170 femmes à entreprendre des activités génératrices de revenus. Ainsi, plus de 1000 ménages ont vu leurs conditions de vie améliorées. Par ailleurs, 657 familles ont reçu des kits solaires et 348 femmes des kits pour nouveaux nés. 1 070 590 FDJ de cotisations effectuées par les membres  dans un processus de pérennisation des caisses. 491 femmes ont suivi un programme d’alphabétisation et 150 ménages ont bénéficié de matériels agricoles. Enfin, 200 membres des comités de gestion sont formés sur les principes des mutuelles, les étapes de mise en œuvre et les opérations de gestion des caisses communautaires.

L’institutionnalisation des mutuelles communautaires

Le succès de cette première phase a permis au ministère d’institutionnaliser les mutuelles communautaires par décret en 2018. Grâce à ce décret, les mutuelles sont reconnues comme acteurs du développement local et sont consultées à chaque fois qu’une institution étatique ou non étatique de développement compte mettre en œuvre des activités dans leurs localités respectives.

Le ministère projette d’étendre ce programme à 162 communautés dans les 3 prochaines années. Pour ce faire, le ministère a élaboré une stratégie de développement communautaire (SDC) dont les objectifs et les axes sont les suivants :

• AXE 1 : Mobilisation sociale pour la promotion du développement communautaire

La mobilisation sociale pour la promotion du développement communautaire est une action qui vise à encourager les populations à participer à l’aménagement et au développement des communautés sûres pour les femmes. Elle doit englober des collectivités toutes entières pas seulement quelques acteurs directement associés aux programmes. Elle peut être définie comme un processus en vertu duquel des groupes locaux reçoivent de l’assistance technique et financière, afin de définir et exprimer leurs besoins et objectifs et agir de façon collective afin de les satisfaire et de les réaliser.

• AXE 2 : Multiplication et Institutionnalisation des Mutuelles communautaires

Il s’agira de porter le nombre de mutuelles de 42 à 162 d’ici 2023 à raison de 40 mutuelles par an sur trois ans (2020-2022), afin de couvrir beaucoup plus de localités dans les 5 régions et notamment en milieu rural où le taux de pauvreté est élevé. Ce qui permettra de promouvoir le développement communautaire à l’échelle nationale.

Cette institutionnalisation permettra aux mutuelles communautaires d’avoir un statut officiel et surtout beaucoup plus de poids pour contracter des prêts, bénéficier des services bancaires, de recevoir des dons et des legs ou encore des biens mobiliers ou immobiliers pour se lancer dans des initiatives de développement local. L’institutionnalisation permettra également au Ministère de la Femme et de la Famille, à juste titre, d’avoir le droit de regard sur les activités et projets conçus, élaborés et réalisés par les mutuelles, étant donné que la demande d’autorisation de fonctionnement d’une mutuelle communautaire doit être adressée au préfet de chaque région et aucune mutuelle ne pourra fonctionner avant que ses statuts n’aient été adoptés par l’Assemblée générale constitutive et approuvés par la Préfecture de la région et par le Ministère de la Femme et de la Famille

• AXE 3 : Renforcement des Connaissances des

Mutuelles communautaires. Il s’agira de sensibiliser les communautés à la connaissance, à la promotion et à la protection de leurs droits. Il s’agira en premier lieu d’alphabétiser les hommes et les femmes des communautés dans le cadre du programme d’alphabétisation

• AXE 4 : Renforcement de l’accès des Mutuelles communautaires à la Protection sociale et aux Services sociaux de base

Compte tenu de la situation de vulnérabilité et de pauvreté extrême que connaissent les populations des localités dans les régions et notamment en milieu rural, il s’agira de venir en aide aux membres des mutuelles communautaires, et ce, dans le cadre de la Stratégie nationale de protection sociale (2018-2022) du gouvernement. Cette approche va motiver les populations à contribuer au développement communautaire. L’état des lieux des 40 mutuelles communautaires existantes a révélé qu’une majorité des localités ne bénéficient pas de tous les services sociaux de base (éducation, santé, eau, éclairage, accessibilité routière, etc.).Il s’agira par conséquent d’amener les communautés à traiter ces problèmes en coopération avec le Secrétariat d’État à la Décentralisation ayant en charge la mise en œuvre des Plans de développement régionaux et en partenariat avec les départements ministériels concernés (Ministères de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’élevage, de l’eau, de la pêche, de l’environnement, de l’énergie, ainsi que l’agence djiboutienne des routes (ADR) pour faciliter l’accès aux localités).

• AXE 5 : Autonomisation économique des Mutuelles communautaires et Développement des Potentialités locales

Il s’agira de renforcer les capacités des mutuelles communautaires par le biais de la formation. Il s’agira en fait de former les hommes et les femmes des communautés : 1- au concept de développement communautaire 2- au montage de projets de développement communautaire 3- à la mobilisation de fonds et ressources financières par la recherche de financement auprès  du Fonds de Solidarité Nationale (FSN) ou du Fonds de Développement Économique de Djibouti (FDED) ou des Banques existantes dans les chefs-lieux des régions ou encore auprès des Partenaires techniques et financiers 4- à la bancarisation3 5- à la mise en œuvre et à la gestion des projets axés sur les résultats 6- à la concertation, la coopération et le partenariat multisectoriel, et ce, pour un développement communautaire durable de façon à pouvoir s’aligner avec les ODD à l’horizon 2030.

L’état des lieux a montré que les localités, où sont implantées des mutuelles communautaires, disposent des potentialités qui ne sont pas toujours exploitées, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat et du petit commerce ou encore en aviculture et la pêche.

Il s’agira donc d’amener les mutuelles communautaires à développer ces potentialités en concertation et en coopération avec les préfets, les élus locaux, ainsi que des associations et ONG présentes dans les régions éventuellement dans le cadre des PDR ou plans de développement régionaux. En effet le décret fixant les règles particulières d’organisation et de fonctionnement des mutuelles communautaires stipule en son article 3 que : « les mutuelles sont reconnues comme acteurs du développement local et sont consultées à chaque fois qu’une institution étatique ou non étatique de développement compte mettre en œuvre des activités dans leurs localités respectives ».

L’extension du programme à Djibouti-ville

Ayant évalué et constaté l’impact de ce projet et l’amélioration des conditions de vie des populations vivantes dans les zones rurales, le ministère de la Femme et de la Famille souhaite étendre ce projet dans les quartiers pauvres de Djibouti-ville en 2020, pour permettre à ces populations de s’organiser et de s’entraider. Pour implanter ce projet à Djibouti-ville, le Ministère de la Femme et de la Famille organisera des réunions avec la Maire de Djibouti, les conseils des quartiers et les élus locaux, pour impliquer les acteurs locaux dans ce projet. Les quartiers identifiés par le Ministère sont :

• Pour la commune de Boulaos : quartiers 2, 3, 5, Arhiba et Djebel.

• Pour la commune de Balbala : Wahlehdaba, Hayabley, T3, Moustiquaire, Nasaib