Chaque jour, dans la capitale, la route devient un champ de bataille. Une course effrénée où le bon sens abdique face à la loi du plus fou. Les klaxons remplacent les clignotants, les feux de signalisation servent de décoration inutile à maints endroits. Quant aux piétons, ils traversent en priant plus qu’en regardant.

Dans ce chaos devenu quotidien, une question s’impose avec urgence : combien de morts faudra-t-il encore pour que les consciences s’éveillent et que les responsables en charge prennent leurs responsabilités ?

Les accidents de la route ne sont plus des faits divers isolés. Ils prennent de plus en plus les allures d’une véritable épidémie urbaine. Le macadam craqué, les nids-de-poule géants, les croisements sans feux ni panneaux de priorité ne font qu’aggraver la folie d’automobilistes déjà indisciplinés. Trop nombreux sont ceux qui prennent le volant comme on entre en guerre : sans patience, sans civisme, sans égard pour la vie d’autrui.

Mais blâmer seulement les conducteurs serait réducteur. L’État, les collectivités locales, les forces de l’ordre, portent eux aussi leur part de cet échec collectif. L’entretien des routes laisse à désirer. La signalisation, quand elle existe, est illisible ou incohérente. Le code de la route est bafoué sous les yeux d’agents impassibles, trop souvent absents ou occupés ailleurs. L’impunité est reine.

Et que dire des transports en commun ? Bus hors d’âge, minibus conduits par des chauffeurs téméraires, arrêtés n’importe où et n’importe comment, au mépris du danger. Quant aux deux-roues, ils se faufilent comme des ombres sans casque ni phare, bravant ainsi les lois et de la physique et de la circulation.

Il est temps de sonner l’alarme. De faire de la sécurité routière une priorité nationale. Il faut un plan d’urgence : réfection des routes, installation de signalisations conformes, campagne de sensibilisation massive, application stricte de la loi. Et surtout, il faut restaurer une culture du respect : respect des règles, respect des piétons, respect de la vie.

Presque chaque jour, nous assistons à des attroupements au bord de la route qui nous rappellent une vérité crue : une vie a encore été fauchée. Et derrière chaque accident, il y a un drame, une famille brisée. Cela ne peut plus durer.

Il est temps que Djibouti-ville cesse d’être une jungle motorisée et redevienne une cité où l’on circule en sécurité. Il est temps de reconstruire la route… et la conscience citoyenne