La République de Djibouti et la délégation de l’Union Européenne ont signé deux accords de financement à hauteur de 7 millions d’euros, soit environ 1,4 milliard de francs Djibouti dont l’un servira à la poursuite du programme de lutte contre les mutilations génitales féminines et l’autre au renforcement des capacités des institutions nationales.

Cet événement d’importance capitale pour le pays est intervenu au cours d’une cérémonie qui s’est tenue hier matin dans la grande salle de réunion du ministère des finances et de l’économie chargé de l’industrie. Le ministre Ilyas Moussa Dawaleh a en effet signé aux côtés de l’ambassadrice de l’Union européenne à Djibouti et auprès de l’IGAD, Dr Denisa Elena-Ionete, deux accords de financement à hauteur de 7 millions d’euros, soit environ 1,4 milliard de francs Djibouti. En présence de la ministre de la Femme et de la Famille, Mme Mouna Osman Aden, ces accords marquent une nouvelle étape dans le partenariat stratégique qui unit Djibouti et l’Union européenne, autour de deux priorités nationales : la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) et le renforcement des capacités institutionnelles. Le premier accord, d’un montant de 5 millions d’euros, vient soutenir une lutte qui figure depuis plusieurs années au cœur des préoccupations du gouvernement et de la société civile djiboutienne : l’éradication des mutilations génitales féminines. Longtemps perçu comme un tabou, ce fléau est aujourd’hui combattu avec détermination grâce à des campagnes de sensibilisation, des programmes éducatifs et des initiatives communautaires.

Pour la ministre de la Femme et de la Famille, Mme Mouna Osman Aden, cet appui européen constitue une continuité mais aussi un saut qualitatif. « Ce programme, mis en œuvre aussi bien à Djibouti-ville que dans les régions, a permis d’atteindre des résultats significatifs. Grâce à ce nouvel accord, un second cycle d’activités pourra être lancé pour consolider les acquis et étendre les actions », a-t-elle déclaré.

Au-delà de la sensibilisation, il s’agit désormais pour le ministère de la femme et de la famille de bâtir une véritable stratégie nationale permettant mobiliser les leaders communautaires, les institutions éducatives, les associations locales et les autorités religieuses afin d’ancrer dans les mentalités la nécessité de protéger filles et femmes de pratiques néfastes. Djibouti, pionnier dans la région, entend ainsi devenir un modèle de résilience et d’engagement pour l’Afrique de l’Est.

Le second accord, baptisé ‘‘Facilité de coopération 2’’, d’un montant de 2 millions d’euros, est d’apparence plus technique, mais revêt une importance tout aussi stratégique. Cet appui vise à renforcer les capacités des institutions nationales pour piloter les grands chantiers de développement, affiner l’élaboration des politiques publiques et améliorer la mise en œuvre des programmes.

« Cette convention nous permettra de financer toutes nos études stratégiques, de promouvoir l’investissement à Djibouti et de définir des politiques publiques adaptées aux besoins du pays », a souligné le ministre de l’Économie et des Finances, M. Ilyas Moussa Dawaleh.

En clair, cette facilité offre aux autorités djiboutiennes plus de flexibilité et d’autonomie dans la conduite des projets structurants, qu’il s’agisse d’infrastructures, d’industrialisation, de stratégies d’investissement ou de développement social. C’est un outil de gouvernance moderne qui place Djibouti sur la voie d’une meilleure efficacité administrative.

L’ambassadrice de l’Union européenne à Djibouti, Dr Denisa Elena-Ionete, a tenu à rappeler le caractère stratégique de ces conventions.

« L’Union européenne reste un partenaire engagé, dans un contexte mondial où les financements pour la lutte contre les mutilations génitales féminines se raréfient », a-t-elle affirmé.

Elle a également mis l’accent sur la nouvelle dynamique du partenariat entre Djibouti et l’Union Européenne. « Par le passé, le processus de décision et de signature prenait du temps. Désormais, nous le faisons côte à côte avec vos autorités, ici même, en signe de confiance et de proximité » a rappelé la diplomate européenne dans cet engagement qui traduit la volonté de son institution d’intervenir dans les priorités nationales de Djibouti. Il est à noter qu’au fil des ans, la relation entre Djibouti et l’Union européenne s’est enrichie et diversifiée. Déjà, un précédent financement de 7 millions d’euros avait permis de poser les bases d’un travail de terrain dans la lutte contre les violences basées sur le genre et l’autonomisation des femmes. Les résultats obtenus avaient été largement salués par les acteurs locaux et internationaux.

Aujourd’hui, ces nouvelles conventions viennent consolider cette dynamique. Pour le ministre Ilyas Moussa Dawaleh, il s’agit d’un « pas important vers un avenir social et économique plus équitable pour Djibouti ».

Les priorités sont claires. Il s’agit pour Djibouti de protéger les femmes, renforcer les capacités de l’État, soutenir la croissance et garantir que le développement profite à tous. Des engagements qui traduisent une vision partagée pour un pays inclusif, fort de sa jeunesse et de ses valeurs.

La cérémonie de signature a réuni outre les membres du gouvernement, des responsables du ministère de l’économie et des finances et européens parmi lesquels, le chef de coopération de la délégation de l’Union Européenne M. Gerald Halter et M. Ali Mohamed Ali Gadileh,  Directeur du Financement Extérieur.

Les applaudissements qui ont suivi la signature témoignent de la portée de ces engagements. Pour la ministre Mouna Osman Aden, « ce moment est crucial car il permet de consolider les efforts déjà engagés et d’ouvrir un nouveau chapitre pour la protection et l’émancipation des femmes djiboutiennes ». « Cette partie de notre programme multi annuel est celle qui est aussi la plus stratégique» a clairement indiqué l’ambassadrice Ionete.

En effet, en injectant 7 millions d’euros dans deux programmes d’envergure, l’Union européenne et Djibouti réaffirment leur volonté de bâtir une société plus juste et une gouvernance plus efficace. L’un cible un enjeu sociétal majeur : l’éradication des mutilations génitales féminines et la promotion de l’égalité de genre. L’autre offre à l’État les moyens techniques de mieux piloter son développement.

RACHID BAYLEH

Le point avec…Ilyas Moussa Dawaleh

Ministre de l’économie et des finances, chargé de l’industrie

“Durant les années passées, nous avons eu un financement qui a donné beaucoup de résultats et les encouragements de tous les acteurs”

« L’Union Européenne et Djibouti entretiennent des relations particulièrement fructueuses, de confiance et constantes. Aujourd’hui, nous sommes très heureux de porter notre signature de deux conventions dont leur intérêt reste essentiel. La première convention porte une convention d’appui, un don de 5 millions d’euros soit environ 1 milliard de francs Djibouti pour aider le ministère de la femme et de la famille à travailler sur des sujets majeurs, notamment le travail de développement de l’égalité du genre, la lutte contre les mutilations génitales dont Djibouti fait partie de ces pays pionniers en termes de lutte contre ces phénomènes. Et bien sûr, sur le développement des capacités des femmes djiboutiennes ici à Djibouti et dans les régions de l’intérieur. Durant les années passées, nous avons eu un financement toujours sous la forme de dons qui était de l’ordre de 7 millions d’euros et qui a donné beaucoup de résultats et les encouragements de tous les acteurs. C’est sur la base de cette réussite, du financement précédent, que nous avons soutenu et que nous portons aujourd’hui avec également l’engagement de l’Union européenne sur ces sujets très importants. Nous nous félicitons et nous vous remercions Madame l’ambassadeure et à travers vous, l’Union européenne plus généralement. Deuxièmement, c’est une convention d’appui technique pour financer toutes nos études stratégiques, pour financer également les capacités de nos différentes institutions pendant les années à venir. Pour que nous ayons un peu plus de flexibilité en termes de réalisation des études, qu’elles soient des études destinées à la promotion des investissements à Djibouti, mais également des études pour définir des politiques publiques sur différents sujets d’intérêt pour Djibouti »