A l’occasion de l’inauguration du nouveau siège de la BCIMR, lundi dernier,  le gouverneur de la Banque Centrale de Djibouti, Ahmed Osman Ali, a prononcé une importante allocution dans laquelle il a déclaré que « sur le plan financier et dans le contexte actuel marqué par la pandémie du Coronavirus, notre secteur bancaire est demeuré relativement résistant et solide, comme l’attestent les indicateurs financiers ». Nous reproduisons la quintessence du discours du gouverneur.

« Dans le contexte actuel d’incertitudes, liées à la pandémie de Coronavirus, notre économie a su faire preuve de résilience et d’adaptation, grâce notamment aux importantes mesures de soutien mises en place par les autorités nationales, dans le cadre du Plan National de relance avec l’appui de certains de nos partenaires internationaux.

Ainsi, selon le Rapport « Global Economic Prospect » de la Banque Mondiale, Djibouti devrait connaitre en 2021 la plus forte croissance économique en Afrique avec un taux prévisionnel de 7,1%. (Moyenne en Afrique entre 2,7 et 3,6 %). 

Cette perspective et les performances des années antérieures ne sont pas le fruit du hasard, mais découlent d’une vision et d’une stratégie bien réfléchie, déployée sous le leadership du Président de la République, SEM Ismaïl Omar Guelleh.

En effet, dépourvu de richesses naturelles et soumis à une nature exigeante et aride, notre pays a su tabler sur son principal atout, à savoir sa position géostratégique, en y érigeant un modèle de croissance et de développement singulier basé sur une offre portuaire et logistique unique.

Dans cette voie, Djibouti s’est engagé dans la modernisation de sa législation, de son système financier et la réalisation d’infrastructures performantes adaptées aux exigences du marché international. C’est l’essence de tous les projets de croissance et d’expansion en cours, que je cite sans être exhaustif (ports, zones franches, énergies renouvelables, parc industriel de Damerjog, chantier de réparation navale, centre d’affaires internationales, etc.).

Aussi pour mieux coordonner les actions du moment,  du moyen et du long termes, notre pays s’est doté tout dernièrement d’un nouvel instrument financier, le Fonds Souverain de Djibouti, qui devra permettre aussi de mutualiser les richesses du pays et leur partage, d’agir en partenariat sur des projets d’investissements internationaux, de soutenir le secteur privé au niveau national et de constituer progressivement une épargne aux générations futures comme le font les institutions financières internationales de même nom.

C’est dire combien l’environnement économique général de Djibouti s’inscrit dans un cadre dynamique et attrayant pour évoluer et aborder sereinement l’avenir.

Sur le plan financier et dans le contexte actuel marqué par la pandémie du Coronavirus, notre secteur bancaire est demeuré relativement résistant et solide, comme l’attestent les indicateurs financiers.

Les importantes mesures prudentielles et réglementaires que nous avons rapidement adoptées pour faire face aux chocs induits par la pandémie ont contribué à la résilience de l’activité et des équilibres dans ce secteur, qui a à son tour soutenu les particuliers et entreprises touchées par la crise conséquente à cette pandémie. Aujourd’hui, les banques de la place retrouvent progressivement leurs niveaux d’activités, mais elles restent exposées à d’éventuels chocs sanitaires ou économiques, tant l’environnement international est sujet à beaucoup d’incertitudes.

Hormis ce contexte particulier, notre secteur financier s’illustre, depuis plusieurs années, par une formidable expansion, dans le sillage de la forte croissance de l’activité économique nationale dans son ensemble.

Pour maintenir cette dynamique et, après tous les efforts du gouvernement, en termes de réformes et d’investissements, pour asseoir la compétitivité et la croissance du pays, il est plus que jamais le tour des investissements privés de prendre le relais pour soutenir durablement la croissance. Et pour cela, le rôle des banques de la place est primordial. Certes la multiplication des opérateurs et la densification des activités bancaires alimentent notre croissance, mais insuffisamment au regard des besoins en financement patent dans les divers secteurs de notre économie.

Pour sa part la BCD, en qu’autorité monétaire ne se limite pas à exhorter les banques à financer davantage l’économie, mais agit aussi pour accroitre leurs capacités et leur résilience:

1. Par le renforcement de la stabilité financière à travers le réglage des paramètres de gestion et de surveillance,

2. par la modernisation des infrastructures et des moyens de paiements, la digitalisation et l’introduction du mobile money,

3. par l’amélioration de l’environnement et la réputation de la place en matière de lutte contre le financement du terrorisme et blanchiment,

4. par la participation à la construction de grands espaces économiques à travers les travaux des gouverneurs des pays du COMESA que nous avons l’honneur de diriger depuis trois ans,

5. et enfin, par la mise en place d’un vaste programme d’inclusion et d’éducation financière du public et la protection des consommateurs.

Pour conclure mon propos, laissez-moi vous dire ou vous confirmer ce que vous savez déjà : Djibouti traverse un tournant décisif dans son ascension et développement économique.

Par conséquent, il nous appartient à tous de continuer à nous mobiliser pour l’assoir définitivement dans la durée et le rendre plus inclusif. Et pour cela, nous avons le bon cap, les moyens en infrastructures et les ressources financières et humaines nécessaires, qui doivent être gérés avec efficacité, rigueur, et compétence à tous les niveaux, pour réussir ».