Quelques semaines auparavant, le ministère de l’Intérieur de Djibouti a émis un signal fort concernant sa politique migratoire.  Une nouvelle étape de vérification des identités et de régulation des flux migratoires a été divulguée, indiquant un changement significatif dans la façon dont le pays prévoit de gérer l’afflux croissant de migrants étrangers sur son sol.

Depuis le début du mois d’avril, les autorités ont adopté une attitude ferme, voire inflexible, envers les personnes en situation irrégulière.

Un décret récemment publié par le gouvernement oblige ces dernières à quitter le territoire dans un délai imparti, sous peine de risques d’expulsions de grande envergure.

D’après les termes officiels, cette initiative vise à “rétablir l’ordre, protéger la sécurité nationale et sauvegarder les intérêts des citoyens djiboutiens”.

Dans ses déclarations publiques, le ministre de l’Intérieur a expliqué cette approche stricte par ce qu’il qualifie de « flux migratoires incontrôlables » qui menacent la sécurité du pays.

Pour le gouvernement, il est impératif que chaque étranger présent sur le sol national respecte les lois en vigueur et demeure en conformité légale.

En d’autres termes, toute personne non ressortissante doit se conformer à la loi: posséder un titre de séjour valide, être officiellement enregistrée auprès des instances compétentes, et en cas d’emploi, être déclarée par son employeur qui en assume la responsabilité.

Cette exigence vise à établir un système plus transparent et contrôlé, facilitant la tâche des forces de l’ordre et des services administratifs afin de localiser les étrangers en situation régulière et, surtout, de les contacter en cas de nécessité, qu’il s’agisse de considérations sécuritaires, sanitaires ou administratives.

Il ne suffit plus d’être simplement « toléré » sur le territoire ; il faut être reconnu, identifié et localisable par les institutions publiques, dans une optique sécuritaire, tout comme c’est le cas dans le monde entier.

Créer  un cadre clair, sécurisé et traçable

Cette méthode vise donc à créer un cadre clair, sécurisé et traçable, où chaque citoyen ou étranger a sa place dans le tissu social et économique du pays, sous réserve de son inscription légale.

Le gouvernement affirme que ces populations vivent souvent dans des conditions précaires, en alimentant certains quartiers informels, ce qui, selon lui, favorise les activités criminelles telles que le trafic de stupéfiants, les vols et autres formes de délinquance.

Cette annonce gouvernementale a immédiatement suscité des réactions nombreuses sur les réseaux sociaux, divisant l’opinion publique entre soutien ferme et critiques vives.

Pour une citoyenne djiboutienne âgée de 32 ans, souhaitant garder l’anonymat, la nouvelle politique migratoire adoptée par le gouvernement représente une véritable opportunité.  Selon elle, il était grandement temps que les autorités prennent des mesures déterminées pour instaurer l’ordre et effectuer un vrai tri parmi les étrangers présents sur le territoire. « Il était inacceptable qu’un groupe de personnes en situation irrégulière puisse, par exemple, fermer une rue entière pour célébrer un mariage sans aucune autorisation ni considération pour les résidents du quartier », témoigne-t-elle avec assurance.  

Elle évoque que même les citoyens djiboutiens doivent solliciter l’accord des autorités avant d’organiser un événement public ou de bloquer un espace collectif. Or, ces mêmes règles semblaient être ignorées par certains groupes de migrants vivant dans l’illégalité.

Elle poursuit en mentionnant ce qu’elle estime être un manque total de respect des normes locales: « Ces personnes font ici des choses qu’elles n’oseraient jamais faire dans leur propre pays. Elles s’installent à leur gré, ne tiennent pas compte des lois en vigueur, créent des désordres sans en subir les conséquences. Cela doit cesser. »

Selon cette citoyenne, cette passivité envers les comportements incontrôlés nuit non seulement à l’image du pays, mais aussi au quotidien des familles djiboutiennes, qui se retrouvent souvent démunies face à ces situations.

Elle appuie donc avec conviction les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement, estimant qu’il s’agit là d’une étape essentielle vers le rétablissement d’un ordre public respectueux des lois et de la dignité de chacun.

Elle précise que toutes les personnes ne sont pas identiques, ajoutant que certains souhaitent travailler honnêtement tandis que d’autres nuisent à l’image du pays ; cette initiative permettra de faire la distinction.

Parmi les partisans de cette mesure, Mohamed Abdi, un fonctionnaire djiboutien, exprime son soulagement : « Enfin, le gouvernement prend ses responsabilités.

Trop longtemps, nous avons vu des personnes circuler librement sans aucun contrôle. Cela va à l’encontre de notre image, de notre sécurité et même de notre emploi. Ces mesures sont nécessaires pour regagner le contrôle de notre territoire. » « Il ne s’agit pas d’une mesure xénophobe, mais d’une nécessité. Nous devons nous protéger en tant que pays, protéger notre économie, et par-dessus tout, préserver notre cohésion sociale », a-t-il ajouté.

Même si une bonne partie de cette population quitte le territoire, le pays tout entier observe avec attention la mise en œuvre de ce nouveau cadre migratoire. Entre fermeté gouvernementale et nécessité.

Bien que le gouvernement insiste sur le caractère indispensable et non discriminatoire de ces mesures, les obstacles demeurent nombreux: assurer une application juste et respectueuse des droits humains, éviter les abus ou les erreurs d’identification, et surtout, offrir une solution pérenne à un phénomène migratoire régional qui ne se résout pas exclusivement par des expulsions.

Dans ce climat tendu, une chose est certaine : Djibouti aspire à redéfinir mais aussi réaffirmer ses réglementations, et tracer une ligne nette entre ceux qui vivent légalement sur son territoire, qu’ils soient citoyens ou étrangers, et ceux qui, selon lui, mettent en péril l’ordre public et la sécurité nationale…en d’autres termes une démarche courageuse.

Said Mohamed Halato