La mendicité est un fléau qui met une personne en situation de quémander de la nourriture, de l’argent donnée par charité. Il est habituellement sans domicile fixe et les principaux concernés sont les enfants et les femmes. La mendicité est conçue et décrite comme le résultat d’une anecdote qui peut engendrer une chute économique. Fréquents sur les lieux publics, dans les rues, et se faufilant entre les véhicules dans la circulation à longueur de journée. C’est un phénomène qui devient de plus en plus inquiétant car les grandes voies, les rues, les places publiques, les lieux de culte sont occupés par les mendiants de tout genre.

Il n’y’a rien de plus déshonorant et plus funeste que la mendicité. Elle est la source d’une foule de maux, elle arrête ou tarit tous les canaux qui font circuler la richesse publique. Elle engendre l’oisiveté, et est mère de tous les vices, elle corrompt les mœurs et plonge les âmes dans le désespoir.

Par ailleurs, la mendicité est interdite par la religion musulmane sauf en cas de forces majeures, cautionnée uniquement pour celui qui est en faillite, celui ayant atteint un certain âge et dépourvu de tout moyen et enfin pour celui qui est en état d’handicap mental ou corporel ne pouvant pas travailler.

Selon ce prédicateur religieux de la mosquée Al Bilal, notre prophète (SBSL) a dit : « Éviter de mendier et forger la force qu’Allah vous a donnée, il faut préserver son honneur car celui qui demande autre qu’Allah est injuste envers lui-même et se rabaisse ».

La plupart de mendiants sont sans doute des vifs artisans de leur métier, une odieuse profession qui est le berceau de l’oisiveté, de l’imposture et du brigandage.

Pour ce mendiant : « il y’avait auparavant peu de mendiants devant les mosquées, mais aujourd’hui il y’en a tellement que je viens tôt pour me poster à la meilleure position lors de la distribution de l’aumône, la concurrence est à redouter ». Puis en les écoutant se chamailler, un autre dit : « C’est maigre comme rétribution ici, la prochaine fois faut que je parte à la mosquée de Héron, c’est plus fructueux là-bas et les gens sont plus garnis que ceux des quartiers».

Pour ce métier, rien n’est plus facile de se transmuer en « mendiant » car il n’y’a point de papier à produire, plus de formalité, pas de démarche à effectuer, c’est un droit qu’on acquiert par naissance.

Les enfants de carrefour

La mendicité des enfants de la rue est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans la capitale de la république. La présence de petits garçons et filles de très bas âges, en train de mendier à leurs risques et périls dans les rues frappent les visiteurs étrangers dès leur arrivée à Djibouti.

Pour ces enfants, mendier est devenu un métier sous la surveillance des adultes qui les accompagnent. Victimes d’une exploitation intolérable ou simplement d’un mode de vie diffèrent de notre, ces jeunes mendiants dérangent forcément dans un pays où l’école est obligatoire. On distingue deux sortes de mendicité, d’abord il y’a ceux qui sont issues d’une famille très pauvre et trouvent dans la mendicité un moyen de survie, et il y’a ceux dont les parents mettent en situation de mendicité à leur profit, malgré leur âge limite de 5 ou 6 ans. On aperçoit chaque jour dans nos rues, des centaines d’enfants errants, forcés à mendier pour ramener de l’argent à leurs parents ou propriétaires, et en réalité, ces derniers censés les éduquer et les nourrir les exploitent. C’est une forme d’esclavage humaine que la société civile admet et tolère, personne n’entreprend aucune initiative. Il faut noter cependant que tous ces mendiants ne sont pas du pays et sont tous issus d’une autre nationalité (Ethiopie, Somalie, Yémen,etc.).

De bonne heure le matin, ces enfants mis sur orbite sont stationnés dans chaque carrefour de 07 h à 23 au soir, ils sont en général mal habillés et sales présentant pour la plupart d’entre eux des plaies partout dans le corps.

Ces deux jeunes filles, Mako et rilsan, âgées de 12 et 13 ans ont commencé à faire la manche depuis l’âge de 5 ans et l’ainée nous dit : « J’ai commencé la manche toute petite, avec mon père et ma sœur de son côté travaillait avec ma mère, et nous ramenons avant le soir une somme prolifique de 10.000 fd par jour, mais aujourd’hui nous faisons moins que 5000 fd en raison du nombre de mendiants qui s’amplifient ». Aujourd’hui elles sont grandes et font la manche toutes seules, et vu que le père est reparti en Ethiopie, la mère sans travail, toute leur économie est basée sur la pitié des passants de zones encombrantes du pays. Pour la plus petite, gagner de l’argent en mendiant c’est simple mais fatigant, je répète une phrase sans cesse chaque jour : « S’il vous plait donnez-moi de l’argent pour acheter à manger, je meurs de faim». Elles rentrent le soir avec un lot d’argent vers leur cabane en ruine à la cité Maka Al Moukarama, un vaste domaine non encore construit où ils sont plus de 50 personnes à avoir élu domicile sans l’accord préalable de la mairie. Ils ont fui famine et guerre dans un pays ou plus de 50% de la population vivent au-dessous du seuil de la pauvreté.

Opération et lutte contre la mendicité organisée

A Djibouti, la mendicité résiste à toutes les offensives mais jusqu’à quand ?

 Selon notre code pénal, la mendicité est considérée comme une infraction avec des peines d’emprisonnement suivant la catégorie. Malgré cette mesure de prescription pour encadrer cette pratique, cette sinistre débâcle sociale continue à rester monnaie courante et se livre dans les principaux centres urbains de la capitale. Il faut par contre pour solutionner cela, que la mairie, les représentants de chaque commune (Ras Dika, Boulaos et Balbala), les comités de quartiers, les associations manifestent une mobilité sociale avec l’aide du gouvernement prêt à apporter sa pierre à l’édifice pour éradiquer ce fléau et sanctionner les acteurs de la mendicité infantile. Comme à l’accoutumé, les forces de sécurité procèdent tous les jours à des rafles et arrestations contre cette horde de mendiants organisés. Leur présence viole les règlements municipaux et nous les arrêtons. C’est un exercice de police classique, dit ce représentant de la police municipale.

D’autre part, pour éviter toute stigmatisation ou racisme sociale, la République de Djibouti a développé un important cadre normatif qui garantit aux enfants davantage de protection, elle garantit à tous ses enfants, y compris ceux porteurs de handicap, les meilleures conditions d’épanouissement et de quiétude, conformément à la Loi n° 33/AN/09/6ème L. portant adhésion à la Charte Africaine des Droits de l’Enfant.

D’après cette magistrate, dans le cadre d’une mesure judiciaire, notre mission est de prendre en charge ces enfants abandonnés et mal accompagnés. Ils sont placés dans une structure d’adoption qui les soigne, les éduque généralement dont le Centre DARYEL puis ils sont adoptés par une famille permanente aussitôt que possible.

La mendicité non reconnue par les tribunaux est un phénomène qui prend aisément une tendance préoccupante au point de perturber le cours de la vie du citoyen, de la circulation et du bon fonctionnement des services publics.

Il faut souligner que le développement de la pratique de ce fléau détruit l’image de marque que voulait se forger Djibouti, dont un modèle d’une ville moderne où règne l’ordre et du respect de la dignité humaine.

Saleh Ibrahim Rayaleh