Sous les  lustres  du prestigieux  Djibouti Palace Kempinski, au cœur d’une capitale en pleine effervescence, s’est ouvert hier  lundi matin un rendez-vous décisif pour l’avenir de notre nation. Le lancement de la consultation nationale du Plan National de Développement (PND) 2025-2030 marque une étape clé de la Vision Djibouti 2035, feuille de route qui guide le pays depuis une décennie. Réunis pour cette grande première séance de travail : membres du gouvernement, élus de l’Assemblée nationale, représentants des institutions républicaines, partenaires techniques et financiers, société civile et secteur privé. Le décor est à la hauteur des ambitions : unir toutes les forces vives pour bâtir un avenir commun, plus inclusif et plus résilient.

Dès l’ouverture, le ministre de l’Économie et des Finances, M. Ilyas Moussa Dawaleh, prend la parole pour poser les fondations. Devant une salle attentive, il déroule la note conceptuelle de ce troisième PND. Cinq principes directeurs guideront l’action : leadership national affirmé, capitalisation des acquis, approche participative élargie, orientation vers des résultats concrets et cohérence avec les grands agendas internationaux, comme les Objectifs de Développement Durable (ODD) et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

« Il ne s’agit plus de dresser une liste de projets sans lendemain, mais de transformer nos priorités en actions visibles et mesurables », souligne le ministre, en rappelant que des consultations sectorielles ont déjà permis de recueillir les besoins réels du terrain — notamment dans l’éducation, la santé, l’emploi, l’énergie ou la gouvernance.

Un discours mobilisateur du Premier Ministre

Après cette présentation technique, le Premier ministre SEM Aboulkader Kamil Mohamed prend la parole pour donner le souffle politique et citoyen à ce chantier stratégique. D’une voix posée, mais ferme, il rappelle d’emblée l’enjeu : « C’est pour témoigner effectivement de l’engagement ferme de notre Gouvernement que je me tiens devant vous aujourd’hui, pour présider la cérémonie d’ouverture du lancement du processus de formulation de notre Plan National de Développement pour la période 2025-2030. » Évoquant les progrès accomplis au cours de la dernière décennie : « doublement du PIB, développement des infrastructures, réforme des secteurs clés » , le Premier ministre reste lucide sur les défis à venir : « Nous faisons face à des défis majeurs : instabilité économique mondiale, vulnérabilités internes, impacts du changement climatique. »

Mais il réaffirme aussi la promesse de Djibouti de ne laisser personne de côté. « Le PND 2025-2030 devra répondre à ces défis en accélérant la diversification économique, en valorisant notre capital humain, notamment notre jeunesse  et en développant les secteurs porteurs dans l’ensemble du territoire. »

Dans son discours, SEM Aboulkader Kamil Mohamed insiste particulièrement sur la dimension territoriale : « Cela passera inéluctablement par un développement territorial équilibré, qui magnifiera les atouts et les avantages comparatifs de chaque région pour enraciner nos populations dans leur terre, en leur offrant un cadre de vie digne. » Une priorité que de nombreux élus locaux saluent. « Ce n’est plus un plan pour la capitale seulement ; c’est une feuille de route pour tout Djibouti », confie un préfet de l’intérieur, en marge de l’atelier.

Des piliers clairs : jeunesse, climat, bonne gouvernance

Au fil de son discours, le Premier ministre déroule les axes majeurs qui structureront l’action collective. La jeunesse, « notre plus grand atout », doit rester au cœur des priorités : éducation, santé, formation et emploi décent pour tous. « Investir dans son éducation, sa santé et sa formation est essentiel pour réussir la transition démographique et construire un avenir prospère », martèle-t-il.

Autre chantier de taille : le changement climatique. « Le Président de la République tient à vous assurer que le développement durable guidera toutes les politiques publiques. Nous devons adapter notre économie aux défis climatiques, promouvoir une économie verte et protéger nos ressources naturelles. »

Enfin, la bonne gouvernance reste la clé de voûte : « La bonne gouvernance est au cœur de nos ambitions. Pour attirer les investissements, nous devons renforcer l’État de droit et lutter activement contre la corruption », rappelle SEM Aboulkader Kamil Mohamed.

Du côté des partenaires techniques et financiers, le message passe bien. Mme Fatou Fall, représentante de la Banque mondiale, salue « l’approche inclusive » et « la perspective de transformation partagée ».

Le président de la Chambre de commerce, M. Youssouf Moussa Dawaleh, appelle quant à lui à « une alliance renouvelée entre l’État, le secteur privé et les partenaires techniques » pour « construire un pacte basé sur la confiance, la prévisibilité et la performance ».

Dans les couloirs du Kempinski, l’ambiance est studieuse. Hauts fonctionnaires, experts sectoriels, élus locaux et représentants d’ONG se projettent déjà sur les prochaines étapes. La première session thématique, consacrée au capital humain et à l’emploi, est prévue pour le 9 juillet.

Le calendrier est clair : la validation finale du plan est attendue pour octobre 2025, après une série de consultations régionales et sectorielles. Une grande campagne nationale accompagnera cette phase pour garantir la transparence et l’appropriation citoyenne.

Écrire ensemble une page nouvelle

En concluant, le Premier ministre a rappelé l’essentiel : « Un plan de développement réussi combine rigueur analytique, flexibilité et engagement collectif. Je sais pouvoir compter sur votre engagement et votre expertise pour faire de ce plan une réussite. » Dans un contexte mondial incertain, Djibouti réaffirme par ce PND 2025-2030 son engagement à rester maître de son destin. Plus qu’un simple document, il sera « l’instrument de notre transformation », une boussole et un catalyseur pour une prospérité partagée.

Le compte à rebours est lancé. Chaque Djiboutien, de la capitale aux régions reculées, est appelé à prendre sa part. L’heure est à l’action.