La République de Djibouti a célébré hier la journée internationale des personnes handicapées. Cette année, le thème retenu par l’organisation des Nations Unies, met l’accent sur l’autonomisation des personnes handicapées pour un développement inclusif, équitable et durable dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Organisée par l’agence nationale des personnes handicapées(ANPH), nouvellement créée par décret présidentiel, en collaboration avec le secrétariat d’Etat aux Affaires sociales(SEAS), l’édition 2018 de cette journée internationale a débuté par une marche d’environ 1 km, suivie d’une cérémonie riche en émotions qui a eu lieu dans la salle de conférence du palais du peuple.

Depuis 1992, à l’initiative de l’ONU, la journée internationale des personnes handicapées est célébrée, le 3 décembre de chaque année. A Djibouti, la célébration de cette journée est organisée hier matin, dimanche 23 décembre, par l’agence nationale des personnes handicapées (ANPH) en collaboration avec le secrétariat d’Etat aux Affaires sociales (SEAS). L’événement était l’occasion  d’évaluer les progrès réalisés dans l’épanouissement des personnes handicapées, d’identifier les difficultés rencontrées et d’envisager l’avenir en  tenant compte de nouveaux défis. Il s’agissait aussi de faire connaître les capacités, potentialités, et talents de nos compatriotes atteints d’handicap et de mobiliser  le reste de la communauté nationale en vue de son implication dans la protection de leur dignité humaine et le renforcement de leur bien-être. C’était tout  le sens de la cérémonie commémorative de cette journée qui a débuté par une marche. Laquelle a rassemblé devant la salle des conférences de la Corniche, plusieurs centaines de participants issus du réseau national des personnes handicapées et des plusieurs autres groupements associatifs de ces personnes. Tôt le matin, le directeur général de l’ANPH, Doualeh Saïd Mahamoud, et le président du réseau national des personnes handicapées (RNPH), Idriss Moumin Abdi, suivis d’une foule de personnes handicapées brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire le slogan «Handicap, tous mobilisés, tous concernés», ont commencé la marche au niveau de cette salle pour la finir un peu plus d’un kilomètre plus loin, sur l’esplanade du palais du peuple.

Au fil de la journée commémorative      

Les activités de cette journée internationale se sont poursuivies dans la salle des congrès du palais du peuple.

L’événement a vu la participation du ministre de la Justice et des Affaires pénitentiaires, chargé des Droits de l’Homme, Moumin Ahmed Cheick, de la ministre de la Femme et de la Famille, Moumina Houmed Hassan,  de la secrétaire d’Etat aux Affaires sociales, Mouna Osman Aden, de la vice-présidente de l’UNFD Hasna Houmed Bilil, du président de la commission nationale des droits de l’homme(CNDH), Saleban Omar Oudine, du directeur général de l’ANPH, Doualeh Saïd Mahamoud, du président du RNPH, Idriss Moumin Abdi, de plusieurs autres personnalités locales, et de nombreux anonymes.

Certains diplomates des pays amis, et des représentants d’organisations onusiennes, dont la chargée de mission de l’OIM, Lalini Veerassamy, ont assisté au déroulement de cet évènement riche en émotions.

Après la lecture d’un verset du Saint Coran, des enfants à besoins spéciaux ont interprété  l’hymne national. Du haut de leurs fauteuils roulant, plusieurs jeunes chanteurs, issus des rangs du RNPH se sont relayés sur la scène et ont fait vibrer le public dans la salle.

Une projection d’un court métrage relatant les progrès réalisés par les personnes handicapées, suivi d’un sketch à travers lequel les artistes du RNPH ont exprimé les difficultés rencontrées quant à leur accès au travail et les progrès réalisés depuis la création de l’ANPH.

…Plaidoyer en faveur de l’autonomisation des handicapés. Après les sketchs, la secrétaire générale de l’association « Vaincre l’Autisme à Djibouti » a pris la parole la première. elle a mis l’accent sur les difficultés rencontrées par les parents des enfants autistes. «Ces difficultés, je les ai vécues en tant que parent d’un enfant autiste. Je vous assure que l’on ne pourrait les énumérer ici et aujourd’hui. Lorsqu’emmener son enfant à l’école devient un challenge tout les jours, que votre enfant est discriminé, vos options sont limitées et vous vous sentez perdu», a-t-elle dit d’un ton sobre.

Ensuite, la directrice de l’école des enfants à besoin spéciaux d’Ali Sabieh, Hawa Ali, a fait un large exposé sur son établissement scolaire.

Quant au président du RNPH, Idriss Moumin Abdi, il a retracé l’historique du réseau des personnes handicapées.

Pour sa part, le président de la CNDH  a souligné  que son institution veille au respect des engagements pris par la République de Djibouti dans  la mise en œuvre de la Convention internationale  relative aux droits des personnes vivant avec handicap. «La création et la mise en place de l’ANPH est la preuve éclatante de l’attachement du gouvernement en général  et du Président de la République en particulier au respect des  droits des personnes handicapées», a déclaré en substance M. Saleban Omar Oudine qui s’est engagé au nom des membres de la CNDH à accompagner l’ANPH dans sa mission de protection et de promotion des droits des personnes handicapées.

On a entendu des échos similaires dans les plaidoyers que la ministre de la Femme et de la Famille et la secrétaire d’Etat aux Affaires sociales ont respectivement faits en faveur de l’autonomisation des femmes et hommes, jeunes et vieux atteints d’handicap sous les cieux djiboutiens. Il faut aller au-delà de bonnes intentions et passer aux actions concrètes dans cette optique. Il s’agit d’une question de dignité et de bon sens qui nous concerne tous.

Rachid Bayleh

Elles ont dit…

Secrétaire générale de l’association « Vaincre l’Autisme » :- « L’autisme est un handicap neurobiologique. L’autisme est un ensemble de troubles complexes du développement cérébral. Ces troubles se caractérisent par des difficultés importantes de la communication et des interactions sociales et par des comportements, activités, intérêts répétitifs ou restreints. Lorsqu’on est un parent djiboutien avec un enfant autiste à charge, notre quotidien est rempli de difficultés et de challenges. Nous avons les difficultés à poser un diagnostic d’autisme à Djibouti parce qu’il n’y’a pas à ce jour les spécialistes nécessaires tel qu’un pédo-psychiatre ou un pédo-psychologue, les difficultés pour les parents de se retrouver dans la masse d’informations disponibles sur internet, les difficultés à scolariser son enfant autiste. Car il est considéré comme un enfant qui ne comprend rien. Mais en réalité les pédagogues du système éducatif ne sont ni formés, ni informés sur l’autisme. Ces difficultés, je les ai vécues en tant que parent d’un enfant autiste et je vous assure que l’on ne pourrait les énumérer ici et aujourd’hui. Pour remédier à ces difficultés, l’association « Vaincre l’Autisme à Djibouti » est née en septembre 2018. Elle est née de la volonté de parents d’enfants atteints d’autisme et de professionnels de santé convaincus que l’on pouvait faire quelque chose » pour ces enfants dans notre pays.

Notre association a pour objectif de répondre aux besoins et aux difficultés des enfants autistes et de leurs parents. Devant ces objectifs ambitieux certes mais nécessaires pour aider nos enfants à sortir de leur bulle, nous comptons sur la collaboration individuelle et collective de tout un chacun. Et ce dans l’espoir que les enfants autistes de Djibouti bénéficieront  très prochainement des facilitées sur les plans éducatif, social et médical à l’instar de leurs congénères autistes du reste du monde». 

Moumina Houmed Hassan, ministre de la Femme et de la Famille :- « Un engagement politique est peut être une nécessité mais il n’est jamais une valeur. Cette valeur de citoyenneté et de dignité humaine exige notre engagement calqué sur le civisme, la civilité, la solidarité et une considération à autrui. Alors allons-y en avant ! Travaillons tous ensemble afin que ces personnes en situation d’handicap puissent jouir pleinement de leurs droits et  occuper leur espace dans notre société. Ne laissons plus personne de côté. Et plus personne ne devra souffrir de l’exclusion sociale. Que ce  dynamisme noué soit fortifié pour nous permettre de rehausser la situation, relever le défi et offrir un monde meilleur  aux personnes vivant avec un handicap».

Mouna Osman Aden, secrétaire d’Etat aux Affaires sociales :- «De nombreuses réformes et évolutions ont été mises en œuvre  dans le sens des priorités fixées par le Président de la République. De nombreuses initiatives ont été réalisées sur le terrain.  Mais nous sommes conscients qu’il nous reste encore beaucoup à faire. C’est pourquoi nous devrons poursuivre nos efforts à travers le renforcement de nos dispositifs et programmes sociaux en faveur des personnes handicapées. Il nous faut engager des actions volontaristes et multisectorielles contre l’exclusion et la discrimination de cette catégorie de population. C’est l’occasion pour moi de dire aussi aux personnes handicapées que je comprends parfaitement les difficultés et autres barrières qui les empêchent de s’insérer pleinement dans la société, de «vivre avec et comme les autres» (…) Enfin, l’existence et la capacité de mobilisation de la société civile repose en grande partie sur le réseau national des personnes handicapées. je tiens à saluer l’engagement collectif de ses adhérents, la qualité des actions qu’ils mènent sur le terrain, et leur forte détermination On peut toujours faire mieux car l’handicap est l’affaire  de tous».