Extrait du discours prononcé le 23 septembre 2023 par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale et chef de la délégation djiboutienne, Mahmoud Ali Youssouf, à la tribune de la 78èmesession de l’Assemblée générale des Nations unies.

((En dépit de la détériorationéconomique mondiale et les difficultésénoncées, Djibouti a œuvré inlassablement à la réalisation des ODD, a enregistré des avancées notables dans la réduction de la malnutrition et de la sous-alimentation et a géré de manière efficace la pandémie du COVID-19.

Djibouti a intégré les ODD dans nos plans nationaux de développement et nos stratégies, tels que la Vision Djibouti 2035. Ainsi, notre gouvernement a pris des mesures pour aligner ses politiques et ses programmes sur les cibles et les indicateurs des ODD.Nous avons également identifié des domaines prioritaires qui correspondent à des ODD spécifiques, tels que la réduction de la pauvreté, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ainsi que la croissance économique durable. En fait, notre pays est confronté à des défis liés à la pauvreté, au chômage et au développement des infrastructures, qui sont au cœur des ODD.Nous avons également travaillé à améliorer notre infrastructure de données pour mesurer et rendre compte des indicateurs des ODD.

Notre pays est situé dans une région vulnérable aux changements climatiques, c’est pourquoi nous avons déployé d’importants efforts dans le domaine de l’action climatique, en alignement avec l’ODD 13 (Action pour le climat). Ces efforts comprennent des projets d’énergie renouvelable et des mesures d’adaptation.

En plus des chantiers d’envergure actuellement en cours dans le domaine de la géothermie. Djibouti est fier d’informer les pays amis, ici présents, que nous avons inauguré le tout premier parc éolien qui fournira 60 mégawatts d’énergie propre. Ce Projet a été  réalisé grâce à un Partenariat Public-Privé  et une capacité supplémentaire de 45 MW d’énergie renouvelable est déjà attendue à travers un consortium d’investisseurs et avec la participation de l’Autorité des Ports et des Zones Franches et du Fonds Souverain de Djibouti.Le projet sera le premier investissement international notable dans le secteur énergétique à Djibouti, d’un montant de 122 millions USD, crée le premier producteur indépendant d’électricité (IPP) du pays et servira de modèle aux futurs investissements privés.

Le système de santé et d’éducation sont également des priorités, et nous nous efforçons d’améliorer les services de santé et les opportunités éducatives, notamment dans nos zones éloignées et mal desservies.Le développement des infrastructures est également crucial pour la croissance économique et la durabilité, et Djibouti a investi dans les infrastructures de transport et de logistique pour renforcer la connectivité régionale et le commerce, en vue de devenir un hub logistique international et régional.

Enfin, dans le domaine de la paix et de la sécurité, Djibouti a joué un rôle majeur dans les efforts de maintien de la paix régionaux et cherche à maintenir la stabilité dans toute la région de la Corne de l’Afrique.Tous ces engagements envers les ODD reflètent les efforts de notre pays pour relever les défis pressants et améliorer le bien-être de notre peuple tout en contribuant au développement durable mondial.

Le changement climatique demeure une menace existentielle pour nos pays.  C’est une réalité particulièrement aigue dans la Corne de l’Afrique mais partout ailleurs dans le monde aussi.  D’où l’urgence d’honorer les engagements pris dans l’Accord de Paris.  Si rien n’est fait, l’impact négatif du changement climatique continuera à entrainer des perturbations importantes, y compris la multiplication des évènements météorologiques extrêmes, la raréfaction des ressources, l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation des personnes déplacées, l’aggravation de la faim et de la pauvreté.

Nous sommes profondément déçus que la promesse de mobiliser chaque année 100 milliards de dollars n’ait jamais été tenue et nous appelons vivement les pays développés à tenir cet engagement.

Nous nous réjouissons de la décision cruciale prise lors de la COP27 à Sharm-El-Sheikh, de créer un fonds pour les pertes et dommages.  Nous en appelons à son opérationnalisation rapide et formons le vœu que les recommandations du Comité de Transition sur le mode de fonctionnement du fonds pourront être adoptées lors de la COP28 qui se tiendra prochainement aux Emirats Arabes Unis.

Nous sommes encouragés par la détermination du Gouvernement Somalien à mettre en œuvre les priorités nationales clés sur la base du dialogue, y compris la fiscalité fédérale et les amendements à l’architecture de la sécurité nationale.  Nous l’exhortons à poursuivre ce dialogue, en particulier sur le processus de révision constitutionnelle et toutes les autres questions qui demeurent en suspens.Le combat pour libérer le territoire Somalien des forces Al-Shabab est un combat vital.  La mobilisation de toutes les forces somaliennes sous la direction du Président Hassan Sheikh mérite d’être soutenue sans réserve jusqu’à l’accomplissement du but ultime.

Cependant, nous exprimons la crainte que les gains obtenus sur ce front ne soient remis en cause pour la baisse du nombre de soldats de l’ATMIS dont nous saluons le courage et l’abnégation.  Si nous comprenons les contraintes liées aux ressources financières disponibles, les conséquences de nos décisions méritent d’être soigneusement considérées.  La Somalie à cette étape critique, a besoin d’un soutien maximal à la mesure de la menace qui pèse sur elle.

Nous demeurons préoccupés par la détérioration de la situation sécuritaire au Soudan et appelons à la mise en place rapide d’un cessez-le-feu et la reprise immédiate des pourparlers visant à l’arrêt des hostilités et la négociation politique pour une sortie de crise.  Djibouti, en tant que Président en exercice de l’IGAD et sous le leadership du Président Ismail Omar Guelleh, est déterminée à œuvrer pour une paixdurabledans ce paysfrèreaveclequel nous partageons des liens politiques, historiques et culturels étroits.

Au Sud-Soudan, nous nous félicitons de la signature en 2018 de l’Accord de Paix Revitalisé et appelons à la mise en œuvre accélérée des dispositions de l’Accord demeurées en suspens afin de conclure la période de transition.

Au Yémen voisin, nous convenons avec les membres du Conseil de Sécurité que l’issue durable hors de la crise est la conclusion d’un Accord de paix inclusif.

Nous nous félicitons du transfert du pétrole du superpétrolier en décomposition FSO Safer amarré au large de la côte de la mer Rouge au Yémen vers un nouveau navire. La République de Djibouti s’est engagée dès le début et au plus haut niveau dans un plaidoyer auprès de la communauté internationale afin qu’une solution coordonnée, sous les auspices des nations unies, se mette en place.Si notre région et le monde n’avait pas agi, les côtes de la Corne de l’Afrique et de la péninsule arabique auraient été polluées, exposant les communautés à des toxines mortelles et contaminant les réserves d’eau potable de toute la région. La navigation via le canal de Suez aurait été perturbée – interrompant la nourriture, le carburant et les fournitures vitales, ce qui aurait exacerbé les conditions humanitaires déjà désastreuses au Yémen.

Outre le principe de base arrière de repli et de coordination d’activités délicates et cruciales, la République de Djibouti a servi aux Nations Unies, dans le cadre des opérations de sauvetage du FSO Safer, de plateforme de sécurisation et de stockage du pétrole brut, plus d’un million de baril, transféré depuis ce bateau dans un navire citerne, le Nautica.A travers cette collaboration, Djibouti et les Nations Unies ont épargné à la région une catastrophe écologique, hautement dommageable à l’environnement, à l’économie et à la santé de l’ensemble des populations des pays riverains de la mer Rouge.Et réalisé également l’exploit d’éviter à la Communauté internationale une marée noire dont, le seul coût de nettoyage est estimé à hauteur de 20 milliards de dollars.À l’heure où le monde est confronté à une multitude de crises urgentes, il s’agit là d’un point positif et d’un exemple modèle de coopération internationale. Maintenant, nous devons terminer le travail en retirant le Safer de la mer Rouge.

Nous sommes gravement préoccupés par l’escalade de la violence et la reprise des hostilités dans le conflit Israélo-Palestinien.  Nous sommes consternés par la poursuite par Israël en toute illégalité de la construction et l’expansion illégale de colonies de peuplement.La reprise des hostilités et la poursuite des activités de peuplement met en péril la viabilité de la solution des deux Etats ; face au désespoir montant, l’incertitude croissante et l’absence d’un horizon politique, il nous faut agir !  L’initiative de revitalisation du plan de paix arabe menée conjointement par l’Arabie Saoudite, l’Egypte et la Jordanie, la Ligue des Etats Arabes et l’Union Européenne mérite notre plein soutien !

Nous l’avons dit à plusieurs reprises depuis cette tribune.  Nous le répétons encore aujourd’hui.  Nous sommes épris de paix et nous demeurons entièrement disponible à achever le processus de normalisation avec l’Erythrée, trouver un règlement durable et pacifique au différend frontalier qui continue à nous opposer, ainsi que les autres questions en suspens.

Pour conclure, je souhaite exhorter de nouveau les pays membres des Nations Unies à bâtir ensemble un avenir plus sûr, plus prospère, plus solidaire, un avenir d’où la guerre, la faim et la pauvreté sont exclues.))