Le deuxième séminaire régional pour les parlements africains sur la réalisation des Objectifs de développement durable organisé conjointement par l’Assemblée nationale de Djibouti et l’Union interparlementaire s’est ouvert hier à Djibouti palace kempinski. Il s’agit seulement du deuxième séminaire de ce type organisé sur le continent africain.
L’évènement a regroupé sur place le président de l’Assemblée Nationale M. Mohamed Ali Houmed, le président de l’union interparlementaire M. Duarte Pacheo, la représentante du PNUD à Djibouti Mme Emma N’Gouan-Anoh, des parlementaires, les parlementaires des pays africains, les représentants du système des Nations Unies, les Ambassadeurs accrédités à Djibouti et un parterre d’invités.
Les travaux de ce séminaire, qui se déroule sur trois jours, visent à “explorer l’intégration des ODD dans les activités parlementaires pour faire face aux défis locaux tout en encourageant un développement global et en contribuant à la paix et à la stabilité, mais aussi atténuer la gravité des changements climatiques.”
« Cette rencontre constituera une occasion pour les parlementaires de s’enquérir des niveaux de réalisations des ODD dans le continent africain, en plus des initiatives prises par les parlements partout dans le monde en vue de les réaliser avec efficacité»,
Ce sommet africain qui regroupe plus d’une dizaine de groupes nationaux représentant les institutions parlementaires de notre continent, va se pencher pendant trois jours sur les progrès et défis sur la nature des mesures législatives que peuvent mettre en place les assemblées délibérantes des pays africains à l’aune des expériences des plateformes paires de par le monde.
Notons au passage que l’Agenda 2030 reconnait explicitement que les parlementaires ont un rôle fondamental à jouer dans l’adoption et la réalisation des ODD, non seulement en tant que législatrices et législateurs, mais également en tant que représentants et élus du peuple.
D’ailleurs, les parlementaires ont joué un rôle important dans la création du contenu de l’Agenda en faisant part de leur point de vue sur les écarts, les opportunités et les priorités d’action à travers des rassemblements internationaux, régionaux et nationaux.
Cette contribution a été prise en compte dans la production finale de l’Agenda 2030 et de ses 17 objectifs et 169 cibles d’action. Depuis l’adoption de l’Agenda 2030,les pays ont fait d’importants progrès dans l’intégration des ODD dans leurs plans de développement national et dans le contrôle et l’évaluation des cadres, y compris des cadres des indicateurs pour suivre leur progression.
Des efforts continus ont été effectués pour intégrer les ODD et leurs cibles dans des politiques et des plans d’investissement sectoriels, et pour renforcer les systèmes statistiques nationaux.
Dans une brève allocution faite sur place, la représentante du PNUD à Djibouti Mme Emma N’Gouan-Anoh a rappelé que « les Parlements ont ce rôle de garantir que la mise en œuvre des ODD soit fondé sur les trois principes d’universalité, d’intégration et de ne laisser personne pour compte, grâce à une approche promouvant l’inclusion des groupes marginalisés, assurant une perspective de genre, promouvant la participation citoyenne et tenant compte des besoins et des contributions de chacun durant l’élaboration de textes législatifs concernant la mise en œuvre des ODD.
Il incombe aux parlements d’étudier et de contrôler les politiques et plans gouvernementaux pour la mise en œuvre des ODD, tout en s’assurant qu’ils sont correctement adaptés au contexte local, de soutenir les institutions nationales dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et l’élaboration d’outils et d’indicateurs pour suivre les cibles des ODD.
Enfin, les parlements se doivent d’adopter la législation nécessaire pour créer, actualiser et développer davantage un cadre juridique propice à la réalisation des ODD ; de s’assurer d’affecter de ressources adaptées pour la mise en œuvre des ODD, à travers l’adoption d’un budget national annuel, et de contrôler l’utilisation de l’Aide publique au développement (APD).
Poursuivant son discours Mme Emma N’Gouan-Anoh a souligné que Djibouti à l’instar des autres Pays du monde s’est engagé à l’Agenda 2030 lors du Sommet des Nations Unies sur le développement durable de septembre 2015, par la voix de SEM Ismail Omar Guelleh, Président de la République.
La Vision 2035 et le plan national de développement Djibouti ICI (Inclusion, Connectivité et Institutions) traduisent et réaffirment la volonté du pays d’envisager son développement à l’aune des cibles et des indicateurs fixés par les ODD. Le PND est d’ailleurs aligné sur les ODD » a-t-elle indiqué en substance.
De son côté, le président de l’union interparlementaire M. Duarte Pacheo, a souligné que l’UIP continue de travailler pour donner aux parlements et aux parlementaires les moyens de promouvoir la paix, la démocratie et le développement durable par le dialogue politique, la coopération et l’action. Ces valeurs et aspirations sont incarnées dans notre stratégie qui est le résultat de l’une des consultations les plus larges et les plus inclusives de l’UIP depuis plus de treize décennies d’existence.
Les parlements ont non seulement confirmé que l’UIP devait continuer à connecter et à renforcer les parlements mais ils ont également décidé que le développement durable par tous devrait être l’un des quatre grand domaines politiques sur lesquels se concentrer au cours de 5 prochaines années.
Jamais dans l’histoire il n’a été aussi pressant d’utiliser nos pouvoirs politiques pour promouvoir la mise en œuvre du SDG. Nous savons tous que cela ne va pas être une tâche facile. Les derniers défis mondiaux majeurs, contre la pandémie de COVID-19, les guerres et les crises qui y sont associées n’aident certainement pas. Au contraire ils entravent le progrès dans le monde entier ».
Le président de l’assemblée nationale M. Mohamed Ali Houmed a indiqué que «la réalisation des objectifs de développement durable ne doit pas être un vœu pieux, elle doit se concrétiser pour garantir un meilleur avenir à nos enfants alors que de nombreux défis se posent. Pour ne citer qu’un je souhaiterais souligner devant vous l’extrême urgence d’agir dans le domaine climatique. Alors que la dernière COP vient de se terminer en Egypte, notre humanité fait face à l’une des plus grandes menaces de son histoire. Il ne s’agit plus de discuter des changements climatiques à l’œuvre, nous devons agir en tant que responsables et dirigeants politiques. Ici, les effets néfastes des changements climatiques sont visibles.
Djibouti est particulièrement touché par les changements climatiques. De fortes précipitations ont eu lieu au cours des dernières années, qui ont constitué des phénomènes inhabituels par leur saisonnalité, leur fréquence et leur intensité. Parallèlement, Djibouti connait des épisodes de fortes sécheresses qui constituent des défis vitaux à relever pour les habitants des régions de l’intérieur de Djibouti, tout comme pour ceux des pays de la Corne de l’Afrique. Face à cette situation, le Gouvernement de Djibouti a entrepris des mesures visant à atténuer les effets de ces changements et dans cette noble tâche, l’Assemblée nationale se tient à ses côtés.
Face à ce bouleversement climatique, tous les pays ne sont pas égaux et le déséquilibre entre les implications et les conséquences est grand. En effet, certains pays qui émettent davantage de CO2 ont des responsabilités plus importantes alors que de nombreux pays dits en développement se retrouvent malheureusement plus souvent les victimes. C’est ici une question de justice qui se pose et de légitimes réparations à demander aux pays pollueurs. Il apparait donc nécessaire que les pays davantage responsables des changements climatiques garantissent un financement pérenne et prévisible pour l’action climatique, notamment destiné aux efforts d’adaptation dans les pays les plus touchés».
Mohamed Chakib