PRÉAMBULE
Nous, chefs d’État et de gouvernement africains, réunis à l’occasion du premier Sommet africain sur le climat (ACS) à Nairobi (Kenya), du 4 au 6 septembre 2023, en présence d’autres dirigeants mondiaux, d’organisations intergouvernementales, de communautés économiques régionales, d’agences des Nations Unies, du secteur privé, d’organisations de la société civile, de peuples autochtones, de communautés locales, d’organisations d’agriculteurs, d’enfants, de jeunes, de femmes et d’universitaires, déclarons par la présente ce qui suit :
1.Rappelons les décisions de la Conférence (AU/Dec.723(XXXII), AU/Dec.764 (XXXIII) et AU/Dec.855(XXXVI)) demandant à la Commission de l’Union africaine d’organiser un Sommet africain sur le climat et approuvant l’offre de la République du Kenya d’accueillir le Sommet ;
2. Félicitons le Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques (CAHOSCC) sous la direction de S.E. le Président William Ruto pour avoir proposé une approche unifiée et le leadership politique requis pour une nouvelle vision africaine qui poursuit les changements climatiques et le programme de développement ;
3.Prenons note du 6e rapport d’évaluation (AR6) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui indique que le monde n’est pas en mesure de respecter la limite de 1,5 °C convenue à Paris, et que nous devons réduire les émissions mondiales de 45 % au cours de la décennie courante ;
4. Conscients que beaucoup de pays africains font face à des charges et à des risques disproportionnés résultant de phénomènes météorologiques imprévisibles, notamment des sécheresses prolongées et des inondations dévastatrices qui provoquent des crises humanitaires massives avec des conséquences néfastes sur les économies, la santé, l’éducation, la paix et la sécurité, ainsi que d’autres risques connexes.
5. Préoccupés par le fait que le rapport AR6 du GIEC confirme que l’Afrique connaît un réchauffement plus rapide que le reste du monde et que, s’il n’est pas freiné, les changements climatiques continueront d’avoir un impact négatif sur la croissance des économies africaines ;
6. Préoccupés par ailleurs par le 6ème rapport d’évaluation du GIEC (IPCC AR6) qui indique que la croissance de la productivité agricole en Afrique a été réduite de 34% depuis 1961 en raison des changements climatiques, plus que dans toute autre région, et que cette situation continuera à entraîner des conséquences négatives sur les systèmes alimentaires en Afrique.
7. Conscients que les pays africains, en dépit de leur faible contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, sont les moins capables de faire face aux coûts d’adaptation et d’atténuation ;
8. Saluons les efforts visant à mettre en œuvre la stratégie et le plan d’action de l’UA sur les changements climatiques et le développement résilient pour la période 2022-2032, afin de renforcer l’action climatique aux niveaux infranational, national, régional, sous-régional et continental ;
DÉFICIT DU FINANCEMENT CLIMATIQUE
9. Notons que l’environnement budgétaire limité et les vulnérabilités sociales sont exacerbés par les chocs climatiques et les catastrophes qui ont une répercussion sur la croissance et le développement, et que sans interventions substantielles et opportunes, les gouvernements continueront à faire face à des difficultés pour répondre à leurs besoins de développement ;
10. Prenons note de l’analyse récente de la CCNUCC selon laquelle les pays en développement ont besoin d’au moins 6 000 milliards de dollars américains d’ici à 2030 pour atteindre moins de la moitié de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), et de la confirmation par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) que le flux réel de financement climatique des pays développés vers les pays en développement en 2020 se situait simplement entre 21 milliards et 83,3 milliards de dollars américains ;
11. Préoccupés par le fait que l’accès à un financement abordable reste l’un des plus grands défis de l’action climatique et que le financement climatique continue d’être essentiellement fourni sous forme de prêts, dont une grande partie n’est pas concessionnelle ;
12. Profondément préoccupés par le fait qu’environ 60 % des pays à faible revenu sont en situation de surendettement ou sur le point de l’être, et qu’ils dépensent environ huit fois plus pour le service de la dette chaque année, ce qui compromet la résilience future et les perspectives de croissance ;
13. Soulignons la nécessité de remédier au déficit de financement et au surendettement afin d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris et d’autres objectifs en matière de changement climatique grâce à une nouvelle vision audacieuse et exempte de divisions, ainsi qu’à la croissance économique et à l’action en faveur du climat ;
14. Affirmons la nécessité d’accroître et d’améliorer d’urgence l’accès à un financement abordable pour faire face à la menace des changements climatiques.
POTENTIEL DE L’AFRIQUEÀ FAIRE PARTIE DE LA SOLUTION EN RÉALISANT UNE CROISSANCE POSITIVE POUR LE CLIMAT
15.Reconnaissons que le changement climatique est le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée et la plus grande menace pour toutes les formes de vie sur terre ;
16. Reconnaissons par ailleurs que les changements climatiques constituent un défi mondial qui requiert une solution mondiale, exigeant une action urgente et concertée de la part de toutes les nations afin de réduire les émissions et la concentration des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ;
17. Soulignons le potentiel unique de l’Afrique à être une partie essentielle de la solution – avec notre énorme potentiel d’énergie renouvelable inexploité, la main-d’œuvre la plus jeune, avec la croissance la plus rapide du monde, et les atouts naturels pertinents, l’Afrique a les bases pour devenir un centre industriel vert compétitif en termes de coûts ;
18. Notons que l’Afrique s’offre une occasion unique de suivre une trajectoire de développement beaucoup moins intensive en carbone, si elle bénéficie d’un financement opportun et d’une technologie à grande échelle ;
19. Reconnaissons que la réalisation du potentiel de l’Afrique à faire partie de la solution nécessite des efforts de la part des pays africains et de la communauté mondiale, exigeant des pays africains qu’ils élaborent des stratégies économiques et des politiques et réglementations favorables, et exigeant de la communauté mondiale qu’elle facilite un accès juste et équitable au marché pour le commerce, et qu’elle mette à disposition des financements suffisants et adéquats pour ouvrir ces opportunités ;
20. Affirmons l’engagement de l’Afrique à promouvoir la croissance verte et les solutions de financement de la lutte contre les changements climatiques en exploitant le potentiel inexploité et sous-utilisé des énergies renouvelables, des ressources minérales de la transition verte, des terres arables non cultivées, de la nature et des puits de carbone ;
ÉNERGIES RENOUVELABLES
21. Saluons l’appel lancé par le président désigné de la COP 28 aux gouvernements afin qu’ils prennent l’engagement de doubler l’efficacité énergétique, de tripler la capacité des énergies renouvelables pour la porter à 11 000 GW au niveau mondial et de doubler la production d’hydrogène pour la porter à 180 millions de tonnes par an d’ici à 2030 ;
22. Notons que le potentiel inexploité de l’Afrique en matière d’énergies renouvelables, qui représente 50 fois la demande mondiale d’électricité prévue d’ici 2040, s’élève actuellement à plus de 10 000 GW et peut jouer un rôle important pour maintenir la hausse des températures mondiales dans les limites de l’objectif de 1,5 °C fixé dans le cadre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques d’ici à 2050 ;
23. Soulignons le fait que les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables doivent presque tripler, passant d’une moyenne d’un peu moins de 300 milliards de dollars par an en 2013-2018 à près de 800 milliards de dollars américains par an pour maintenir la hausse des températures mondiales dans les limites de l’objectif de 1,5 °C fixé dans le cadre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques d’ici à 2050 ;
24. Profondément préoccupés par le fait que l’Afrique, qui dispose d’un potentiel considérable en matière d’énergies renouvelables, ne reçoit actuellement que 2 % des investissements dans les énergies propres, et que le coût du capital pour les projetsd’énergies renouvelables sur le continent pourrait être sept fois plus élevé que dans les pays développés;
25. Soulignons par ailleurs qu’il est urgent de fournir de l’électricité aux 600 millions d’Africains qui n’y ont pas accès, d’améliorer l’accès aux combustibles et technologies de cuisson propres pour plus de 900 millions de ces Africains et de réduire les effets du carbone noir sur la santé;
26. Reconnaissons la nécessité d’une demande industrielle d’ancrage d’importance considérable pour améliorer la viabilité financière des projets d’énergie renouvelable en Afrique ;
27. Reconnaissons par ailleurs la nécessité de disposer d’énergies renouvelables à des prix compétitifs au niveau international afin de réaliser le potentiel inhérent de l’Afrique à décarboniser la production mondiale et à développer des chaînes d’approvisionnement à faible taux d’émission aux niveaux local,régional et mondial;
28. Soulignons en outre la nécessité d’une augmentation rapide des investissements dans les énergies renouvelables en Afrique, associée à la reconnaissance de la nécessité d’assurer une transition énergétique juste, équitable et qui ne laisse personne pour compte;
29. Invitons nos partenaires commerciaux à mettre au point des mécanismes commerciaux mondiaux (notamment, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE) afin de permettre aux produits en provenance d’Afrique d’être compétitifs dans desconditions justes et équitables;
30. Exhortons les gouvernements à élaborer des politiques industrielles qui incitentles flux d’investissement vers les lieux qui offrent les retours les meilleurs et les plus rapides sur le climat mondial.
Nous engageons à :
a) Accélérer les efforts pour tripler notre potentiel en matière d’énergies renouvelables, en passant de 20 % de la capacité totale de production d’électricité installée en 2019 à 60 % d’ici à 2030;
b) Renforcer nos efforts visant à interconnecter le continent grâce à des technologies d’énergie renouvelable en réseau et hors réseau et à des pools énergétiques régionaux afin d’améliorer l’accès universel à l’électricité d’ici à 2030 et d’assurer une transition juste des combustibles fossiles aussi à l’intérieur qu’à l’extérieur du continent ;
c) Supprimer les obstacles systémiques en matière de technologie, d’infrastructure, de politique et de cadre institutionnel dans nos pays afin de créer un environnement propice;
d) Promouvoir le développement d’un déploiement industriel à forte intensité énergétique comme source d’énergie sûre améliorant la viabilité des investissements dans les énergies renouvelables, notamment:
(i) la production d’hydrogène vert et
ses dérivés
(ii) la réorientation de la transformation primaire à forte intensité énergétique des exportations de matières premières de l’Afrique–agricoles et minérales
(iii) le passage à l’électrification des transports africains de grande envergure.
TRANSITION VERTE DES RESSOURCES MINÉRALES
31. Conscients du fait que l’Afrique, en tant que continent disposent des ressources minérales vertes les plus importantes, détient la clé de la transition énergétique mondiale;
32. Reconnaissant que l’accélération de la transition énergétique augmenter à la demande pour les ressources minérales de la transition verte;
33. Profondément préoccupés par le fait que 70% des exportations de minéraux de l’Afriques ont des produits de base non transformés;
34. Notant avec préoccupation qu’en dépit du fait qu’elle soit dotée d’une variété de ressources minérales de la transition verte, l’Afrique n’a pas été en mesure de mettre en œuvre la transition énergétique;
35. Lançons un appel à l’investissement dans les infrastructures durables,la technologie,la transformation, la formation et le renforcement des capacités afin d’optimiser tous les avantages de la chaîne de valeur des ressources minérales ;
Nous engageons à :
a) Proposer des politiques et des incitations favorables afin d’attirer la valeur ajoutée locale des ressources minérales de la transition verte sur le continent;
b) Promouvoir l’industrialisation verte sur le continent en facilitant l’émergence et l’expansion de parcs industriels verts et de zones économiques spéciales pour les ressources minérales de transition.
ALIMENTATIONETAGRICULTURE
36. Notons que l’Afrique possède plus de 60 % des terres arables non cultivées du monde et qu’elle a le potentiel d’accroître sa production alimentaire et agricole pour nourrir sa population et le monde entier ;
37. Préoccupés par le fait que l’Afrique reste un importateur net d’aliments de base comme les céréales,les huiles végétales,les produits laitiers et la viande;
38. Conscients que 60 % de la population de l’Afrique subsaharienne est constituée de petits exploitants agricoles qui pratiquent essentiellement l’agriculture pluviale, et qu’environ 23% du PIB de l’Afrique subsaharienne provient de l’agriculture;
39. Préoccupés par le peu de progrès accomplis dans le cadre du développement des industries agroalimentaires et de l’agro-industrie, ce qui entrave la valeur ajoutée et la compétitivité de nos produits dans le commerce aux niveaux local,régional et international;
40. Conscients que les changements climatiques ont rendu le développement agricole plus difficile en Afrique, et qu’il devrait s’aggraver avec l’accélération du réchauffement;
41. Reconnaissant que les chocs successifs subis par les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales en raison de facteurs externes, comme la pandémie de Covid-19, les guerres et les conflits, exigent que l’Afrique s’oriente vers la souveraineté alimentaire;
42. Notons avec inquiétude que le commerce intrarégional des produits agricoles en Afrique est inférieur à 20 %.
Nous engageons à :
a) Doubler la production et la productivité agricoles d’ici à 2030;
b) Poursuivre les efforts visant à accroître les investissements considérables dans une agriculture intelligente face au climat et régénératrice qui renforce l’adaptation,particulièrement dans les systèmes alimentaires, les infrastructures et les intrants agricoles;
c) Stimuler le commerce intra-africain des produits et services agricoles afin de créer des liens solides avec les marchés régionaux par le biais de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf);
d) Inviter le secteur privé à investir dans la valorisation des produits agricoles;
e) Accroître les investissements dans les nouvelles infrastructures afin d’assurer l’accès au marché et de réduire les risques.
NATURE ET PUITS DE CARBONE
43. Apprécions la prise de conscience croissante du rôle de la nature entant que puits de carbone et son potentiel de réduction des émissions mondiales de carbone;
44. Reconnaissons le rôle de l’Afrique comme l’un des plus grands puits de carbone grâce à la forêt et aux tourbières du Congo, ainsi que le potentiel des prairies de savane, des mangroves, des marécages, des récifs coralliens et des réserves marines de l’Afrique;
45. Reconnaissons par ailleurs les progrès accomplis par les pays africains dans lecadre de la promotion de la restauration des terres et des écosystèmes par le biais dediverses initiatives et programmes, comme l’Initiative de restauration des paysages forestiers africains (AFR100), l’Initiative de la Grande Muraille verte du Sahara et du Sahel, les Commissions africaines du climat (îles africaines, Bassin du Congo et Sahel)et l’Initiative de la Grande Muraille bleue;
46. Nous félicitons de l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité (CMB)de Kunming-Montréal après 2020 au cours de la 15e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB COP 15) et Saluons l’élaboration du projet de stratégie et de plan d’action de l’Union africaine pour la biodiversité (ABSAP) afin de guider les États membres de l’UA dans la mise en œuvre du CMB poste 2020;
Nous engageons à :
a) Renforcer les actions visant à mettre fin et à inverser la perte de biodiversité, la déforestation et la désertification,ainsi qu’à restaurer les terres dégradées afin de parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres;
b) Exhorter tous les États membres de l’UA à
finaliser et à adopter le projet de stratégie et deplan d’action de l’Union africaine pour la biodiversité (ABSAP) en vue de réaliser la vision 2050 «Vivre en harmonie avec la nature »;
c) Veiller à ce qu’au moins 30 % des terres africaines et au moins 30 % des océans et des mers d’Afrique soient conservés ou protégés d’ici à 2030;
d)Poursuivre le soutien aux petits exploitants, aux peuples autochtones et aux communautés locales, qui dépendent de divers écosystèmes pour leur subsistance et jouent un rôle pertinent dans leur gestion;
e) Encourager les pays africains à élaborer leurs lois sur le marché du carbone pour assurer l’intégrité environnementale, améliorer les accords de partage des bénéfices et les aider à atteindre leurs contributions déterminées au niveau national (CDN).
ADAPTATION ET RÉSILIENCE
47. Conscients que les pays africains sont parmi les plus vulnérables aux conséquences néfastes des changements climatiques en raison de leur faible capacité d’adaptation;
48. Conscients par ailleurs que l’adaptation et la résilience aux changements climatiques sont essentielles à une croissance verte durable et favorable au climat;
49. Reconnaissons la nécessité de consolider les efforts déployés aux niveaux local, national et régional en matière d’adaptation;
50. Reconnaissons la nécessité d’élaborer des politiques adéquates à l’échelle des gouvernements et de nouveaux mécanismes de financement pour les pertes et dommages ;
51. Notons que les besoins d’adaptation des pays africains sont estimés à 52,7milliards de dollars américains par an d’ici à 2030, contre des flux annuels moyens de 11,4 milliards de dollars américains, ce qui laisse un déficit de financement de 41,3 milliards de dollars.
52. Reconnaissons la nécessité d’intégrer la mobilité humaine dans l’action climatique pour un développement durable du continent, à la lumière des conséquences négatives des changements climatiques, ce qui contribue aux déplacements,migrations et relocalisations, ainsi qu’au potentiel d’insécurité et de déstabilisationdu continent;
Nous engageons à :
a) Identifier, hiérarchiser et intégrer l’adaptation dans l’élaboration et la planification des politiques de développement,notamment dans le contexte des plans nationaux;
b) Établir un partenariat efficace entre l’Afrique et d’autres régions, afin de répondre aux besoins en matière de soutien financier, technique et technologique et de partage des connaissances pour l’adaptation aux changements climatiques;
c) Renforcer l’alerte précoce, les services d’information sur le climat et l’action rapide afin de protéger les vies et les biens et d’éclairer la prise de décision à long terme en ce qui concerne les risques liés aux changements climatiques ;
d) Intégrer les connaissances autochtones et la science citoyenne dans les systèmes d’adaptation et d’alerte précoce;
e) Renforcer le soutien aux plus vulnérables, particulièrement les communautés marginalisées/indigènes, les personnes âgées, les femmes,les personnes handicapées et les enfants.
COMMENT FINANCER LES OPPORTUNITÉS
53. Prenons note des initiatives en cours visant à réformer le système financier multilatéral et l’architecture financière mondiale, notamment l’Initiative de Bridgetown, le Programme d’action d’Accra-Marrakech,la proposition de relance des objectifs du Millénaire pour le développement du Secrétaire général des Nations unies et le Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial;
54. Reconnaissons les efforts consentis par la communauté internationale pour peaufiner le cadre commun du G20 pour le traitement de la dette afin de régler plus rapidement les problèmes de surendettement, mais notons avec préoccupation que ces efforts ne sont pas suffisants et ne sont pas déployés en temps voulu;
55. Lançons un appel à une réponse globale et systémique à la crise naissante de la dette des pays en développement en dehors des cadres de défaillance afin de créer l’espace budgétaire dont tous les pays en développement ont besoin pour financer le développement et l’action climatique sans sacrifier l’un pour l’autre;
56. Soutenons les propositions d’un régime fiscalmondial pour financer l’action climatique de grande envergure en attirant les capitaux privés et en réduisant les risques,notamment, la taxe sur les transactions financières (TTF) et les taxes sur les émissions pour le commerce des combustibles fossiles, l’aviation et le transport maritime, ainsi que la séparation des ressources et de la prise de décision par rapport aux intérêts géopolitiques et nationaux.
APPEL À L’ACTION
57. Invitons donc les autres dirigeants mondiaux à comprendre que la gestion du climat impliquera la décarbonisation de la planète, la réalisation d’une croissance verte favorable au climat et l’adoption par le monde d’un mode de développement à faible intensité de carbone;
58. Par ailleurs, invitons en outre les dirigeants mondiaux à reconnaître le potentiel de l’Afrique à être une solution aux changements climatiques grâce à son immense potentiel de ressources.
Déclarons donc que :
a) TOUS les dirigeants mondiaux se joignent et soutiennent notre appel en faveur d’un nouveau régime fiscal mondial pour financer l’action climatique à grande échelle;
b) Les partenaires au développement du Sud etdu Nord alignent et coordonnent leurs ressources techniques et financières sur le continent envue d’une utilisation durable des terres arables de l’Afrique, des ressources minérales de la transition verte, des énergies renouvelables et des puits de carbone, afin de faciliter une croissance verte positive sur le plan climatique et une trajectoire de développement à faible émission de carbone pour maîtriser les changements climatiques ;
c) Il faut mettre en place une nouvelle architecture de financement qui réponde aux besoins de l’Afrique,notamment en matière de restructuration et d’allègement de la dette ;
d) La Commission de l’Union africaine élabore un cadre de mise en œuvre et une feuille de route pour la présente déclaration et mobilise des ressourcespour appuyer ce processus;
e) L’Union africaine fasse des changements climatiques un thème de l’UA pour l’année20 25 ou 2026 et adopte le Sommet africain sur le climat comme un événement biennal convoqué par l’Union africaine et accueilli par les États membres de l’UA, afin d’assurer le suivi des conclusions de la présente déclaration et les progrès de l’Afrique en matière de changement climatique;
f) La présente déclaration serve de base à la position africaine commune dans le processus mondial de lutte contre les changements climatiques jusqu’à la COP 28 et au-delà.
ADOPTÉE par les chefs d’État et de gouvernement africains et les représentants de haut niveau de l’Union africaine, le 6 septembre 2023 à Nairobi (Kenya).