Le DMP est un  port qui fait la fierté de tous les Djiboutiens. M. le Directeur Général, trois années après sa mise en service,  comment se porte-il aujourd’hui ?

Permettez-moi dans un premier, de rendre un hommage solennel à M. Saad Omar Guelleh, qui était l’un des principaux instigateurs du projet de création de DMP. et dont nous déplorons toujours la disparition. L’évolution de la demande portuaire, c’est-à-dire les flux du trafic transitant par les terminaux portuaires au cours des dix dernières années, a été marquée par une forte croissance en République de Djibouti. Surtout, grâce au programme de développement économique et à la politique d’intégration régionale initiés par le Président de le République, SEM Ismaïl Omar Guelleh. Pour se préparer à cette intégration régionale, les autorités portuaires Djiboutiennes ont dû prendre en considération les principaux ports concurrents de la région ( le Port de Mombasa, le Port Soudan, le Port d’Aden, le Port de Salalah etc…) pour mettre en place une veille économique active (tarifs, infrastructures, accessibilité). D’autre part, la place portuaire Djiboutienne dispose d’un atout majeur avec la présence permanente et les connections régulières des plus grande lignes maritimes internationales du monde.

L’Ethiopie avec une croissance moyenne à deux chiffres demeure l’hinterland naturel et joue un rôle moteur dans le développement des infrastructures Portuaires de Djibouti.

Ainsi, en vue de satisfaire la demande croissante, la plateforme logistique de Djibouti s’est étoffée au fil des ans en passant d’une entité portuaire unique (PDSA) regroupant toutes les activités à une multitude d’infrastructures portuaires spécialisées de dernière génération. SGTD, Horizon terminal, DMP etc…

Aujourd’hui, plusieurs facteurs clés promettent une forte croissance de la demande portuaire :

– Les politiques nationales et sectorielles mises en œuvre, destinées à contribuer au développement économique et social du pays ; la proximité avec l’Éthiopie et la diversité des voies de communication qui les relient sont des atouts qui offrent beaucoup de facilités et une source considérable de développement ; la stratégie de développement de la compétitivité logistique ; une meilleure organisation des flux portuaires ; le lancement de méga-ports spécialisés dans la logistique et la croissance du trafic de conteneurs et du fret général.

Quels sont les arguments que possède DMP pour faire face à la concurrence régionale ?

Je passerai rapidement sur la position géographique exceptionnelle qui est une force naturelle des ports de Djibouti, pour insister plutôt sur les différentes réalisations qui ont été faites. Les longues années d’expérience et les investissements réalisés dans les deux dernières décennies  consolident la qualité, la performance et la diversité de nos prestations. Cela représente les avantages non négligeables qui nous permettent de maintenir toujours une longueur d’avance sur nos principaux concurrents. Désormais, la construction d’un port tel que le DMP,  nous permets non seulement d’éviter que les aménagements portuaires et urbains soient une source de difficultés mais également de pouvoir accueillir les plus gros navires de marchandises d’un tonnage à 100,000 T et de consolider notre position de plateforme portuaire régionale de référence. Nos ports ont un avantage considérable sur leurs principaux concurrents d’Afrique de l’Est grâce à des infrastructures de grande capacité et ultra modernes facilitant un service d’accostage, de manutention et de transit exceptionnel. Ils bénéficient d’une nouvelle approche en matière d’exploitation des services portuaires en mettant en place une logistique intégrant la performance et la compétitivité.

 La grande réforme portuaire mise en œuvre a donc donné ses fruits ?

Absolument ! Grâce à cette réforme, et à l’abnégation du président de l’Autorité des Ports et des

Zones Franches de Djibouti, M. Aboubaker Omar Hadi, la nouvelle stratégie logistique a rompu avec le passé. Aujourd’hui, elle reste constamment évaluée pour améliore davantage encore la compétitivité des opérateurs portuaires et apporter plus de valeur ajoutée à l’économie djiboutienne. Il est important de souligner que nous avons reprit en main les activités de manutention, qui étaient assuré auparavant par des sociétés privées, en achetant les meilleurs équipements de manutention qui puissent exister sur le marché. Nous avons également fait l’acquisition d’outils technologiques et des systèmes de gestion des plus modernes au profit  des ports en général et de l’exploitation des terminaux en particulier. Pour l’ensemble des autres ports et terminaux du pays, le port de Djibouti reste l’unique fournisseur de services en matière d’assistance aux navires (pilotage, remorquage et lamanage). Pour accompagner cette redynamisation de DMP, nous avons restructuré l’organisation pour renforcer l’atout principal de l’entreprise ; le savoir-faire et la qualité de ses ressources humaines. Cette expertise bien Djiboutienne permet d’offrir aux clients des services de grande qualité. Nos ports possèdent tous, sans exception, toutes les certifications ISO.

Serait-il indiscret de vous demander les performances des segments d’activités de ce fleuron national, porteurs de développement ?

Il est important de rappeler que le DMP est équipé pour assurer toute sorte de manutention. Cela veut dire qu’il est en mesure de charger et de décharger tous les types de marchandises aussi bien conteneurisés ou en vrac ainsi que toutes sortes de véhicules, quel que soit la taille et le poids, jusqu’au stockage et leur livraison finale aux clients. Depuis l’ouverture de DMP, le port ne cesse de donner satisfaction et de battre des records de performance opérationnelle exceptionnelle à tous les niveaux.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Déchargement de ferraille jusqu’à 6000 Mts par jours, de véhicules à raison de 123 unités par heure, plus de 20,000mt en une journée de céréales (essentiellement du blé). La plateforme de chargement permet à DMP de charger un train, avec efficacité, en 24 h.

Une zone spécifique pour l’export de bétails est en cours de finalisation au DMP, cette nouvelle plateforme moderne permettra d’ici à la fin du mois de juillet d’accueillir le bétail venant de l’Ethiopie par train et embarquer directement sur un navire. C’est une première !

Cela permettra d’accentuer le développement du transport multimodal au niveau régional.

Comment et avec quels moyens ce tout nouveau port de Djibouti va-t-il tirer son épingle du jeu dans ce challenge régional ?

Le transport multimodal, qui est l’exploitation de plusieurs modes de transport (maritime, routier, ferroviaire et aérien) sous la responsabilité d’un seul consignataire, est de nos jours, essentiellement au service de l’Ethiopie. Mais DMP possède les atouts nécessaires pour exploiter au maximum les différentes dessertes, routières et ferroviaires, à sa disposition ainsi que l’utilisation de systèmes intégrés avec les autres parties de la communauté portuaire.

Quelle est la stratégie de valorisation des ressources humaines et quel  volume DMP a-t-il généré en matière d’emplois ?

Depuis la création de DMP à nos jours, ce port a généré plus de 6000 emplois formels et informels confondus. En outre, nos ambitions pour nos employés sont un service de qualité, un lieu de travail sûr et un environnement sain où, l’égalité des chances et la diversité constituent les valeurs sûr de l’entreprise. Un environnement de travail respectueux et respecté où, les employés sont reconnus, appréciés, se sentent bien et restent constamment motivés.

Nous offrons à nos employés des carrières évolutives au sein desquelles, la promotion interne est toujours privilégiée. Nous encourageons donc nos salariés de profiter des immenses opportunités qui leurs sont offertes.

La promotion du genre, chère au Président de la République, est devenue institutionnelle dans notre pays et l’équilibre des attributions des  postes à responsabilité, entre les hommes et les femmes, est entrain de devenir, globalement, une réalité. Pensez-vous que la parité est techniquement possible au sein du DMP ?

Monsieur Mahé, nous pouvons nous féliciter d’être la première entreprise publique à favoriser la parité en   valorisant les femmes en terme d’emploi et à tous les niveaux de la hiérarchique de l’entreprise. Un seul et bel exemple permet d’illustrer cette volonté : 45% des postes à responsabilité sont occupés par des femmes.

Quelles sont les perspectives d’avenir du DMP à court, moyen et long terme ?

A court terme, nos perspectives sont de consolider les acquis du DMP. Pour cela, nous devons maintenir une gestion saine, responsable et fidéliser le trafic déjà existant. Bien sûr, en continuant à  doter le port des équipements de pointe et du matériel nécessaire, agrémentés d’un capital humain formé et performant, pour garantir des prestations de qualité à même de satisfaire la clientèle.

A Moyen terme, nous planifions une stratégie capable de rendre non seulement notre place portuaire attractive aux investisseurs et industrielles, Djiboutiens et étrangers, mais aussi d’étudier de nouveaux secteurs d’activités génératrice d’emplois et de revenus.

A long terme, nous souhaitons poursuivre le schéma de développement innovant que nous avons entrepris ; et réaliser, en fonction du marché et des possibilités, des plateformes spécialisées et modernes. Pour cela, nous comptons engager des investissements importants qui nous permettrons d’être au diapason de la concurrence régionale et internationale.

Choisissez brièvement votre mot de la fin ?

Je dirai pour conclure, que nous sommes conscients des enjeux du marché et de l’importance de posséder des équipements modernes et performants. Pour offrir les meilleures infrastructures portuaires et une prestation de qualité supérieure, il faudra constamment s’améliorer. Dans le seul but de servir et de satisfaire les clients.

Propos recueillis par A.A.-MAHE