Récemment, nous avons eu la visite d’un artiste djiboutien dans nos locaux. Il s’agit du président de la légendaire troupe DEGAAN, Mahamoud Hassan Miguil alias CAWS. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Caws évoque son parcours artistique qui se confond avec celui de la troupe DEGAAN dont il était l’un des membres fondateurs.

« Pour être en phase avec l’évolution technologique, la troupe DEGAAN s’est tournée
vers la production de téléfilm »

Veuillez d’abord vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaissent pas.

Je m’appelle Mahamoud Hassan Miguil. Je suis père de 3 filles et d’un garçon. J’habite à la cité Makal Moukarama. Je suis conseiller technique au ministère des affaires musulmanes, de la culture et des biens waqfs. Dans la troupe DEGAAN dont je suis le président, je suis comédien avant tout. Je suis aussi auteur de plusieurs œuvres théâtrales et compositeur de nombreuses de chansons.

Parlez-nous un peu de votre carrière d’artiste.

Au début j’étais footballeur mais j’aimais beaucoup les danses folkloriques! Un soir de 1987, de retour d’un match de football, mes amis et moi-même avons décidé de créer un groupe. Ce groupe-là s’appelait alors «HELLEN».

Pour participer aux festivités du centenaire de la ville de Djibouti, nous avons donc appelé la défunte artiste Malyoun puis Neima Mahdi alias ‘‘Jeudi Matin’’…etc. La fusion de ces artistes avec «HELLEN» a donné naissance à l’actuelle troupe DEGAAN. Ma carrière a débuté durant cette période. Après de nombreuses séances d’apprentissage de la danse folklorique dans la cour de l’école Hadji Dideh (Ecole du quartier 2), nous avons décroché un contrat d’animation en danse folklorique avec l’ex Loterie Nationale.

Nous avons participé par la suite à la 1ière édition des  «Rencontres Culturelles», organisée en 1988 par le ministère de la Jeunesse, des Sports et des Affaires Culturelles, et le jury nous discerna le 2ième prix. J’ai écrit la première pièce de théâtre, jouée par la troupe DEGAAN. Intitulée «XAQQA HOOYO LEEDAHAY HABEEN KUUMASOO DHAXO», c’était une œuvre sans musique ni chanson. Avec Rachid Daher, Khalif Abdillahi, Mohamed Doualeh Malyoun,…etc, qui sont d’ailleurs mes co-fondateurs de la troupe DEGAAN, nous participions à presque toutes les manifestations culturelles du pays entre 1987 à 1989. Nous étions très motivés. C’était la première œuvre de théâtre sans musique ni chanson qui ait été jouée devant le public djiboutien. Les spectateurs, qui n’étaient pas habitués à ce genre de spectacles (Pièce de théâtre sans musique), avaient pourtant beaucoup aimés. La seconde pièce de théâtre alors intitulée «MADHOODHIYAABA ISKA DAAL» je l’ai écrit lors du 1ier festival national de théâtre, organisé lui aussi par le MJSAC. Il ne faut pas oublier que j’avais plusieurs rôles dans ces pièces.

…Et dans les années 90.

Dans les années 90, nous avons invité la célèbre troupe somalienne DURDUR à venir à Djibouti et nous avons produit conjointement un spectacle intitulé ‘‘DEGAAN et DURDUR’’. C’était la première fois que cette troupe se produisait à Djibouti. Puis tour à tour les célèbres chanteurs somaliens Omar Choli, Fatouma Kasim, Sahra Ahmed & Digfer, Hassan Aden Samatar, Milano, Bashir Ibrahim, Chimali Ahmed Chimali, Sado Ali produisent des spectacles à Djibouti avec nous.

C’est donc à partir de cette période que nos talents sortent de l’ombre et que nous sommes entrés dans la cour des grands.  Ensuite j’ai multiplié les compositions des pièces de théâtre «WAX LA’AANTA JACAYLKA WAKHTIGAA KA’MASUUL AH» avec comme chanteurs les artistes de la troupe DEGAAN seulement. En 1990, j’avais déjà dans mon palmarès plusieurs pièces de théâtre et une dizaine de sketchs. J’ai composé plusieurs pièces de théâtres, je les ai oubliés tellement qu’elles sont nombreuses. Il y a parmi : «ILAA XAAWIYO AADAN MA’XOROOBIN JACAYLKU» en 2009, «JACAYLKU FURDAAMIS MA’LEH » en 2001, «MOOFO» en 2005. Nous avons fait une tournée dans la région et notamment  au Yémen en 1991, puis en 1993. Et en 2000, aux côtés des défunts grands compositeurs Ali Dirieh Egual alias Sayid Ali et Darar Omar Jalleh, j’ai participé à la campagne de sensibilisation en faveur de la paix à Arta. Pour cela, la troupe DEGAAN a mobilisé tous ses interprètes et compositeurs  pour produire le plus beau chef-d’œuvre de la dramaturgie musicale djiboutienne. Nous avons produit des morceaux  comme «UMMADDU WAY DAALANTAHAY UMMADDU» et «SOMAALIYEY TOOS» de Darar Omar Jalleh qui avaient touché les responsables des différents clans somaliens présents à cette conférence.

En 2003, dans le cadre d’un festival culturel, avec la troupe DEGAAN, nous avons fait une tournée à Qatar. Puis en 2004, nous avons présenté des spectacles dans plusieurs grandes villes de la région comme Hargeysa en Somaliland, Jigjiga et Dire Dawa en Ethiopie. Ensuite, ce fut la toute dernière intitulée «LAAN DHEERE», nous l’avons présenté 27 juin 2013 dans le camp du contingent militaire djiboutien de l’AMISOM «HIIL WALAAL» à Baladweyne en Somalie

Après Gacan Macan, la troupe DEGAAN était la plus productive mais ces derniers temps, on ne la voit plus sur scène. Comment expliquez-vous ça?

Comme vous le savez, avec la nouvelle technologie, le monde a beaucoup évolué. Pour être en phase avec cette évolution, la troupe DEGAAN s’est tournée vers la production de téléfilm. nous avons produit déjà une cinquantaine d’épisodes de la série intitulée ‘‘TAXI’’ qui ont été diffusés sur la chaîne nationale RTD. Actuellement nous produisons d’autres et en même temps nous formons de nouveaux artistes pour combler les places vides des défunts artistes à savoir Moustapha DEGAAN, Gafané…etc.

Un dernier mot pour conclure.

Je voudrais profiter de cette occasion pour adresser mes meilleurs vœux au président de la république, à la première dame, à l’ensemble des artistes et de la population djiboutienne. La troupe DEGAAN existe toujours.  Nous nous retrouverons sur les chaînes nationales et sur un site internet que nous comptons bientôt mettre en ligne. 

Propos recueillis par Rachid Bayleh