En prélude aux afflux potentiels des refugies éthiopiens à Djibouti suite à la crise du Tigray, M. Charles Mballa, Directeur Régional Adjoint du HCR pour la Corne de l’Afrique et les Grands lacs, a effectué une visite de travail à Djibouti, dans les journées de lundi et mardi derniers. Cette visite s’inscrit dans le cadre de l’appui au gouvernement pour les préparatifs à l’accueil des refugies éthiopiens.

M. Charles Mballa a été reçu par les autorités publiques, à commencer par le ministre de l’Intérieur, Moumin Ahmed Cheikh et la Secrétaire générale du ministère des affaires sociales et de la solidarité, Mme Ifrah Ali Ahmed, lundi, en début d’après-midi.

Puis, il a eu des réunions de travail dans la matinée de mardi avec l’ensemble des partenaires et des acteurs humanitaires avant de rencontrer les colonels Abdillahi Abdi Farah et Zakaria Hassan Aden, respectivement directeur général de la police nationale et commandant de la Gendarmerie nationale. Cette série de rencontres se sont déroulées en présence du représentant du HCR à Djibouti, M. Yohondamkoul Sakor. Elles ont servi de cadre à une revue des préparatifs pour accueillir un éventuel afflux de populations civiles fuyant les affrontements armés dans le nord de l’Ethiopie.

L’évolution de la situation qui reste très volatile et la crise humanitaire qui se dessine appelant une vigilance accrue des organisations internationales et surtout des agences onusiennes. A cet effet, un plan de contingence pour la réponse a l’afflux des refugies est en cours de révision

Au cours des discussions, M. Charles Mballa a mis l’accent sur les exigences de protection dues à ces populations qui risquent de traverser les frontières djiboutiennes pour demander asile et protection internationale.

Il a discuté avec les autorités et les acteurs et les partenaires humanitaires sur l’absolue nécessité d’offrir un pack de services complet, y compris la protection mais aussi le gîte et le couvert conformément aux termes du droit humanitaire international.

Le Directeur régional adjoint du HCR a saisi cette occasion pour donner des orientations en matière de protection internationale eu égard aux profils potentiels des nouveaux arrivants.

M. Charles Mballa a enfin tenu à renouveler la reconnaissance du HCR pour la République de Djibouti pour ses remarquables succès dans la mise en œuvre du Cadre global d’action en faveur des réfugiés, notamment en matière d’education, de sante et de protection sociale.

Le point avec… Charles Mballa

Directeur régional adjoint du HCR

« Les affrontements militaires et la crise humanitaire qui font rage en région Tigré sont un sujet de préoccupation majeur pour l’ensemble des Etats de la région et en particulier pour les pays frontaliers de l’Ethiopie. C’est le cas de la République de Djibouti où les autorités publiques et les acteurs humanitaires sont tous préoccupés. J’ai eu l’occasion de rencontrer les autorités publiques et les collègues des agences du système des Nations Unies pour faire le point sur le dispositif d’accueil et de prise en charge d’un afflux éventuels de populations réfugiées en provenance d’Ethiopie. Je dois dire que le plan de contingence ainsi que le mécanisme de coordination et de répartitions des rôles et des tâches sont bien avancés, conformément au modèle de coordination de la situation des réfugiés. J’ai néanmoins mis l’accent sur l’absolue nécessité d’accélérer les préparatifs en raison de l’incertitude et la volatilité de la situation qui prévaut en Ethiopie, notamment en région Tigréenne. Bien qu’il n’y ait pas encore de conséquences majeures dans l’immédiat, il faut se préparer à l’éventualité que la crise s’accentue en prenant plus d’ampleur et en se prolongeant dans le temps, voire même en se transformant en guerre civile intercommunautaire et interethnique. Auquel cas, il n’est pas invraisemblable que des afflux de populations fuyant les combats se présentent aux frontières de Djibouti. D’ores et déjà, nous constatons qu’un certain nombre de migrants désireux de rentrer chez eux dans le cadre du programme de retour volontaires se retrouvent bloqués à Djibouti, de peur de s’exposer à d’éventuelles violences communautaires en traversant des territoires hostiles avant de regagner leurs terres d’origines. Les autorités publiques demeurent vigilantes et travaillent avec le HCR et les acteurs humanitaires à la sensibilisation pour une cohabitation pacifique des communautés refugiées éthiopiennes dans les sites afin de parer à tous débordements possibles. Nous sommes donc devant une série de scénarii possibles quant à l’issue de ce conflit très complexe avec des ramifications et des implications plutôt vastes.  Bien entendu, nous espérons le meilleur, mais il faut se préparer au pire également.»

MAS