La crise sanitaire et les mesures de confinement ont conduit le MENFOP à fermer les établissements scolaires. Tant et si bien que le ministre a lancé une opération inédite de diffusion des cours à la télévision et à la radio, en mettant en place un système de téléenseignement généralisé à travers des plateformes numériques. « Tout a été mis en œuvre  pour assurer la continuité des enseignements et apprentissages jusqu’à la fin de l’année scolaire », selon M. Said Mohamed Barkad, Directeur de la communication du CRIPEN. Le haut responsable a bien voulu nous présenter dans les grandes largeurs ce dispositif colossal et inédit. Entretien.

La Nation : Les cours télévisés à grande échelle et le téléenseignement à travers les plateformes numériques sont une expérience inédite pour le MENFOP. Dans quelles conditions ce dispositif assez lourd a été mis en place ?

Said Mohamed Barkad : Merci pour votre question qui permet de mesurer la portée et l’importance de cette mesure inédite décidée dans l’urgence. En temps ordinaire, le CRIPEN assure quelques cours télévisés pour aider les élèves en classes d’examen chaque année. Mais là, il s’agissait d’assurer des classes entières pendant plusieurs mois à la télévision. Et laissez-moi vous dire que c’est une autre paire de manche ! Il faut d’abord souligner que le ministre, M. Moustapha Mohamed Mahamoud, a décidé de se donner les moyens de cette nouvelle ambition qui devait être à la hauteur du défi. Aussi, il a mobilisé et mis à contribution l’ensemble de compétences et des moyens du département. Une commission ad hoc composée des hauts cadres et responsables du MENFOP, dont notamment les Directeurs généraux du CFEEF, du CRIPEN, les inspecteurs généraux de l’enseignement général et l’enseignement technique et la formation professionnelle ainsi que le directeur de la communication. Cette commission a défini un cadre conceptuel pour la mise en place et la diffusion quotidienne de cours scolaires et de contenus éducatifs télévisés. Ces contenus  se composent de cours télévisés conçu pour tous les niveaux (de la 1ère année à la Terminale), des cours diffusés via la radio pour les écoles rurales, des contenus éducatifs et ludiques accompagnant les cours classiques et enfin des contenus complémentaires ciblant des domaines, des thématiques ou permettant d’approfondir des notions sous formes de documentaires, d’émissions littéraires ou culturelles, etc. Ces cours qui sont diffusés à longueur de journée passent en boucle sur la chaine éducative du MENFOP gérée par le CRIPEN sur les antennes de la RTD. Des rediffusions à des horaires fixes sur différentes chaines éducatives sont prévues par ordre d’enseignement aussi.

Qu’en est-il du E-Learning ?

Le E-Learning ou Télé-enseignement est le second volet qui est tout aussi important que les cours télévisés. Il faut d’abord souligner que les cours scolaires et les contenus éducatifs mais aussi des tutoriels sont diffusés sur Youtube. Mieux encore, les Cours et contenus éducatifs sont accessibles sur les plateformes Moodle et sur le Cloud. Il s’agit de contenus bruts tels que des textes sous format Word et des Powerpoint qui sont disponibles sur les plateformes du CFEEF, du CRIPEN et le Cloud du CRIPEN. Par souci d’efficacité, les contenus sont répartis selon le public cible. Ainsi, les élèves des classes de terminales ainsi que tous les lycéens peuvent retrouver les cours et les contenus sur la plateforme Moodle du CFEEF. Les élèves des classes de 9ème Année et les collégiens en général sont servis sur la plateforme Moodle du CRIPEN.

Comment se font les choses du point de vue technique ?

La technique est la partie la plus difficile puisqu’il a fallu mobiliser les équipes de la Radio et Télévision scolaire qui ont assuré le tournage des cours télévisés. Ainsi, les cadreurs, réalisateurs et les monteurs ont travaillé à raison de 14 à 15 heures par jour pour assurer la production de plus de 28 séances de cours télévisés allant de la 1ère année à la Terminale. Pour ce faire, il a fallu monter en toute hâte des studios télévisés en plus de celui du CRIPEN. Nous en avons montés plusieurs dans les bureaux inoccupés du CRIPEN,. Nous avons paré à l’urgence et pris toutes les dispositions nécessaires pour réaliser, filmer, monter et diffuser la trentaine de séances de cours télévisés sur les antennes de la RTD chaque jour.. Les équipes techniques ont travaillé d’arrache pied pour que l’on puisse avoir en stock les cours enregistrés la veille de leur diffusion et respecter ainsi le planning de diffusion très serré. Nous avons donc mis sur pied des plateaux techniques  pour la réalisation ainsi que des tables de montages supplémentaires. Le travail de mobilisation de jeunes cadreurs s’est accompagné d’une formation accélérée pour maitriser les nouveaux outils de tournage  et de montage. C’est un fabuleux investissement qui a été engagé pour parvenir à être à la hauteur de cet énorme défi. J’aimerais souligner que les tableaux blancs des Smart Class Room ont été très utiles pour les cours en téléenseignement qui ont alimenté les plateformes Moodle du CRIPEN et du CFEEF. Nous avons mis en place trois studios de tournage au LIC destiné exclusivement aux classes scientifiques ainsi qu’à l’enseignement technique et professionnel. Tout cela pour vous dire que le MENFOP a renforcé les moyens matériels à notre disposition pour assurer ce travail de fourmi. J’aimerais ajouter à cela que le MENFOP a tenu au strict respect des mesures barrières pour garantir la sécurité sanitaire des jeunes techniciens mais aussi les enseignements et les encadreurs pédagogiques mobilisés. Des masques et des gants mais aussi des solutions hydro alcoolique ont été distribués et des équipes des services d’hygiène et de santé ont assuré la désinfection de nos locaux et nos matériels et équipements à raison de trois ou quatre fois par semaine.

Tout ceci nous a permis d’accélérer le chantier de création de la chaine éducative, un projet qui est dans les tuyaux depuis un moment. Une volonté institutionnelle est à l’origine de ce fabuleux mouvement et cette machine qui tourne aujourd’hui à plein régime et qui montre combien nous sommes capables de tenir une chaine éducative aussi bien à la télévision qu’à la radiodiffusion. Je dois rappeler que la radio scolaire éducative a assuré les cours destinés aux élèves des régions de l’intérieur.

Propos recueillis par MAS