Le continent africain possède un potentiel prometteur, mais malheureusement certaines faiblesses peuvent l’empêcher de jouer un rôle plus important dans la mondialisation.

Les caractéristiques de la mondialisation

– Le développement des échanges commerciaux et des flux financiers internationaux.

Le commerce international se développe. Le volume des exportations mondiales ne cesse d’augmenter. Alors que le volume des exportations mondiales était estimé à moins de 5000 millions de dollars en 1980, il avoisinait désormais les 30 000 millions de dollars en 2018. On observe dans cette période l’essor considérable de l’Asie dans le commerce international.

Le développement du commerce international s’accompagne d’une expansion des flux financiers internationaux.  Les flux d’IDE (investissements directs étrangers) entrants dans le monde sont inférieurs à 200 000 millions de dollars en 1980, ils approchent les 2000 000 millions de dollars en 2016 (soit 10 fois plus). L’augmentation importante des flux financiers permet un accès plus facile aux financements. Ce qui permet aux entreprises d’investir plus et notamment à l’étranger.

– Le progrès technique et la course à la productivité.

L’apparition des containers, l’utilisation d’une énergie abondante et bon marché (pétrole), le développement d’internet sont autant de progrès qui accroissent le développement de la mondialisation économique.

La mondialisation est marquée aussi par la course à la productivité. Les méthodes de travail sont adaptées pour dégager le maximum de gains de productivité. En France, Allemagne, Royaume-Uni et aux Etats-Unis, la productivité a été multiplié par 2 voire par 3 entre 1970 et 2014.

– Les dépendances et les interdépendances.

Dans le cadre de la mondialisation et du développement des échanges, chaque pays a tendance à se spécialiser dans le secteur où il est le plus performant et donc compétitif à l’exportation et de réduire ou d’abandonner d’autres secteurs (donc importer). Cela crée des dépendances et des interdépendances entre les économies. Pour le meilleur (création de la CECA, Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) et pour le pire (choc pétrolier dans les années 1970).

– La mondialisation accroit les inégalités et a des conséquences néfastes sur l’environnement

Dans un pays donné, seule une minorité profite pleinement et parfois de manière considérable des retombées de la mondialisation. Les plus modestes en récoltent très peu les fruits.

D’un pays à un autre aussi la mondialisation amplifie les inégalités. Les pays restés en dehors de la mondialisation s’appauvrissent comparé aux pays développés et pays émergents d’Asie.

Par ailleurs, plus de déchets, plus de pollution et plus de rejets de gaz à effet de serre sont les conséquences de l’augmentation des activités économiques dans le cadre de la mondialisation. Par exemple les émissions de CO2 de la Chine entre 1970 et 2014 sont passées d’une valeur inférieure à 50 en 1974 (sur un indice de base 100 en 1990) à une valeur proche de 450 (soit multiplié par 9). Globalement les émissions de CO2 ont été multipliées par 3 dans le monde dans cette période.

L’Afrique dans la mondialisation

Les forces de l’Afrique dans la mondialisation

Le XXI ème siècle peut être celui de l’affirmation du continent africain. Plusieurs éléments montrent que l’Afrique peut réussir son décollage dans le cadre de la mondialisation.

D’une part, le continent africain est riche en ressources naturelles. La hausse de la croissance économique mondiale dans le cadre de la mondialisation entraîne une forte demande en matières premières. L’Afrique tire profit de l’exploitation bien sûr des hydrocarbures, mais aussi des métaux et des produits agricoles. L’exportation de ses matières premières a porté la croissance du continent durant ses 20 dernières années.

D’autre part, l’Afrique commence à intéresser les investisseurs étrangers. Les investissements directs étrangers (IDE) à destination du continent ont beaucoup progressé depuis 2010. La Chine investit massivement dans certains pays africains dans le cadre de son projet One Road, One Belt (OBOR). Le continent africain capte donc ainsi une partie des flux financiers internationaux. Ces IDE permettent pour le moment de construire des infrastructures indispensables pour les économies africaines.

Enfin, l’Afrique noue des accords interrégionaux comme par exemple les accords Afrique-Caraïbes-Pacifique ou les accords Afrique-Amérique du Sud. Se développent également sur le continent africain des communautés économiques régionales (par exemple la CEDEAO) qui ont pour objectif de favoriser les échanges commerciaux.

L’Afrique peut donc s’appuyer sur ses ressources, son attractivité et sa capacité d’intégration économique pour entrer de plein pied dans la mondialisation et peut être connaitre un essor au XXI ème siècle.

Cependant, le continent africain accumule des faiblesses qui constituent un sérieux handicap dans le cadre d’une économie mondialisé.

Les faiblesses structurelles de l’Afrique

Ces faiblesses handicapent sérieusement le continent qui risque malheureusement de rester à la traîne dans la mondialisation.

Primo, le continent africain n’exporte principalement que des matières premières. Ce qui expose l’économie du continent aux fluctuations des prix du marché. Les économies des pays africains ne sont pas assez diversifiées donc pas assez solides. Les activités manufacturières sont par exemple très limitées. Par conséquent, les importations du continent sont largement supérieures aux exportations. Ce qui ampute sérieusement les budgets des pays africains qui entrent alors dans un cycle de dette en période de difficulté financière.

Secundo, donc, les financements sont rares sur le continent. Les budgets de la plupart des pays africains sont limités et la part dédiée aux financements est faible. Si les chinois investissent (IDE) dans les infrastructures des pays africains concernés par le projet de la nouvelle route de la soie (OBOR), ils investissent très peu dans les économies locales. D’une manière générale, le continent africain est celui qui attire le moins les investisseurs.

Tertio, l’Afrique n’offre pas un climat propice et un environnement adéquat qui rassure les investisseurs. Beaucoup de pays font face à des problèmes de gouvernance. Les cadres institutionnels et juridiques des pays ont besoin d’être renforcés. Et, certains sont même instables politiquement (République démocratique du Congo, Burundi, Soudan), et d’autres connaissent une situation de conflit ou de chaos (Soudan du Sud, Somalie, Libye).

Si le continent africain réussi à surmonter ces obstacles, il est probable qu’il connaisse le même essor que l’Asie.

Abdallah Hersi

Analyste en stratégie internationale